La réponse du curé et chef des urgences en Lot-et-Garonne Laurent Maillard au pasteur Emmanuel Macron. Vendredi, le président de la République a expliqué quels devaient être les efforts de l’État pour soutenir la santé publique. Et le médecin n’est pas d’accord avec les prescriptions du chef de l’Etat. « Une chose est sûre, ce ne sont pas les réponses attendues. Imaginer un système homogène sur le territoire national est impossible », insiste Laurent Maillard.
Et d’enfoncer le clou : « Ce n’est pas avec la réglementation nationale qu’on réglera les problèmes au niveau local ». Ici en Lot-et-Garonne, rappelle Laurent Maillard, un médecin sur deux a plus de 60 ans, un Lot-et-Garonne sur cinq n’a pas de médecin traitant. La trouvaille est connue. « Et répondre avec des restrictions nationales aux questions qui se posent ici, c’est la mort annoncée de l’hôpital public. Par exemple, on nous propose de combiner l’administratif et le médical. Mais les directions sont déconnectées du terrain ».
« Arrêter la liberté d’installation »
Aux urgences du centre hospitalier d’Agen-Nérac par exemple, le service doit pouvoir compter sur trente-six équivalents temps plein. Ils ont maintenant vingt-six ans et élaborer un emploi du temps hebdomadaire est comme un puzzle avec des pièces manquantes. Dans ce service il manque huit médecins, treize à Marmande. « Et le CHU de Bordeaux en forme une vingtaine chaque année », analyse le responsable des urgences.
« Deux questions se posent : est-ce qu’on maintient nos services d’urgence à Marmande et Villeneuve par exemple ? Et va-t-on pouvoir trouver des jeunes médecins ? Si ça ferme, va-t-on pouvoir absorber l’activité ? »
Une solution selon Laurent Maillard : « Arrêter la liberté d’installation comme on le fait par exemple pour les infirmiers. Comment imaginer maintenir l’égalité des soins avec trois fois plus de médecins dans les métropoles ? De toute façon, on n’a plus qu’est-ce qu’on perd, il faut être coercitif ». Il prend un exemple : « On avait un service d’ophtalmologie permanent jusqu’à cet été (*). Il n’existe plus. Aujourd’hui, il faut penser à tous les modes de fonctionnement dégradés. C’est systématique. Et malgré nos demandes, nous n’avons pas d’outil de gestion numérique adapté aux besoins des hôpitaux publics ».
Régulation le jour
Le manque de ressources humaines ne concerne, dans le cas du Lot-et-Garonne, que le corps médical. « Comme en réanimation ou en maternité, les urgences ont encore une image favorable. Ce qui nous a sauvé du départ vu ailleurs, c’est la réglementation ».
C’est le cheval de bataille du Dr Maillard. Précurseur du Marmandais, le dispositif de régulation d’urgence du « 15 » a été étendu à l’ensemble du département le 1er juillet. Six mois plus tard, les changements « ont permis de réduire l’activité d’un quart » à partir de 18 heures. Le premier souhait pour 2023 du numéro 1 des urgences dans le 47 est d’étendre ce dispositif en journée les samedis, dimanches et jours fériés. Deuxième souhait de l’année : réfléchir à l’implication des paramédicaux – infirmiers – dans les interventions qui relèvent aujourd’hui du champ de la médecine d’urgence.