Le pied à peine sur le sol ivoirien, il y a fort à parier que c’est depuis le Pont Général de Gaulle que vous prendrez la dimension de la capitale économique de la Côte d’Ivoire. La vue depuis cet immeuble qui relie Treichville au Plateau est encore plus impressionnante la nuit et permet déjà d’appréhender le rythme que va vous imposer Abidjan. Votre taxi glisse sur le pont et, devant vous, le quartier de l’Altiplà se détache en échancrures lumineuses sur le ciel sombre. Des néons publicitaires, installés sur les toits des immeubles de bureaux face au lagon, renforcent l’impression conjuguée de force et de douceur qui se dégage au premier regard. Ce paradoxe peut être compris en plongeant dans la réalité de cette agglomération multicommunale de 6 millions d’habitants affectueusement surnommée Babi. En effet, tout nouvel arrivant pour un court séjour ressentira une douceur de vivre facilement palpable. Comme un petit miracle, vous serez imprégné très facilement par la chaleur et la qualité de l’accueil des Ivoiriens. Malgré les difficultés qui obligent la population, comme partout, à réduire considérablement son train de vie, la Côte d’Ivoire conserve un dynamisme illustré par sa croissance de 7% en 2021, mais réduite à 5,7% en 2022.
Une ville qui bouge
De nouveaux hôtels, restaurants, lieux de loisirs et de culture dans la galaxie de l’art de vivre ivoirien confirment le dynamisme du secteur et le pas vers une plus grande rapidité dans son développement. Mais Abidjan peut vite donner le tournis. Elle est devenue la capitale de l’Afrique de l’Ouest vers laquelle affluent les diasporas, attirées par le retour au pays, les voisins de la sous-région en quête d’une vie meilleure, les armées de cadres réfugiés dans les halls d’hôtels en quête d’opportunités. . C’est une destination incontournable et a l’appel de la CAN en janvier 2024 pour s’ancrer davantage comme un nouvel emblème de l’art de vivre ouest-africain. Comme toute ville bourdonnante d’initiatives et de créations, quelques références s’imposent.
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Un rallye hôtelier de tout premier choix
Le Sofitel Ivoire, à côté du lagon dans le quartier de Cocody, est le principal point de repère d’Abidjan. Sans lever les yeux, vous apercevrez sa tour qui ressemble à une grande cheminée de navire. Parmi les critères nécessaires pour juger de la qualité d’une maison comme Ivoire, on peut préserver le rapport à l’espace et le bien-être offert par l’établissement.
Depuis le hall d’entrée dans un grand espace ouvert, sous une belle hauteur sous plafond et devant une grande fenêtre, on pénètre dans un grand hôtel inscrit dans l’histoire et la mémoire de la Côte d’Ivoire. Si ses murs pouvaient parler, quelles négociations, quelles histoires raconteraient-ils ? Combien de secrets révéleraient-ils ? Le volume des lieux offre l’opportunité à la lumière de caresser le mobilier Art Déco, de pénétrer doucement les lieux et de se poser comme un trait d’union d’un vaste ensemble. Une brasserie, un restaurant gastronomique, des snacks, une galerie marchande, un cinéma, un centre de congrès, des salles de conférence, un spa, des sports, etc. On peut y vivre sans sortir, ce qui, dit entre nous, serait dommage, tant Abidjan regorge de curiosités inspirantes et joyeuses. Avec son Palais des Congrès bouillonnant, le complexe a des atouts, à condition que le doyen du secteur se réinvente pour faire face à la rude concurrence d’un trio qu’il forme avec Le Noom et Le Mövenpick.
Situé au cœur du quartier du Plateau, le Mövenpick offre tout le confort de son niveau de qualité, un service irréprochable, des chambres au décor africain résolument contemporain, et sans ostentation.
L’Executive Service Experience vous offre des chambres de qualité supérieure aux étages supérieurs et l’accès à un salon privé où le petit-déjeuner est servi. La présence à proximité immédiate du restaurant italien Gina et d’une boutique Zino renforce la qualité de l’établissement. L’endroit est tellement agréable que l’on regrette l’absence de piscine et de spa.
L’emballage chez Noom affirmera votre goût pour le confort et l’élégance. Il se distingue par sa pureté et son luxe décontracté.
