De nombreuses aides financières étatiques et locales incitent les étudiants et les jeunes médecins à s’installer dans des zones peu pourvues en médecins.
A force d’être trop courtisés dans les déserts médicaux, les jeunes et futurs médecins généralistes vont-ils devenir des « enfants gâtés » ? Les propos du maire de La Roche-sur-Yon (Vendée) Luc Bouard, tenus lors de l’assemblée générale de l’association des maires du département, le 1er juillet, ont provoqué l’ire des étudiants en médecine. La pénurie de médecins « est l’un des problèmes les plus importants de notre pays », a reconnu Emmanuel Macron en décembre 2021. En France, 30% de la population vit dans un désert médical et 11% des personnes âgées de 17 ans et plus n’ont pas médecin traitant, selon un rapport du Sénat de mars 2022. Sans aller jusqu’à la coercition, l’État, les régions, les départements et les communes créent des incitations financières pour les étudiants et jeunes diplômés.
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Ce que propose l’État
Il existe des incitations pour les étudiants à se rendre dans des territoires médicaux à « sous-densité ». Le contrat de service public (CESP), par exemple, accorde une bourse de 1 200 euros bruts par mois aux étudiants qui s’installent dans une région en pénurie de médecins. Pour encourager les étudiants à faire des stages dans ces domaines, il existe une indemnité de transport de 130 euros par mois.
Pour inciter les jeunes diplômés à s’installer dans les déserts médicaux, le contrat territorial du médecin généraliste prévoit une garantie de revenus et une meilleure protection sociale qui assure les deux premières années d’installation. Le médecin, sous réserve d’un minimum d’activité, peut percevoir une rémunération complémentaire lui garantissant un revenu net mensuel de 3640 euros. Quatre nouveaux contrats ont été mis en place depuis 2016 pour lutter contre la désertification médicale. Parmi celles-ci, le contrat d’aide à l’installation des médecins (Caim), aide financière de 50 000 euros qui compense les frais liés à l’activité : locaux, charges, équipements… Le montant diminue si la durée des activités. A l’inverse, elle peut être augmentée, dans des zones particulièrement déficitaires. En contrepartie, le praticien doit, entre autres, s’installer et exercer dans ladite zone pendant 5 ans, au moins 2,5 jours par semaine.
Comment les villes et départements attirent les étudiants et jeunes médecins?
Il existe une myriade d’aides locales. A partir du 1er janvier Brive-la-Gaillarde (Corrèze) accorde une bourse aux élèves de 5ème à condition qu’ils s’y installent et y exercent. Ce dernier peut s’engager pour 3 ans (6 000 euros par année universitaire) ou 6 ans (12 000 euros). La ville veut créer des dispositifs pour simplifier l’accès au logement et les aides à la mobilité. Elle souhaite également proposer des espaces clés en main, où les jeunes médecins peuvent trouver sur place un interlocuteur professionnel et un soutien pour les tâches de secrétariat. Ceux qui s’y installent peuvent y séjourner trois ans maximum avec exonération fiscale la première année. Enfin, la ville soutient financièrement, à hauteur de 50%, les personnels de santé qui s’équipent d’une cabine de téléconsultation. Une bourse est créée à Romilly-sur-Seine (Aube) pour attirer les étudiants. En échange de 30 000 euros, les futurs praticiens doivent s’installer pour au moins cinq ans. Pour ne citer que ces deux villes.
Une aide est accordée dans l’Yonne aux étudiants de troisième cycle qui s’engagent à s’y installer pour au moins cinq ans. Une aide est également accordée pour la première implantation. Le département des Alpes-Maritimes propose une prime « jeune médecin installé ». Le médecin doit exercer pendant au moins trois ans dans la région. Une bourse est offerte aux médecins généralistes à l’entrée de leur 3e année. Pour y parvenir, ils s’engagent à exercer pendant cinq ans dans une zone déficitaire du département. Les jeunes médecins qui s’installent en Isère bénéficient d’une subvention maximale de 10 000 euros pour acquérir le matériel nécessaire au démarrage de leur activité. La Creuse propose aux étudiants stagiaires un logement et une aide au déplacement. Pour ceux qui s’engagent à s’installer en Creuse pendant trois ans dans les trois mois suivant l’obtention de leur diplôme de généraliste, le département verse 600 euros par mois pendant trois ans. Au niveau régional, le contrat régional d’aide à l’installation médicale (CRAI) offre de nombreux avantages économiques.
Les incitations financières produisent-elles des résultats probants?
En 2021 un rapport de la Drees, le service statistique des ministères sociaux, juge que « les incitations financières ont des résultats plutôt décevants ». « [Ces] dispositifs permettent généralement une augmentation de l’offre à court terme, mais avec des résultats discutables à long terme », poursuit le rapport, précisant qu’il n’existe, à ce jour, aucun bilan précis sur le sujet.
La Cour des comptes a recensé 15 régimes d’aides financières de l’Etat, de l’assurance maladie ou des collectivités territoriales pour l’installation des médecins. Pour un coût de 86,9 millions d’euros en 2015. « Ces initiatives dispersées ont conduit, depuis le début des années 2010, à une forme de fuite en avant, sans évaluer ni l’efficacité globale ni le rapport coût/bénéfice qui en découlent. Ces mécanismes de régulation des installations timides et partiels, qui jouent presque exclusivement sur des incitations financières, ne sont clairement pas à la hauteur du défi », indique un rapport de 2019.
