Chine : le chômage des jeunes explose, entre oppression technologique et zéro Covid

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Written By Sophie Ledont

Rédactrice passionnée qui a vécu dans plus de 25 pays toujours à la recherche de la dernière information.

La Chine a renforcé la censure en ligne avec des contrôles étendus sur les algorithmes de recommandation de contenu. Photo : Kate Trio / Unsplash.

Depuis plus d’un an, Xi Jinping transforme avec autorité le secteur technologique de son pays. Un secteur qui lui avait échappé prospérait en Chine et à l’international sans retenue. Depuis plus d’un an, l’Empire du Milieu alterne pressions juridiques, financières et idéologiques pour remettre sur les rails ses fleurons numériques.

Le secteur en plein essor de l’EdTech en Chine a été balayé par un simple revers réglementaire. Le soutien scolaire, deuxième journée pédagogique normale pour les enfants, souvent réalisé par écran inséré, ne peut désormais être réalisé qu’avec le statut d’association à but non lucratif. De plus, ils n’ont plus le droit d’enseigner le week-end, les jours fériés ou les jours fériés. Pour de nombreuses entreprises, souvent cotées en bourse, le marché sur lequel elles ont bâti leur avenir s’est évaporé.

Le jeu vidéo n’a pas échappé à la vis chinoise. Les enfants ont désormais un temps de jeu réglementé : 3 heures par semaine. Considéré comme « l’opium de l’esprit », le gouvernement a même gelé toutes les nouvelles sorties, les éditeurs devant demander une licence pour sortir un nouveau jeu dans le pays. Un gel qui aura duré un an, avec 67 jeux vidéo homologués récemment, avec deux absences majeures. Tencent et NetEase, acteurs majeurs du secteur ne sont toujours pas autorisés à proposer de nouveaux titres. Une situation qui les pousse à chercher des prospects à l’étranger.

Autre coup dur pour le secteur numérique, la mise en place de la loi sur la protection des données personnelles (PIPL). Semblable au RGPD européen, la Chine aura réussi à dépasser les États-Unis en matière de protection des internautes. Avant cette ordonnance, les autorités poursuivaient les candidatures qui supposaient un comportement abusif. Des dizaines et des dizaines de services ont disparu des app stores, dont Didi, l’Uber chinois.

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Jean Liu, président de Didi Global. Photo : Banque mondiale/Flickr.

Tout cela crée un environnement économique trop incertain. Combiné à la politique la plus stricte contre le coronavirus « Zero Covid », le marché du travail s’est inévitablement dégradé. La Chine est dans une situation où 20% des moins de 25 ans sont au chômage, révèle Bloomberg. Un taux qui risque de s’aggraver alors que les géants de la technologie réduisent leur graisse par milliers, tandis que des milliers de jeunes Chinois se préparent à obtenir leur diplôme.

Dans le meilleur des cas, nous gelons les recrutements. Dans d’autres, comme Alibaba et Tencent, 14 000 ont quitté le navire entre avril et juin seulement. Huawei a également annoncé la toute première vague de licenciements de son histoire, avec environ 2 000 employés licenciés.

« Si même Tencent ne peut pas naviguer dans une économie aussi faible, comment d’autres entreprises peuvent-elles rester à flot longtemps? » demande un ancien employé de l’entreprise qui a rejoint ByteDance. « J’ai vraiment peur d’être à nouveau licencié. Mais la dure réalité est que l’industrie de l’Internet est peut-être le dernier secteur à offrir des emplois bien rémunérés. Même si elle ralentit et licencie du personnel, d’autres industries sont encore plus mal en point. »

Pour réduire le chômage des plus jeunes, le gouvernement a récemment lancé un programme pour les accompagner dans la création de leur entreprise. Dans le même temps, les postes vacants dans les administrations sont nombreux et le pays fait pression sur les entreprises dans lesquelles il a investi pour embaucher de jeunes candidats. Malgré ces quelques efforts, le retour à la normale peut prendre des années.