2600 milles à bord du White Shark 237, une incroyable croisière entre Mer Rouge et Méditerranée

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Written By Sophie Ledont

Rédactrice passionnée qui a vécu dans plus de 25 pays toujours à la recherche de la dernière information.

« C’est un grand plaisir d’avoir réalisé ce projet. C’était plus compliqué que je ne l’imaginais, mais aussi beaucoup plus beau et incroyable que mes rêves les plus fous ! » Bertrand vient de parcourir 2600 milles sur son day cruiser de 7m. Il a une confiance absolue en son bateau et planifie déjà de futurs projets, toujours à bord.

Départ d’Aqaba en Jordanie

Départ d'Aqaba en Jordanie

Pour ce « voyage », il fait livrer son bateau par fret à Aqaba en Jordanie. Les premières difficultés commencent avec le dédouanement du bateau, qui reste bloqué pendant une semaine. Faute de connaissance, il sera juste tombé à la fin du ramadan, auquel s’ajoutent les jours fériés suivants et un vendredi. Ce n’est qu’après 6 jours (pendant lesquels il a fait le tour de la région dont le site de la Mer Morte et Petra) que Bertrand et son coéquipier (Alberto, un ami italien) se sont lancés dans l’aventure. .

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Entre mer et désert

Entre mer et désert

La première étape se déroule dans le golfe d’Aqaba. Une croisière côtière avec une mer d’huile où les 2 côtes très proches encadrent le sillage le long du désert du Sinaï. L’escale se fera à Sharm el Sheikh (Egypte). Juste avant, le détroit de Tiran (entre la terre et l’île du même nom), étroit, peu profond et soumis au courant, soulève de grandes marmites.

Le lendemain, nous remontons la mer Rouge jusqu’à Suez, à l’entrée du canal. Pour une fois, des amis dorment à bord pour partir au lever du jour. En effet, le parcours sur cette étape est long : 175 m.Mais si vous naviguez tôt le matin et évitez l’après-midi, la navigation est agréable avec des vitesses moyennes élevées, souvent supérieures à 25 nœuds.

Le contact avec les Egyptiens n’est pas agréable, explique Bertrand. Contrairement aux Jordaniens, vous devez payer un pot-de-vin pour tout. Bertrand profite de cette escale (qui durera 3 jours) pour visiter les pyramides.

Incroyable Canal de Suez

Incroyable Canal de Suez

Pour le passage du canal de Suez il devra prendre un pilote. Le canal dure 2 jours avec une escale à Ismaïlia avant d’arriver à Port-Saïd en Méditerranée. Cette traversée reste un souvenir extraordinaire pour Bertrand. « Dans le canal on a l’impression d’être dans un livre d’histoire, dans un livre technique tant les ouvrages et bateaux qui sont traversés sont impressionnants, mais aussi dans un livre militaire. Bertrand ne se lasse pas de voir défiler les structures pharaoniques des ponts et chaussées, ou les cathédrales flottantes, souvent hautes de plus de 50 m, chargées de conteneurs.

Lors de l’escale à Ismaïlia, ils rencontrent le directeur du Yacht-Club du Canal de Suez, qui s’est engagé à développer le tourisme sur le canal. Une belle soirée d’échange dans ce yacht club hors du temps et de la géographie.

Emprisonnés à Tel-Aviv !

Emprisonnés à Tel-Aviv !

L’étape entre Port-Saïd et Tel-Aviv sera la plus humide du parcours. En effet le bateau rencontre 1m de houle 3/4 arrière qui le ralentit et asperge abondamment l’équipage. L’arrivée à Tel-Aviv a failli mal tourner. Malheureusement, la Marine ne répond pas aux appels des marins qui veulent entrer dans le port. Ils apprennent plus tard que les autorités recherchent deux terroristes qui viennent de commettre un attentat à la hache… L’entrée dans le pays passera par une nuit au commissariat, qui heureusement se termine sans plainte. Malgré cet accueil froid, l’équipage en profite pour visiter Jérusalem. Encore un nouveau coup de poing visuel pour Bertrand.

Du gasoil sale qui bouche les durites

Du gasoil sale qui bouche les durites

Désormais, les 200 milles qui les séparent de Chypre seront les plus durs. La météo n’est pas clémente et l’alimentation en carburant du moteur semble interrompue. Le diesel acheté en Egypte et en Israël était sale. Il a bloqué la sortie du réservoir, obligeant l’équipage à souffler dans le tuyau pour le dégager. Cette opération se déroule en pleine mer, à 100 milles de toute côte. Heureusement, Bertrand avait un téléphone satellite avec lui, qu’il utilisera pour faire un diagnostic sur son site de Saint-Malo. Depuis ce bout de campagne française, la solution est trouvée et le voyage a pu se poursuivre sans encombre. Aujourd’hui, Bertrand roulait avec un entonnoir à grille pour pré-filtrer le carburant lors du plein.

Après Chypre, il y aura un départ vers la Grèce en évitant la Turquie. Un peu refroidi par l’épisode israélien, Bertrand pense qu’il est préférable d’éviter la Turquie et d’aller directement dans un pays européen.