Quels projets pour orienter les étudiants dans les zones sous-denses?
Le gouvernement veut prolonger d’un an l’internat en médecine générale, qui passera de trois à quatre ans. Cela portera à dix ans la durée des études pour devenir médecin généraliste. Cette 4ème année devra se faire en partie dans des déserts médicaux. Cette mesure ne fait pas l’unanimité chez les futurs médecins.
Dans un rapport parlementaire, le sénateur Bruno Rojouan (Les Républicains) propose d’expérimenter des collèges ruraux dans les zones prioritaires.
Que demandent les étudiants?
Selon un sondage du Conseil national de l’ordre des médecins (Cnom), 88 % des étudiants sont contre l’obligation de s’installer dans les déserts médicaux.
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Pour Yaël Thomas, présidente de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), il faut favoriser au plus vite les études de santé, « et notamment en milieu rural car on sait que beaucoup de jeunes travaillent là où ils ont vécu ». C’est donc une question d’ouverture sociale. L’étudiant alerte également sur le manque d’encadrants de stages universitaires en milieu rural et demande une indemnité de transport équivalente à la grille des agents de la fonction publique.
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Pourquoi les jeunes médecins ne s’installent pas ?
Ce qui semble les intéresser en particulier, c’est de ne pas se retrouver isolés. Près de neuf stagiaires et alternants sur dix considèrent que la présence d’autres professionnels est cruciale. Une des raisons isolées de l’enquête Cnom : les horaires de travail.
Où sont situés les médecins ? Les médecins s’installent-ils dans les régions ensoleillées et il n’y en a jamais eu autant ?
- Commençons par le problème du nombre de médecins exerçant en France :
- Augmentation du nombre total de médecins mais diminution de l’activité régulière.
- Au 1er janvier 2017, 290 974 médecins étaient inscrits au registre de l’ordre.
Pourquoi il n’y a plus de médecin ?
Au-delà des raisons liées à des services et infrastructures moins présents dans certaines régions, le numerus clausus, longtemps trop faible, explique la baisse du nombre de médecins généralistes. Avant 1972, il n’y avait aucune restriction. Il n’y avait pas de limite au nombre de médecins formés.
Comment s’installer en médecine générale ?
De nombreuses formalités sont exigées lors de la prise de fonction : inscription à l’Ordre des médecins, inscription du diplôme à l’Agence régionale de santé (ARS), inscription à la Caisse primaire d’assurance maladie, inscription à l’Urssaf, affiliation à la caisse de retraite, …
Pourquoi les médecins désertent les campagnes ?
Une installation à la campagne implique une certaine indépendance par rapport à la ville. Cependant, les jeunes médecins privilégient le confort de la proximité des services, leur permettant de concilier vie privée et vie professionnelle.
Pourquoi il y a des déserts médicaux ?
Ce phénomène est dû notamment au niveau insuffisant du numerus clausus – c’est-à-dire du nombre d’étudiants en médecine atteignant la 2ème année – au cours des années 1990, augmentant les difficultés à trouver un médecin traitant.
Que sont les déserts médicaux ? Un désert médical est une zone définie par des critères de mesure spécifiques qui expriment une densité insuffisante d’agents de santé, notamment de médecins, par rapport aux besoins d’accès aux soins de santé de ses habitants.
Pourquoi y A-t-il de moins en moins de médecin ?
Depuis 2010, il y a eu une baisse de 6,8 %. Comment l’expliquer ? Principalement en raison des inégalités territoriales croissantes. Dans les départements ruraux, déjà touchés, la désertification médicale s’intensifie.
Pourquoi les médecins désertent les campagnes ?
Une installation à la campagne implique une certaine indépendance par rapport à la ville. Cependant, les jeunes médecins privilégient le confort de la proximité des services, leur permettant de concilier vie privée et vie professionnelle.
Pourquoi baisse numerus clausus ?
Le numerus clausus a été introduit à la demande des médecins qui voulaient limiter la concurrence, mais le chiffre initial de 8 000 par an, alors suffisant, a été réduit par les gouvernements successifs de tous bords, avec une vision très libérale de la santé. de soin : si vous supprimez les vendeurs de…
Pourquoi ne peut-on plus redoubler la première année de médecine ? Ce n’est pas nouveau, mais le message n’a peut-être pas été compris de tous… Pourtant, le redoublement en première année d’études de santé est tout simplement impossible. Les étudiants qui ne valident pas le PASS ou le L.AS pourront intégrer une licence classique, sans suivre d’option santé.
Qui a modifié le numerus clausus ?
Le numerus clausus a été introduit en France en 1971. Il est décidé chaque année conjointement par le ministre des affaires sociales et de la santé et le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Est-ce que le numerus clausus a été supprimé ?
Depuis la rentrée 2021, le numerus clausus des études de santé est terminé. Il laisse place à un numerus apertus qui, comme son nom l’indique, peut augmenter.