On sent le travail de Yerim Sow, sa propriétaire, qui l’a conçu avec une touche personnelle où splendeur et simplicité, culture et architecture se mêlent. Le bien-être se vit dans les petits détails qui marquent son originalité : la séparation de la réception, du bar et de la salle à manger offre une apparence de modernité. L’accès direct à la plus belle vue d’Abidjan depuis une terrasse ouverte sur le lagon donne l’impression d’une immersion totale dans l’environnement entre les quartiers du Plateau et de Cocody, sensation plus impressionnante la nuit depuis le bar lounge du 21ème étage, avec une vue panoramique exceptionnelle. Le Noom et le Mövenpick partagent sans contexte l’une des meilleures prestations hôtelières et l’atmosphère de sérénité est rassurante pour les grands voyageurs.
Portée par le développement des affaires, l’essor du tourisme et les retours réguliers de la diaspora, l’hôtellerie 5 étoiles connaît un dynamisme renouvelé et agréable avec la Maison Palmier, dernier-né de cette gamme. Il dispose de chambres confortables, spacieuses et lumineuses.
Les meubles, le bois patiné et les tissus de velours ajoutent un charme feutré. Le cœur de la propriété est le bar et le restaurant aux contrastes de couleurs élégants et reliés par de charmantes allées vertes aux neuf bâtiments du complexe immobilier. La Maison Palmier peut s’imposer comme une référence pérenne, à condition de choisir ses priorités : garantir sérénité et tranquillité aux clients de l’hôtel ou devenir un espace festif incontournable pour la population abidjanaise.
La Villa Mobutu et l’Hôtel Particulier sont emblématiques de toutes ces maisons qui ne se veulent pas de simples marchands de sommeil et se distinguent par leur originalité et leur personnalité.
La Villa Mobutu, également appelée Palais WIA, située en face de l’Hôtel Ivoire et inaugurée l’an dernier, peut devenir une référence pour une clientèle en quête de perfection et d’excellence. Cette demeure, ainsi nommée car offerte par Félix Houphouët-Boigny en 1969 au président du Zaïre, a retrouvé des couleurs grâce à Abdul Hussein Beydoun. Le riche homme d’affaires libanais a acheté cette maison délabrée et a supervisé sa rénovation pendant 5 ans. Il en a fait un hôtel de 9 suites. L’agencement des espaces dès l’entrée dans la propriété évoque le luxe. Elles sont empreintes d’un style majestueux avec des matériaux nobles et des meubles sur mesure réclamés par une clientèle avertie pouvant débourser entre 300 000 et 2 millions de francs CFA pour la Suite Présidentielle Houphouët-Boigny. La Villa Mobutu offre plusieurs caractéristiques spéciales, telles que chaque suite porte le nom d’un président africain historique. Selon votre budget, vous pourrez choisir de séjourner, en plus de la suite présidentielle, dans les suites de luxe aux noms symboliques de Modibo Keita, Yaméogo, Nkrumah, Senghor, Mobutu, Hailé Sélassié, Bongo et Mandela.
L’Hôtel Particulier est né de la passion de sa propriétaire, Colette Kacoutie, pour l’hôtellerie.
Ancienne demeure personnelle de la famille Diabaté, l’avocate a voulu réinventer sa maison, témoin de son enfance et intimement liée à son histoire. Il a repensé avec son frère, l’architecte Issa Diabaté, une demeure où vous ne trouverez pas de chambre identique et vous fera voyager avec 16 chambres et suites aux noms de capitales africaines. La décoration, aux tons doux et tendres, s’inspire de la culture et de la tradition de chacun d’eux. L’Hôtel Particulier, qui vient de fêter ses 10 ans, a été le premier à Abidjan à allier art de vivre et hébergement. Dès que l’on referme la lourde porte de la propriété située dans le vieux Cocody, on change de lieu, généreux en espace, à l’élégance raffinée. L’Hôtel Particulier a indéniablement une âme. Comme La Villa Mobutu, elle cultive la quiétude, la discrétion et vous promet un séjour sous le signe de la sérénité. Cette philosophie a été récompensée par le gouvernement ivoirien qui lui a décerné le titre de meilleur hébergement du pays lors de la cérémonie des Sublimes du Tourisme 2022 qui récompense les acteurs de l’écosystème touristique.
