Semiconductor China a commencé à faire des affaires. Photo : Unsplash
L’affaire de corruption dans le secteur chinois des semi-conducteurs se poursuit. Le 9 août, la Commission centrale pour l’inspection de la discipline (CCDI), le principal organe chinois de lutte contre la corruption, a révélé qu’elle enquêtait sur trois autres hauts dirigeants du « Big Fund ». De son vrai nom Integrated Circuit Industry Investment Fund, Big Fund est la figure de proue du financement industriel dans l’Empire du Milieu.
En Chine les têtes du puissant Big Fund tombent
Du Yang, ancien directeur de Sino IC Capital, l’entité qui gère Big Fund, et Yang Zhengfan son actuel vice-président, sont accusés d’avoir commis « de graves violations de la discipline et des lois ». Cette terminologie fait le plus souvent référence, en Chine, à des actes de corruption. Cependant, la CCDI reste très discrète sur l’objet des investigations et le lien entre les personnes impliquées.
Le troisième homme, Liu Yang, est également un ancien directeur de Sino IC Capital. Sur ce dernier, les charges semblent moins lourdes. Reuters se réfère simplement à « enfreindre la loi ». Plus tôt, Lu Jun, un autre ancien directeur de la même structure et Ding Wenwu, son ancien président ont également été mis en cause par le CCDI.
Dans la même période, le ministre responsable du grand fonds, Xiao Yaqing à la tête du ministère de l’Industrie et des Technologies de l’information fait également l’objet d’une enquête. Idem pour Zhao Weiguo, ancien président de Tsinghua Unigroup, le champion chinois des semi-conducteurs, jusqu’à sa faillite pour cause de mauvaise gestion.
Pékin étant peu prolixe en informations, impossible de savoir si les poursuites contre ces deux dernières personnalités portent sur la même affaire. Tsinghua Unigroup a largement bénéficié de l’argent du Big Fund, tout comme Semiconductor Manufacturing International Corp ou Yangtze, le leader local des puces mémoire.
L’industrie des semi-conducteurs confrontée à un scandale au pire des moments
Ces enquêtes jettent un nuage sur l’ensemble de l’industrie des semi-conducteurs en Chine. Comme son surnom l’indique, le grand fonds joue un rôle très central dans la stratégie de Pékin pour renforcer le secteur. Lancé en 2014, il a levé 20 milliards de dollars auprès d’investisseurs publics sous les auspices du ministère des Finances pour développer l’industrie. Une autre levée de fonds, en 2019, a atteint 30 milliards de dollars. Il a également fait des émules, imité au niveau local dans pratiquement toutes les provinces de Chine.
Créée pour pallier une faiblesse structurelle de la Chine, elle a pris une place encore plus importante avec l’aggravation des tensions avec les Etats-Unis. Washington n’hésite pas à appuyer sur le point faible de son rival.
Le Chips and Science Act, récemment ratifié par Joe Biden, rend le financement des entreprises de semi-conducteurs conditionnel à aucun investissement significatif en Chine pendant une décennie. Cette affaire survient à un moment où Pékin a plus que jamais besoin de son gros fonds.