110 sur autoroute, 80 ailleurs, des radars, des Léa et des bleus en embuscade…
Dépasser le plus petit dénominateur commun
110 km/h sur la route, 80 ailleurs, des caméras qui tournent partout, Léa et ses cicatrices qui rôdent… faut-il laisser la moto ?
Je me fous du super à deux euros le litre : mes vélos ont toujours été luxueux ; si je voulais faire des econocroques j’irais travailler en vélo. Mais quand même : mon salaire n’a pas suivi l’inflation à la pompe. Vous non plus, je pense.
Il y a quelques semaines, j’ai été percuté dans une voiture par un radar « section » sur la 70. Un tunnel vide sans danger, bien sûr. Bah. Mais il est dégoûtant de déposer de l’argent sous de faux prétextes. Ça ne m’était pas arrivé depuis longtemps, enfin… Plus de dix ans, en fait.
Je ne sais pas si j’y fais plus attention que jamais, mais j’ai l’impression que les kilomètres de file de super connards et de super crétins ont nettement augmenté ces dernières années. Ou c’est moi qui roule trop lentement et qui se fait donc plus souvent draguer par des méchants qui ont apparemment trop de points sur leur permis ou la promesse d’une vie bonus (merci Brahma). Avant, j’avais peur de me faire mal seul sur ma moto, maintenant c’est doublement peur d’être zigoulé par quelqu’un d’odieux le persuadant d’être dans son droit, ou un âne qui veut se faire connaître localement dans sa voiture « regarde maman : gros cul « .
Je dois aussi penser aux terribles maux des motos hautes performances, à la facilité avec laquelle je roule sur mes tuyaux quand je m’ennuie. Il faut passer de la PC32 à la CB 500 « moderne » (PC63) pour s’en rendre compte : il y a une remise des gaz facile en 3 à 4 000 tours, la version carburateur est plus fun, malgré les dix chevaux. Devrions-nous rejeter tout ce qui est sorti après – disons – 2005 ?
On en a un peu discuté avec mon cher dealer : à la longue, on finit par s’en désintéresser. Nous avons déjà parcouru toutes les rues au moins 30 ou 40 fois. Comme les chiens plus âgés, nous préférons rester au sec et au chaud, dans un chenil, plutôt que de sauter en selle une demi-journée pour rien. Nous roulons toujours, bien sûr, mais rarement, après avoir compté notre vitesse. On apprécie aussi les motards qui savent parler d’autre chose que de vélo ; C’est bien de parler de motos… mais c’est bien d’aller au-delà du plus petit dénominateur commun.
Enfin (et plus étroitement car je ne peux pas m’en empêcher), cette nouvelle génération de vélos me laisse dans le doute. Ils parlent de choses qui ne m’intéressent pas ; J’ai une liste qui ne leur dit rien. Les enfants de certains amis nous évitent poliment, préférant leur propre compagnie.
Du coup, j’ai du mal à côtoyer des vélos « plus jeunes » : ralentis, bébé ; à vie en dessous de 9 000 tr/min. Vous n’avez rien à prouver à personne et surtout pas en conduisant comme un cal. (Tu as fait aussi bien que tu veux, hein ? Au pire, tu m’attends trois minutes quand j’arrive à destination, le temps de rouler une cigarette… ah, non, c’est vrai, tu as des piles dans la tienne.)
Peut-être ne supportent-ils pas un peu d’égocentrisme ou de patriarcat qui malgré nous ressort de notre discours. Cependant, j’essaie de faire attention à ne pas jouer les vieux râleurs. Moi aussi, à 20 ans, j’avais fait une vérité forte et stupide (qu’il m’a fallu encore 20 ans pour casser), mais je ne voulais pas qu’on me la montre.
Tout cela n’est-il pas très encourageant ? Pas nécessairement. Être actif, c’est aussi grimper. Dans la pile, il doit y avoir un vélo qui correspond à ma première liste mise à jour. Une 390 avec un top case, une CRF avec un pare-brise, une GSX dans une A2 parce que c’est assez bien pour suivre des copains « à part entière ».
D’autant plus que je suis persuadé que nous sommes dans une période d’emprunt. Y aura-t-il encore des motos dans 15 ans ? Dans vingt ans ? Ah bon? Des motos « plus anciennes », je veux dire, avec un moteur à combustion interne et pas de freins électroniques à la bite-moi’l façon obligatoire de vérifier la température avant de monter en selle parfois…
Peu à peu, des lâches bourgeois ont pris le pouvoir partout. Ils sont venus remplacer les boules optimistes des années 60 et 70 qu’ils considéraient comme normal de faire Paris-Hendaye à 6 dans la Deuche pour partir en vacances et décrivaient comme « corrigeant » les freins à tambour de la Kawa H2 (la Vraie, la une avec le moteur).
Je me dis qu’il serait peut-être temps pour moi de choisir ma dernière moto, celle d’attendre la fin du monde (ou d’arrêter de rouler et de faire semblant). Cet événement m’intéresse : en tant que première moto, l’Ultimate a une signification particulière. Quel genre de brelon est-ce que je veux finir mon travail – quitte à changer d’avis et penser que c’est la fin ?
Je pense que je veux un vélo amusant et original, comme un Vultus ou un Meteor. Ou le vieux classique ZRX/XJR.
Est-ce que je me prépare à jouer la distance d’un petit gars au hasard sur un vélo au hasard ?
Hum… Ma conclusion n’a rien à voir avec le titre. Merci de me montrer ça. Enfin, puisque ce Kronik est déjà bien long…
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