Gastronomie top en attente du méga +
Comme de nombreuses villes africaines, l’hôtellerie en Côte d’Ivoire dispose d’un large éventail de propositions. Il souffre cependant du cruel manque d’un établissement de type palace, de grand luxe, aux prestations exceptionnelles, pour répondre aux demandes d’une clientèle internationale aisée aux standards ultra exigeants. Aucun hôtel aujourd’hui en Côte d’Ivoire ne propose des prestations pouvant satisfaire les VVIP (personne très importante). De même, il manque aussi un restaurant de haute gastronomie et une cuisine très fine, d’un chef à l’habitude remarquable, capable d’attirer une clientèle prête à parcourir des milliers de kilomètres pour goûter sa cuisine. L’installation d’un grand siège à Abidjan, au niveau de Dieuveil Malonga par exemple, lui offrirait la possibilité d’entrer dans le milieu fermé des villes qui ont ce signe distinctif.
En attendant l’arrivée de la cuisine 3 étoiles à Abidjan, heureusement pour nous, on peut découvrir avec bonheur de belles maisons comme Kajazoma. A peine sortis de la circulation étouffante du boulevard des Martyrs et du taxi, vous franchissez une porte discrète, vous précipitez dans un petit chemin assez sombre avant de déboucher dans la douce lumière d’une charmante auberge. En prélude à votre repas sous une paillote ou au bord de la piscine, mettez-vous en appétit avec un apéritif servi dans le salon afro-chic joliment décoré. Kajazoma est devenu une institution pour le bien-être que l’on ressent et pour sa carte simple et bien choisie, qui vénère les bons produits d’influences européennes, ivoiriennes et camerounaises.
Vous passerez à table pour vous régaler sans trop de difficulté et repartirez si heureux que vous rentrerez sur la pointe des pieds à votre hôtel pour garder toutes les saveurs en bouche et de bons moments renouvelés à chaque visite.
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La tentation est souvent grande pour le nouvel arrivant à Abidjan pour affaires ou pour le plaisir de prendre tous ses repas à l’hôtel, influencé par des témoignages qui cherchent à rassurer et qui, exagérant certaines particularités, comparent les villes africaines à des zones de guerre. Comme partout dans le monde, il faut connaître les précautions à observer pour éviter les problèmes qui gâcheraient le séjour, mais sans tomber dans la paranoïa excessive. Si vous adoptez cette attitude en retrait, vous n’aurez aucune chance de découvrir les restaurants qui animent Abidjan, et ce serait vraiment dommage.
Ne vous fiez pas à la grande salle un peu impersonnelle du Saakan situé dans le quartier des affaires du Plateau. Ici, l’essentiel est dans l’assiette, avec une cuisine panafricaine qui réinvente les plats traditionnels pour une belle fusion. Non loin de là, vous trouverez dans la charmante et un peu désuète La Croisette une carte savamment conçue autour de la cuisine française. Ces deux adresses attirent une clientèle issue du monde politique et des affaires. Une population qui fréquente aussi Parenthèse et Grand Large en Zone 4. Parenthèse, découpée en plusieurs espaces, est à mi-chemin entre le bar à cocktails et le restaurant qui dialogue avec les influences internationales. Le Grand Large, avec des fruits de mer joliment emballés en accompagnement, ne néglige pas la viande pour ceux qui ont la dent carnivore. Vous succomberez sans doute aussi à la tentation de vous rendre chez Richard et Le Comptoir, les établissements de Richard Rousseau. Deux adresses où se côtoient jeunes sages et fêtards, politiciens en vue et influenceurs influents. Des lieux branchés, incontournables, où l’on déguste une charmante cuisine moderne, digne des meilleures brasseries parisiennes.
Les récentes ouvertures de Nama, qui revisite un concept de cuisine fusion japonaise avec des produits locaux, et de @Com chez soi et ses recettes de bistrots conviviaux montrent qu’Abidjan n’est pas prêt de renoncer à la diversité et à la bonne chère. .
Il vous faudra sortir des sentiers battus et un peu d’agilité pour trouver une adresse prisée, typiquement ivoirienne. La Menekré Legend, nichée dans le quartier Attoban, est une maison où il fait bon se laisser aller un moment. Vous y trouverez des plats simples, mais préparés avec soin. Vous glisserez vos pieds sous des tables préparées au moins pour boire une bière au cou – ou avec un verre – dans une belle ambiance musicale, parfois live. Vous y passerez de très bons moments de détente, comme au « Landing Stage », un restaurant de plein air au pied du Lagon, avec un panorama plus impressionnant la nuit.
