Le Sénat pourrait être le grand gagnant des élections législatives. Et, en son sein, la droite qui, faute de majorité absolue à l’Assemblée nationale, est désormais majoritaire au sein de la commission paritaire (CMP). Cette instance, où sept députés et sept sénateurs arbitrent sur un texte en cas de désaccord persistant entre les deux chambres, a une nouvelle fois montré son efficacité, lundi 1er août, sur le premier volet des mesures en faveur du pouvoir d’achat.
Ainsi les parlementaires ont approuvé la pérennité de la prime Macron, mais aussi la baisse des charges patronales sur les heures supplémentaires voulue par la droite sénatoriale. « Tous les membres du gouvernement ont conscience qu’une commission paritaire mixte concluante constitue l’assurance-vie de leur police, observe le chef des sénateurs socialistes, Patrick Kanner. Cependant, cette assurance-vie passe par des vues fortes du gouvernement de droite, qui n’ont pas besoin d’être réclamées ».
Des sénateurs LR très courtisés
En effet, au début du quinquennat, les relations entre le Sénat et le gouvernement s’ouvrent sous de bons auspices. « Je ne peux pas imaginer la République sans le Sénat », a assuré la Première ministre, Élisabeth Borne, lors de son discours de politique générale du 6 juillet. « Continuez dans cette voie, Madame la Première ministre », a aussitôt répondu le président de la Haute Assemblée, Gérard Larcher, qui avait pourtant émis des doutes sur la « légitimité » du président élu de la République. Méfiance désormais oubliée. « Désormais, Emmanuel Macron consulte le numéro deux de l’Etat avant même son Premier ministre », s’amuse Patrick Kanner.
Des négociations que les centristes, alliés traditionnels de LR au Sénat, ne voient pas toujours d’un bon œil. « Quand il y a un engagement, je ne peux que me réjouir du bonheur partagé, grince le président du groupe centriste de l’Union au Sénat, Hervé Marseille. Mais on ne peut pas s’empêcher de discuter en coulisses avec Bruno Le Maire. Référence au dossier brûlant de la taxation des superprofits, et au rejet conjoint de Bruno Le Maire et Bruno Retailleau de la « contribution exceptionnelle de solidarité » défendue par les centristes.
Si la dissidence persistante menaçait d’infiltrer la majorité sénatoriale, le chef des sénateurs LR promet déjà que le vote du projet de loi de finances pour 2023 sera « l’occasion de tracer les limites entre la majorité et l’opposition majoritaire ».
Le Sénat, antichambre de la conciliation
D’autant que les sénateurs sont déterminés à affirmer leur capacité à revoir les textes. « Le Sénat a l’habitude de travailler des textes en profondeur et de manière sereine et transparente », note Hervé Marseille. « Chez nous, pas de pupitre qui claque, ni de caricature qui n’honore pas le Parlement », approuve son collègue socialiste Patrick Kanner. Nous ne sommes pas dans l’assemblée générale d’un syndicat étudiant ». Ils citent les débats récents comme preuve. Lorsque des députés ont amputé son article 2 du projet de loi sanitaire sur le contrôle des frontières, le président lui-même s’est appuyé sur la « sagesse » du Sénat. Et moins d’une semaine plus tard, le sénateur LR Philippe Bas, rapporteur chevronné, trouvait du bout de la plume un point d’équilibre.
« Nous avons complètement réécrit le projet de loi santé », se félicite Bruno Retailleau, qui pousse son avantage : « Le gouvernement gagne à déposer davantage de textes en première lecture au Sénat. L’option a déjà été retenue pour – l’examen du projet de loi immigration au l’automne.