La visite aux frais du ministre de la Santé, François Braun, ce mercredi, s’il a pu plaire à la direction du CHU…
La visite de la responsable du ministre de la Santé, François Braun, ce mercredi, alors qu’elle a pu satisfaire la direction du CHU de Bordeaux, heureuse de pouvoir apposer une plaque ministérielle d’inauguration sur l’un de ses nouveaux services , poursuivra le carreau que les manifestants ont posté devant l’hôpital Saint-André. Ils ont réclamé des « moyens pour la santé » à l’invitation des syndicats et ont été satisfaits lorsque la voiture noire est passée devant eux et que toutes les sirènes ont hurlé. Avec le ministre à l’intérieur, agacé : « Désolé, je n’ai pas le temps. » En effet, François Braun n’est pas venu à Bordeaux pour répondre à la crise hospitalière, mais pour « prendre contact physiquement avec les équipes », geste qu’il considère comme sa marque de fabrique, et marquer le coup après le discours de bonne année du Président pour apporter l’adresse du Nouvel An pour le monde de la santé.
Vous vous êtes donné pour mission d’assister à l’inauguration du Centre Universitaire de Santé du CHU de Bordeaux à l’Hôpital Saint-André en centre-ville. Pourquoi cet intérêt ?
J’ai vu à Bordeaux cette parfaite complémentarité entre la ville et l’hôpital, le projet a été conçu pour répondre aux besoins de santé de la population et est issu d’un système basé sur les soins. D’une part, il s’agit de pallier la pénurie de médecins de famille, même dans une ville comme Bordeaux, où trop de personnes à risque n’ont toujours pas de médecin de famille, et en même temps de soulager un peu les urgences en permettant aux patients consulter avec ou sans rendez-vous. Toutes les personnes qui se sont rendues aux urgences pour une consultation médicale faute de médecin dans la ville peuvent être prises en charge ici. Cette initiative est un parfait exemple du changement de paradigme que nous souhaitons pour notre système de santé.
Pouvez-vous expliquer plus en détail ce changement de paradigme ?
Tels sont les fondements de la refondation que le président Emmanuel Macron a expliqué le 6 janvier dans ses vœux aux encadrants, et qui incluent une réflexion sur les solutions portées au niveau territorial par des structures au niveau humain pour que les gens s’y retrouvent. tant pour les patients que pour les soignants qui veulent garder l’importance de leur profession. Il est évident que la complémentarité entre la ville et l’hôpital, l’université et la ville, telle que je la vois dans cette initiative bordelaise, va dans le sens de ce changement de paradigme. Nous sommes l’exemple parfait de cette refonte de la santé.
Vous dites mettre les médecins généralistes au cœur du système de santé, mais les syndicats s’opposent à la 4ème année d’exercice des médecins généralistes, une réforme à appliquer en 2023…
Le médecin de famille a une place de choix dans la feuille de route du nouveau système de santé, car il est le lien de première instance avec nos concitoyens. Le stage de 4ème année de médecine générale ne sera possible que si nous avons recruté suffisamment de maîtres de stage, il faut commencer à redynamiser les filières universitaires pour ne pas confondre urgence et précipitation.
De nombreux médecins libéraux partent à la retraite et ne trouvent pas de remplaçant. Comment faire face à la dépression démographique à laquelle nous serons confrontés pendant une décennie ?
Nous devons donner aux médecins le temps de s’occuper, les libérer de tout ce qui n’est pas de l’attention. Pour cela nous aurons des assistants médicaux en ville, des personnels administratifs plus proches des services, car demain nous n’aurons plus de médecins, même si la fin du numerus clausus a permis une augmentation de +14%, et même si nous avons plus de stagiaires et plus d’infirmières, car beaucoup abandonnent.
Des services hospitaliers tendus emploient temporairement des infirmières dont la rémunération est bien supérieure à celle de leurs collègues. Le projet de loi de financement des régimes de sécurité sociale pour 2023 vient encadrer cette pratique. Comment?
Il ne faut pas se tromper de combat, l’intérim est nécessaire et l’a toujours été lorsqu’il intervient pour remplacer des absences, combler des déficits. Le combat que je mène est contre ce que j’appelle « l’intérim cannibale » pratiqué sans éthique, avec une course au profit inacceptable. Afin de freiner ces abus, des mesures visant à limiter la rémunération des médecins intérimaires ont été inscrites l’an dernier dans une loi sur proposition de la députée Stéphanie Rist. Cette loi nous donne désormais la possibilité de limiter et d’encadrer cette période d’intérim en plafonnant les salaires des médecins intérimaires à l’hôpital. J’ai l’intention de publier le décret d’application de cette loi au printemps 2023 afin de réguler ce marché insensé de l’intérim. Même si la grande majorité des médecins le font de manière satisfaisante.
La pénurie de médicaments ne sera enrayée qu’au printemps. Comment remédier à ce déficit pour qu’il ne devienne pas chronique ?
Cette carence a plusieurs causes, très différentes d’un médicament à l’autre et très différentes dans le temps pour un même médicament. Une analyse spécifique médicament par médicament de ces problèmes de rareté est nécessaire. Nous travaillons là-dessus avec l’agence des médicaments. Par ailleurs, nous travaillons avec mon collègue Roland Lescure, ministre délégué à l’Industrie, sur le processus de développement du médicament. Le président s’est engagé à ce que la France devienne souveraine et à la pointe de l’innovation en santé d’ici 2030, ce qui signifie que le développement de médicaments est ramené en France ou en Europe. Nous avons commencé avec le paracétamol en France. Grand défi pour les années à venir.
Vous êtes devenu ministre de la Santé il y a six mois, peu après une carrière de médecin urgentiste à Metz. Comment vivez-vous cette immersion ?