LA TRIBUNE – Vous avez annoncé ce qu’il en est désormais : vous venez de fonder Windcoop, une compagnie maritime « militante » basée à Lorient, qui transportera des marchandises à la voile à partir de 2025 entre un port français de la Méditerranée et Madagascar. Qui sont vos partenaires et pourquoi ce choix de statut coopératif (Scic, coopérative d’intérêt collectif) ?
Matthieu BRUNET, Président de la société gardoise Arcadie* – Ce projet est porté par trois hommes et deux sociétés : moi-même et Arcadie, Nils Joyeux et sa société Zéphyr & amp; Borée (basée à Lorient, qui développe des navires marchands innovants pour le transport décarboné, ndlr), et Julien Noé en son nom propre, fondateur d’Enercoop (fournisseur d’énergie verte, ndlr)… Le choix de la coopérative était fait à la demande de Julien Noé. Tout dans les infrastructures et les grands services est généralement entre les mains de l’État ou de multinationales privées. En tant que consommateurs, les citoyens sont donc dépendants de l’État ou de ces grands groupes. Cependant, nous croyons que le citoyen doit avoir la vue et la participation pour dire comment il veut que ses biens soient transportés, par exemple. C’est la 3ème voie, celle du service à la main des citoyens. C’est pour cette raison que nous avons choisi le statut de Scic, qui donne à chacun la possibilité de prendre des actions.
Pourquoi Arcadie porte le projet (un peu fou, mais concret) d’un porte-conteneurs à voile
Quel sera le budget nécessaire pour ce porte-conteneurs (85 mètres, une capacité de cent conteneurs pour un tonnage maximum de 1 400 tonnes et 12 passagers), dont la construction débutera en 2023 ? Et comment voulez-vous le financer ?
L’investissement sera d’environ 20 millions d’euros. Nous lançons une campagne de financement participatif, qui est disponible sur notre site Web, mais elle sera officiellement lancée en septembre. Nous voulons sécuriser 30% en capital, soit 6 à 7 millions d’euros, dont 3 millions grâce à ce financement participatif. Arcadie investira 2 millions d’euros, et nous ferons également appel à des fonds d’investissement éthiques et solidaires ainsi qu’à des financements bancaires. Mais notre objectif est que les citoyens soient majoritaires, pour que ce soit un outil au service de la société civile. Nous croyons que le jeu vaut la lumière et que c’est possible, comme Enercoop, Terres de lien, tous ces mouvements collaboratifs l’ont démontré…
À quel point êtes-vous excité par ce projet ?
Nous n’en sommes qu’au tout début et nous approchons désormais des 50 000 euros, ce qui est significatif, même s’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir et que nous devons toucher beaucoup de monde. Il y a une dimension romantique à ce projet, ça passionne les gens. Son réalisme suscite l’intérêt et la confiance, tant chez les banquiers, les expéditeurs que chez les particuliers.
Cette liaison maritime directe avec Madagascar, que vous annoncez au rythme de cinq révolutions par an, pourrait se faire avec quel port méditerranéen ?
Le choix n’est pas encore fait. Nous avons visité le port de Sète et le port de Port-Vendres (Hérault et Pyrénées-Orientales, ndlr). Chacun a son intérêt, mais cela dépendra aussi de nos clients, car il faudra pouvoir se connecter aux autres tronçons de routes maritimes. Sète nous conviendrait bien, ce serait la taille du projet… La liaison s’arrête dans plusieurs ports à Madagascar, ainsi qu’à Mayotte, qui a un potentiel de marchandises à venir de France plus intéressant que Madagascar.
Justement l’enjeu de cette future route maritime est de stabiliser un modèle économique et donc de remplir le chargement des conteneurs. Avez-vous progressé dans ce domaine ?
A Madagascar, comme en France, notre projet a été bien accueilli, notamment sur le volet écologique et la reprise de la logistique, ce qui nous permettra de ne plus être dépendants des grands groupes… Les déclarations d’intention continuent d’affluer. Nous avons lancé les plans du bateau il y a quelques mois, et aujourd’hui les architectes du lac travaillent sur la version finale, que nous espérons pour la fin de l’été. A partir de là, nous avons une idée précise du coût et nous pouvons ensuite proposer des prix. Louise Chopinet (directrice générale de Windcoop, ndlr) et Nils Joyeux se rendent prochainement à Madagascar pour faire le tour des clients. Le coût du transport sera environ deux à trois fois plus cher que les tarifs classiques, mais cela ne semble pas être un frein du fait de la contrepartie écologique, mais aussi du fait du gain de temps sur les délais de livraison. La liaison entre Madagascar et la France en cargo à voile prendra environ un mois à une vitesse de 8 nœuds, ce que nous pouvons garantir. Je vous rappelle qu’avec les porte-conteneurs traditionnels aujourd’hui, les transbordements peuvent être longs et surtout imprévisibles. Un conteneur rempli d’épices peut ainsi attendre indéfiniment dans un port jusqu’à ce qu’un porte-conteneurs soit rempli pour appareiller. Ce qui peut prendre deux ou trois mois…
Comment ma cargaison à voile se comportera-t-elle en termes d’économie de combustibles fossiles par rapport à un porte-conteneurs à propulsion pétrolière ?
Nous attendons les plans définitifs des architectes, mais sur cette route peu ventée, nous espérons réaliser 70 % d’économies d’énergies fossiles.
Que va changer Windcoop pour Arcadia avec ce futur mode de transport ?
Arcadie importe environ 300 tonnes d’épices de Madagascar chaque année, soit 25 containers, ce qui représente environ 25% de nos approvisionnements. Le cargo à voile va changer beaucoup de choses. Premièrement, cela nous permettra de réduire notre empreinte carbone. Ensuite, il y a la question des délais : Aujourd’hui, nous pouvons être épuisés sur un produit parce que le matériel est bloqué dans un port. Sur le plan social, nous nous efforçons de créer une filière équitable et avec le cargo à voile nous comblons le chaînon manquant du transport. Nous sommes convaincus qu’il n’y a pas de révolution écologique sans révolution sociale… Enfin, cela affectera notre communication à l’heure où les consommateurs perdent un peu confiance dans les produits bio. Cela montre que notre projet est un projet social.
* Basée à Méjannes-les-Alès, Arcadie est spécialisée dans la production et le négoce d’épices, d’aromates et de plantes bio et a réalisé 22,4 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021.
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