Dans le luxe, tout l’espoir est aux Etats-Unis, premier marché du secteur qui a l’heureuse distinction d’être mature et à « fort potentiel ». Les défilés de mode et les ouvertures de magasins ne manquent pas. Derniers exemples en date, Louis Vuitton, fleuron du groupe LVMH (propriétaire des « Echos »), a descendu ses malles le 12 mai à San Diego (Californie) pour présenter son défilé croisière. Le 19 mai, Dior privatisait le plus bel espace de Venice Beach – à Los Angeles – pour présenter sa collection Dior Homme baptisée « spring ». Et le 22 mai, Balenciaga (Kering) a accosté à New York.
Ce quart d’heure américain des grandes maisons de luxe survient alors que la Chine tousse et se retrouve partiellement paralysée en raison de la politique du « zéro Covid ». Une situation qui laisse les industriels quelque peu fébriles, inquiets des perspectives présentées par la zone au deuxième trimestre, alors que les répercussions de la guerre en Ukraine en Europe sont difficiles à mesurer et renforcent le climat d’incertitude.
Les riches Américains épargnés par l’inflation
« Les États-Unis vont-ils économiser sur le luxe en 2022 ? Nous attendons. Peu de marchés sont aussi prometteurs. Même si je vois que Dubaï est en plein essor, ce n’est pas le même printemps », a déclaré un cadre de l’une des trois plus grandes maisons horlogères. « Nous ne sommes pas du tout inquiets. Nos performances y sont très bonnes et le marché est dynamique pour l’industrie », a déclaré Anish Melwani, PDG de LVMH USA.
Dans un marché mondial du luxe qui a rattrapé ses pertes liées à la pandémie l’an dernier (avec une croissance de 29% pour atteindre 283 milliards d’euros), l’Amérique pèse 78 milliards d’euros, selon le cabinet Bain. « New York est un marché en soi. La ville est encore plus grande que le troisième plus grand marché du monde, le Japon », souligne Joëlle de Montgolfier, vice-présidente des études & recherchez le luxe chez Bain. Selon elle, la « Big Apple » pèserait 23 milliards d’euros. La mégalopole représente à elle seule plus de 20 % du marché américain, selon Luca Solca, analyste chez Bernstein, et la « Californie florissante » entre 25 et 30 %.
Miami tient la corde
Mais Covid a un peu changé le menu. Grâce à la migration des entrepreneurs et des cadres – corollaire de la poussée du télétravail – Miami a le vent en poupe. Avec de fortes racines dans le Design District, mais aussi dans des centres commerciaux comme Bal Harbour, dont certains ont prédit la mort. Le e-commerce ne semble pas vampiriser les ventes en magasin. Chez Louis Vuitton, les meilleurs acheteurs sont les mêmes en ligne et en magasin.
Dior compte plus de quarante magasins dans l’Atlantique, tandis que Louis Vuitton, Gucci et Chanel disposent d’un réseau américain de plus de 100 magasins. Hermès a ouvert un magasin à Houston (Texas) en avril et rouvrira sa boutique de Madison Avenue à New York en octobre. Sur la Cinquième Avenue, la réouverture la plus attendue est celle de Tiffany’s, prévue pour l’automne. Louis Vuitton, première marque de luxe, compte 11 magasins en Californie, autant en Floride et quatre à New York.