Le « Wonder of the Seas », géant des mers, a été empêché pendant une bonne heure d’accoster dans le port de Marseille par des militants du collectif Stop Cruises stationnés dans les canoës.
Quelques maigres embarcations de fortune face à un géant des mers. Ce mardi matin, pendant une heure et demie, les abords du port de Marseille ont ressemblé à des batailles de David contre Goliath. Une vingtaine de militants du collectif Stop Croisières ont tenté, en pirogue, d’empêcher l’accès de la ville au Wonder of the Seas, le plus grand paquebot du monde. Accrochées à une citerne d’eau flottante, une dizaine de bateaux avaient été postés dès 7h30 à l’entrée du port de croisière pour bloquer le navire, avant l’intervention de la gendarmerie maritime.
Sur leurs réseaux sociaux, les militants justifient leur action par le danger pour la santé causé par le mazout et les polluants qu’il dégage, « provoquant cancers, maladies, asthme, allergies responsables du décès prématuré de 50 000 à 60 000 personnes par an en Europe ». Mais aussi de la destruction des écosystèmes marins dont les navires de croisière sont en partie responsables, et du fait que « les navires naviguent sous pavillons de paradis fiscaux et échappent aux contraintes réglementaires en s’installant dans plus de pays », pouvant ainsi travailler à bord « précaire sans garanties sur les salaires et les heures « .
20 % des émissions maritimes dues aux croisières
Tous les militants appellent à « une action concrète face à cette industrie de la croisière » et à la pollution de l’air qu’elle engendre, notamment dans les quartiers nord de Marseille qui bordent le port, dénonce un membre du collectif qui a organisé cette action avec le mouvement Extinction Rebellion : « Non on a plus envie de voir la Merveille des mers dans le port de Marseille ». Samedi, une centaine de personnes avaient déjà manifesté dans la ville de Marseille pour signaler la pollution de l’air, qui entraînerait environ 2 500 décès prématurés chaque année. Selon l’organisme AtmoSud, dans la deuxième ville de France, les émissions d’oxydes d’azote d’origine marine – dont 20 % sont dues aux navires de croisière – ont dépassé les émissions routières en 2018.
Le Wonder of the Seas a finalement pu accoster vers 9h30, soit une heure plus tard que l’escale prévue dans la journée, explique un porte-parole du Grand Port Maritime de Marseille. Selon le site marinetraffic.com, le bateau de 362 mètres de Royal Caribbean est désormais de facto à quai, tout comme le MSC Orchestra, du groupe italo-suisse Mediterranean Shipping Company, également temporairement bloqué par l’action matinale.