« Au lieu de comprendre la souffrance, on envoie les gendarmes », souffle Julien Cottet, président de l’ordre des médecins d’Eure-et-Loir. Ce vendredi 30 décembre, des médecins libéraux exerçant au service de Chartres ont fait valoir leur droit de retrait. Face au manque de médecins dans le service, ils protestent contre les conditions dans lesquelles ils reçoivent leurs patients. « La situation est tellement tendue que les gens se battent dans la salle d’attente et il faut protéger les médecins », décrit Julien Cottet.
Des amendes de 3700 euros
Un communiqué a été envoyé aux élus, à la préfecture et à l’Agence régionale de santé pour faire valoir leurs revendications. Le président de l’ordre raconte : « Au bout de quelques heures, les gendarmes ont débarqué directement dans les cabinets médicaux avec des réquisitions. Si le médecin refuse de remplir son devoir, c’est une amende de 3700 euros. »
« Une de mes collègues vient de m’appeler en larmes parce qu’elle était réquisitionnée. Elle partira remplir son devoir avec une boule au ventre » : Anne-Sophie Gilmardais fait partie des médecins grévistes. Elle a fait ce choix avant tout pour ses patients qui souffrent de vivre dans un désert médical. « Au début de notre appel, à 20 heures, il se trouve qu’il y a déjà 50 patients qui attendent au centre d’appels, dont certains n’ont plus de médecin. Même en ne passant que 10 minutes par patient, on n’arrive pas toujours à voir tout le monde… », déplore-t-elle.
Déjà en grève dans leurs cabinets libéraux le lundi 26 décembre, les médecins peinent à faire entendre les solutions qu’ils pensent pouvoir être mises en place. Parmi leurs revendications, ils demandent la réduction du temps administratif pour consacrer plus de temps aux affaires médicales. Plutôt que d’obliger des stagiaires en quatre ans à rejoindre certains territoires, ils préconisent de revaloriser les consultations, et la profession, pour attirer les jeunes médecins. « Mais on n’est pas écouté », constate Anne-Sophie Gilmardais. Nous sommes médecins et nous nous sentons comme des criminels. »
« Ils vont tout enlever, allez faire autre chose, prévient Julien Cottet. La plupart des grévistes sont des jeunes qui ont commencé il y a quelques années, ils ont d’autres possibilités. Il y aura des départs en masse. »
Aucune autre réponse n’a été reçue des médecins pendant cette grève. Les appels de la rédaction à la préfecture et à l’ARS ce vendredi 30 décembre sont restés infructueux. Un message a également été laissé au député Guillaume Kasbarian. Contraints par les gendarmes, les médecins assureront leur garde à vue ce vendredi soir.