Bars, vous avez dit bars ?
Vous cherchez un bar pour boire un verre entre amis ? Voici les deux incontournables du moment. Le Café Bushman est un lieu surprenant, à la fois adresse bohème avec sa déco tachetée, son agencement tordu, et haut lieu des jeunes Ivoiriens qui l’ont transformé en un lieu branché et festif. Cette maison hybride, cabinet de curiosités, abrite également un petit hôtel de 8 chambres, idéal pour les touristes qui préfèrent baroud.
Dans un tout autre genre, Le Mandjaro est l’adresse chic et tendance du moment sur le rooftop de l’Ivoire Trade Center. Les réservations sont indispensables pour accéder à ce club privé dédié aux amateurs de cigares et de belles bouteilles. Cette belle adresse sélecte au décor moderne s’enrichit d’un « talker » réservé aux membres. On aime le Mandjaro, un cocon à la lumière tamisée qui respire l’élégance casual chic et le bon goût.
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Il serait réducteur de limiter les atouts d’Abidjan aux seules activités de loisirs. C’est aussi une ville de culture qui compte dans son cœur artistique des institutions internationalement reconnues.
Abidjan, ville de culture
Prenez votre temps et suivez notre parcours pour découvrir des artistes établis, d’autres en développement, mais qui ont tous une vision si particulière de notre monde. En une demi-journée, dans le désordre, faites escale à la Fondation Donwahi, à la Rotonde des arts, aux galeries Cécile Fakhoury et LouiSimone Guirandou. Si vous avez un rapport assez distant avec l’art contemporain, ces moments peuvent être décisifs. Plus qu’une simple sortie, vous aurez de multiples occasions de ressentir une émotion qui naît au contact d’une œuvre et de tomber dans la passion partagée par une communauté de personnes transportées par des expériences uniques. Pour le compléter, il faut ajouter le MuCAT. Ce musée d’art contemporain a fait le choix de s’installer dans le quartier d’Abobo et s’attache à rapprocher les habitants de ce quartier populaire de la domestication des propositions artistiques. Il faut saluer ce grand effort de médiation culturelle, qui invite aussi les citoyens des quartiers de luxe à franchir le fil invisible qui les sépare d’Abobo. Cette initiative inhabituelle du MuCAT n’est pas seulement d’accueillir, mais aussi d’être honoré de votre visite.
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Si vous êtes plus dans l’art africain classique, vous devez aller à La Cava. Je comprends votre réticence à évoquer une visite au marché artisanal situé à Treichville. Vous craignez de devoir accélérer le rythme pour éviter les sollicitations des vendeurs et succombez à l’achat de souvenirs qui finiront dans votre cave. A moins d’aller directement à N’Fally Traoré. Le propriétaire du Grenadier Shop #2 a l’œil vif. Il possède des pièces de grande valeur façonnées par des artisans aux gestes talentueux. Monsieur Traoré est un honnête homme, comme on les appelait au XVIIIe siècle, d’une élégance physique, morale et intellectuelle. Il vous invitera dans sa boutique avec retenue et chaleur, toujours vêtu de vêtements neufs et d’un costume 3 pièces, pour vous faire découvrir ses pièces d’artisanat d’art. Il fera preuve de diligence avec une agilité impressionnante pour un homme de 96 ans. Oui! 96 ans
Mais quel est son secret de jeunesse pour paraître 30 ans plus jeune et faire preuve d’une incroyable sagesse ? Il vous regardera d’abord malicieusement, silencieusement, derrière ses deux yeux ronds cerise à l’évocation de son âge. Si vous prenez le temps de nous perdre, si vous vous adonnez à la discussion dans sa boutique, N’Fally Traoré vous racontera ses voyages autour du monde, la statuaire à travers l’histoire et de nombreuses anecdotes d’Abidjan, dont lui seul, a la secret. Il jugera dans cet échange si vous êtes digne de voir ses plus belles pièces, celles marquées par les morsures du temps et chargées de symboles puissants. C’est à ce prix que vous recevrez un morceau d’éternité.
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