Il n’est pas courant de voir un paquebot s’arrêter à Douarnenez. Ainsi, lorsque le Scenic Eclipse, un paquebot de luxe de 170 mètres de long, a jeté l’ancre près de l’île de Tristan le mercredi 22 juin, il est passé inaperçu. Mercredi soir, lors du conseil municipal, l’élu de l’opposition Ollivier Delbot a demandé quelle était la position de Jocelyne Poitevin, la maire de la ville, sur le sujet. « Ce type de navire est spécifié pour son impact sur l’environnement : émission de gaz à effet de serre, production de déchets, perturbation des écosystèmes marins », a-t-il énuméré au moment de son intervention.
En 2015, dans un communiqué intitulé « Les abus de croisière », l’association France Nature Environnement alertait sur le sujet, après des mesures effectuées au port de Marseille. Il a cité, par exemple, la teneur en soufre 3 500 fois plus élevée des carburants marins utilisés par certains navires de croisière par rapport à ceux utilisés dans nos véhicules normaux. Un groupe d’habitants de Douarnenez a également souligné jeudi l’impact environnemental des paquebots dans un document intitulé « Alerte rouge écarlate : des pirates sont entrés dans la baie de Douarnenez ! et diffusé sur les réseaux sociaux.
Cinq nouvelles escales d’ici octobre
Si elle s’est dite consciente des enjeux environnementaux, Jocelyne Poitevin a néanmoins estimé, en réponse à Ollivier Delbot, « qu’elle ne pouvait pas jeter le bébé avec l’eau du bain ». Comprenez : la manne économique apportée par les touristes internationaux est incontournable, a fortiori au pouvoir d’achat important (une croisière à bord du Scenic Eclipse coûte près de 13 000 €). La Chambre de commerce et d’industrie l’avait informée la veille de l’arrivée de ce bateau de croisière, et l’office de tourisme avait envoyé des agents pour accueillir les touristes (principalement américains et australiens) à leur arrivée au Rosmeur. Une bonne soixantaine d’entre eux ont visité Douarnenez, certains seuls, d’autres avec un guide. « Nous jouons un rôle en les invitant à flâner et à visiter les entreprises locales », a déclaré Aude Carette, directrice de l’office de tourisme.
Le président de la Chambre de commerce de Douarnenez, Mickaël Gloaguen est également très positif sur les arrêts de ce genre. « Ils mangeaient dans les boutiques du centre-ville. Il ne faut pas être Venise mais choisir, on l’aime autant ici qu’ailleurs. Son seul regret est que beaucoup d’entre eux soient venus avec son panier-repas. Reporté? Selon Aude Carette, cinq autres escales sont prévues à Douarnenez d’ici octobre. « Les voyagistes recherchent de plus en plus des petits ports comme Douarnenez », explique le directeur de l’office de tourisme.
« Bien plus propre que d’autres »
Si l’annonce risque d’alarmer les militants écologistes locaux, Fabien Boileau, directeur du Parc naturel marin d’Iroise, relativise la situation. « Nous avons eu la même polémique lorsque les navires de la Compagnie du Ponant ont fait escale ici il y a quelques années », se souvient-il. « En réalité, le Scenic Eclipse est de petite taille, incompatible avec les paquebots de 3 000 cabines que l’on trouve à Marseille ou dans les Caraïbes, qui brûlent en effet des carburants à haute teneur en soufre, et il n’y a aucune raison de penser qu’ils viendront ici. Celui présent dans la baie mercredi est conçu pour aller en Arctique et en Antarctique, et donc, des normes beaucoup plus strictes sont à respecter », souligne le directeur du Parc marin, selon qui « il est beaucoup plus propre que les autres navires ». appelez ici ». Et le réalisateur de conclure que la Scenic Eclipse ne « met pas en danger les espèces et les habitats à l’échelle du Parc ».