A Saint-Nazaire, MSC inaugure en grande pompe son nouveau…

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Written By Sophie Ledont

Rédactrice passionnée qui a vécu dans plus de 25 pays toujours à la recherche de la dernière information.

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le 25/10/2022 à 14:56, Mis à jour le 25/10/2022 à 19:53

DOSSIER – Lundi, les chantiers navals de l’Atlantique ont confié à la société italo-suisse MSC les clés de leur nouveau paquebot. Un navire de 300 mètres de long qui se veut pourtant moins pollué que les autres. Le français n’est pas impossible !

De notre envoyé spécial à Saint-Nazaire

Qui dit pluvieux dit heureux. Si le dicton s’applique également aux baptêmes, grand devrait être le bonheur de World Europa. C’est sous une pluie battante – alors chassée par un soleil radieux – que les chantiers navals de l’Atlantique de Saint-Nazaire ont confié les clés de son nouveau navire aux paquebots de croisière de l’armateur MSC ce lundi 24 octobre. Fruit de deux ans de travail, ce beau bébé de 205 000 tonnes, 330 mètres et 2 600 cabines a, comme le veut la tradition, été consacré par un prêtre à grands becs d’eau bénite. « Parce que bénir un navire, c’est bénir un équipage qui connaît les dangers de la mer. Seigneur, nous implorons ta miséricorde sur ce navire. » Avant une onction plus prosaïque mais tout aussi théâtrale : au champagne.

« 5, 4, 3, 2, 1 ». Encouragée par le décompte scandé par la foule, Ella Aponte, belle-fille du fondateur de MSC, coupe d’un coup sec le ruban retenant le Jéroboam (ressemblant à une réséda) contre le corps du mastodonte. Des clameurs dans le public, noyées par une bande-son à l’italienne kitsch – les voix d’un duo de chanteurs d’opéra sur Con te Partiro. En partant, le géant des mers le fera mercredi. Direction Doha, au Qatar, où il servira d’hôtel flottant pendant la Coupe du monde. Avec ses 21 étages, ses sept piscines et son toboggan en acier permettant de dévaler onze étages à la vitesse de l’éclair, le MSC World Europa est certainement l’un des plus grands paquebots de croisière au monde. C’est aussi l’un des plus avancés dans la réduction des émissions polluantes. Selon la compagnie, c’est même le « moins émissif, par passager, au monde ».

GNL et pile à combustible

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Ses cinq moteurs multi-carburants lui permettent de rouler alternativement au fioul ou au gaz naturel liquéfié (GNL) – le carburant le plus propre à ce jour. En conséquence, 25 % de CO² en moins, 85 % d’émissions d’oxyde d’azote en moins et les émissions d’oxyde de soufre sont presque tombées à zéro (-99 %). Le navire embarque également une pile à combustible qui fournit 20 % de son électricité à l’arrêt.

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Car le secteur le sait, à l’heure du changement climatique et du « cruise bashing », il est attendu en ce moment. En plus de signer une « Charte bleue » les engageant à protéger la Méditerranée, les grandes entreprises se sont mises d’accord sur un objectif : « zéro émission nette » d’ici 2050. Pour y parvenir, elles investissent énormément, sans croire au remède miracle. Liaison montante ? En effet, encore faut-il que les ports soient équipés (ce n’est le cas nulle part en France). GNL ? Il existe un litige à cause des fuites de méthane qui peuvent survenir lors de son transport. Selon certaines études, ceux-ci peuvent même être plus nocifs que les émissions de CO² qu’ils sont censés réduire… de l’hydrogène vert ? Idéalement mais pour l’instant, on ne peut pas produire assez – « 3 kilos par jour quand il faudrait 40 tonnes », estime Henri Doyer, directeur des programmes MSC aux Chantiers de l’Atlantique.

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En 1822, le premier bateau à vapeur est lancé sur la Loire. Deux cents ans plus tard, on tourne une nouvelle page

Un autre danger et non des moindres a été mis en lumière lors de ce lancement en grande pompe : la crise énergétique. Faire le plein d’essence en 2022, est-ce réaliste ? Le propriétaire du navire lui assure qu’il a stocké au cours des deux dernières années. Cependant, si les tensions persistaient, une augmentation des coûts serait à prévoir. En attendant ces heures sombres, l’ambiance était à la fête ce lundi. « En 1822, le premier bateau à vapeur est lancé sur la Loire. Deux cents ans plus tard, on tourne une nouvelle page », s’est réjoui Laurent Castaing, directeur général des sites. Avant de « transférer la propriété » du navire, pour utiliser la formule établie, à MSC.

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