Daniel est chauffeur de camping-car, il nous écrit depuis les Deux-Sèvres. Dans ce courrier, il dit avoir été verbalisé, alors que son camping-car était garé sur une place autorisée pour les voitures. Un arrêté municipal oblige en effet, dans cette commune, les camping-caristes à rester dans une zone payante. Il nous demande notre avis.
Merci à Daniel de nous avoir écrit. Il ne nous donne pas le nom de la ville, ce qui ne nous empêche pas de lui répondre en principe. Mais pour analyser plus précisément son cas personnel, il serait intéressant de connaître l’arrêté municipal en vigueur dans cette commune.
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Le message de Daniel
Garé en camping-car (VL) dans un box délimité sur la voie publique, j’ai écopé d’une amende de 35€ sans déduction de points.
Infraction : 1 fois 032530 stationnement d’un véhicule interdit par les règlements de police Art R 417-6, Art R 411-25 à 3, Art L 121-2 C. Itinéraire, Art L 2213-2 2ème C.G.C.T., Art R 417-6 C. route
Après avoir lu ces articles et le rejet de ma réclamation, je suis perplexe quant à la validité de cette amende. Le maire d’une commune peut-il prendre un arrêté interdisant le stationnement des camping-cars BT pendant une durée moyenne (3 ou 4 heures) dans une voie où d’autres BT sont autorisés à stationner gratuitement ?
Cet arrêté prévoit le stationnement des camping-cars dans une aire dédiée avec services moyennant le paiement de 13€/24H. Il est clair qu’il vaut mieux payer 13€ qu’une amende de 35€, je vous l’accorde, mais il y a non, jusqu’à ce point, discrimination ? J’aimerais entendre votre opinion sur la question.
Notre avis
Nous avons publié de nombreux articles sur le sujet de l’interdiction de stationner les VR. Nous vous recommandons particulièrement notre article Les maires ne peuvent pas interdire les camping-cars, mais… Nous allons résumer la réglementation en vigueur, mais d’abord, parlons de ce qui nous intéresse vraiment dans la question de Daniel.
Interdire les camping-cars partout sauf sur une aire à 13 €, c’est injuste
Dans le cas précis présenté par Daniel, il appartient au juge de déterminer si le règlement est abusif. Mais on peut avoir un avis.
Tout d’abord, il nous semble injuste de pénaliser un camping-car pour avoir stationné en vertu des règles autorisées pour les voitures. Nos véhicules appartiennent à la catégorie M1, comme les voitures, et ne doivent être verbalisés que pour les mêmes motifs que les voitures (stationnement gênant, s’il gêne la circulation des autres véhicules, par exemple).
Comme souvent, des conditions particulières de stationnement sont ici imposées aux camping-cars : une place à part (dont l’emplacement ne convient pas à tout le monde) et un prix bien supérieur à celui que paient les voitures. Cette interdiction a-t-elle pour but de rentabiliser l’investissement dans la zone d’accueil ? La question est posée. On sait que certaines communes dépensent des sommes importantes pour créer une zone dont les bénéfices sont ensuite partagés avec un opérateur privé.
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Ce que dit le droit
Des arrêtés municipaux d’un nouveau type…
Bref, disons que les camping-cars sont des automobiles comme les autres, et qu’il n’y a aucune base légale pour les désigner comme une catégorie de véhicule. Les tribunaux administratifs invalident parfois les ordonnances municipales pour cette raison. Mais on voit aussi parfois des juges admettre les camping-cars comme catégorie de véhicule (voir cet article sur Sainte-Marie-du-Mont ou cet article sur Damgan). Mais pour la plupart, les arrêtés municipaux interdisant les camping-cars sont invalidés par les Cours de Contentieux et les Cours Administratives d’Appel, comme vous pouvez le voir dans notre rubrique Justice. Ces condamnations sont souvent dirigées contre des panneaux affichant le dessin d’un camping-car ou d’un grand portique, lorsque ces équipements enfreignent les réglementations nationales en matière de signalisation routière.
Contester un PV
Autre fondement possible : lorsque l’interdiction est générale (si elle couvre tout le territoire de la commune, c’est-à-dire à toute heure de la journée). Reste à savoir si la présence d’un espace d’accueil (payant de surcroît) suffit à faire disparaître le volet général de l’interdiction.