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Des escales de rêve qui se suivent

L’escale se fera sur l’île de Kastellorizo. C’est l’île la plus à l’est de la Grèce, à un peu plus d’un mile de la côte turque. Cette escale sera l’occasion d’enfourcher un scooter pour la visiter. Découvrez un vrai bijou…

Les escales en Grèce se succèdent : Rhodes, Nissiros, Paros… Certaines ne se laissent pas approcher, comme Amorgos, où les vents violents vous empêchent d’entrer dans le port. D’autres laissent des souvenirs comme le Canal Antiparos-Paros approché par le sud, un moment magique.

A Paros, Bertrand est surpris d’apprendre que le canal de Corinthe est toujours fermé en raison de travaux. Il faut donc faire le tour du Péloponnèse pour se rendre en Italie. Heureusement la météo se maintient et ce détour se fait toujours avec soif de découverte.

Le cap vers l’Italie se prend dans la plaine de l’île de Corfou après avoir visité Zakynthos où l’accueil des locaux est toujours aussi charmant. Bertrand et son ami traversent la mer Adriatique en direction de Santa Maria di Leuca. Puis ce sera Gallipoli (avec une escale de 2 jours pour visiter la Calabre), puis Roccela Ionica où la mer offre une nuance de bleu et enfin arriver près du détroit de Messine avec la découverte du majestueux Etna.

C’est la présence des migrants, visible dans tous les ports du sud de l’Italie, qui marquera le plus Bertrand. Bateaux, campements… autant de preuves de ce besoin humain qui atteint nos côtes.

La suite en solitaire

En Sicile, Bertrand veut s’arrêter à Syracuse et surtout parcourir l’île par le sud. Il le fera, mais cette fois seul car son ami doit débarquer. De Marzamemi, il traverse le cap le plus méridional de l’Italie, encore plus au sud que Tunis ! Le long de la côte, vers Trapani, il est surpris par le brouillard.

Pour la traversée vers la Sardaigne, un long voyage de 160 milles, il engage un copilote. Départ à 4h du matin, car la météo prévoit un peu de vent pour l’après-midi, ils effectueront le parcours à 9h et arriveront à Porto Corallo à 13h. Malgré les 12 à 15 nœuds de vent, la mer n’a monté que les 2/3 du cap pendant 1h. Une bonne journée de repos s’impose après cette longue navigation.

Bertrand navigue à nouveau en solitaire le long de la côte est de la Sardaigne jusqu’en Corse. Il slalome entre les magnifiques îles de la Maddalena et traverse les Bouches de Bonifacio, rencontrant de fortes houles. Toute la côte ouest de la Corse jusqu’à Calvi est engloutie en une journée. Ce sera le seul jour sans ciel bleu, avec même un peu de pluie au début. En Corse, Bertrand apprend qu’il vient de devenir grand-père pour la première fois. Alors il accélère un peu le rythme.

Baleines au large !

Le départ de Calvi se fait en pleine nuit à 3h du matin. Route vers l’Ile du Levant. Après avoir rencontré des baleines, il arrive à Sanary-sur-Mer dans l’après-midi. Ensuite, ce sera la dernière étape à Marseille. Aujourd’hui, nous sommes le 27 mai 2022.

2600 milles et 130 h de moteur

Le 2 mai, Bertrand a quitté cet incroyable périple en 25 jours (pauses et visites comprises). 2600 miles et environ 130 heures d’utilisation. Le moteur inboard Nanni Diesel 270 ch Z-Drive n’a posé aucun problème. La fiabilité de ce bloc cylindres Toyota 4 a prouvé sa robustesse. Lors de la traversée vers Chypre, il a tourné à 1200 tr/min pendant 12 sans rechigner.

Au total, Bertrand n’avait avec lui que 3 pièces de rechange : un filtre à huile, un préfiltre à gasoil et un filtre à gasoil. Il a fait tout le trajet (130 heures moteur) sans vidanger l’huile. Sa seule intervention fut de remplir l’embase d’un peu d’huile en Sicile.

Concernant la météo, Bertrand avait choisi cette période en mai, qui est connue pour offrir un climat méditerranéen sans vent. Et cela s’est réalisé, à cause des 22 jours de mer, le marin n’a dû survivre que 2 jours de vent.

Pour plus de confort, l’équipage s’arrêtait tous les jours dans les ports et louait une chambre d’hôtel pour une bonne nuit de sommeil. Ils n’ont fait aucune réservation ni pour la couchette ni pour les hôtels, car cette période du mois de mai n’était pas trop active.

Consommation raisonnable

Après cette expérience, il pense que 5 à 6 heures de navigation par jour est le bon rythme. Sans pilote automatique, il ne pouvait pas lâcher le volant (sauf au-dessus de 30, où le bateau devient stable). Pendant toutes les navigations, il devait rester debout. En effet, sa vitesse de croisière était comprise entre 25 et 33 N lorsque la mer le permettait. Côté consommation, le marin a pu valider un peu plus d’1 litre/mile entre 25 et 28N et 1,5 litre/mile à 33N. Au final, l’aventure aura consommé environ 3 000 litres de diesel.

A peine arrivé à terre, Bertrand a déjà de nouveaux projets. Mais d’abord il veut revenir plus longtemps dans 2 endroits qu’il affectionne particulièrement : la Grèce et la Sardaigne…