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Gironde : désormais veuf, il dénonce le manque de soins pour sa femme malade à l’hôpital Haut-Lévêque

Par Florence Moreau – fl.moreau@sudouest.frPublié le 05/05/2022 à 19:42 Mis à jour le 05/09/2022 à 18:52

Suivie à l’hôpital Haut-Lévêque (Pessac), une patiente atteinte de leucémie est décédée en février 2019, deux jours après qu’elle n’ait pas été prise en charge en urgence à l’établissement. Les experts ont conclu qu’il y a un retard thérapeutique, des manquements et un accident médical injuste

Les jours de Christiane Belin étaient comptés en raison d’une complication infectieuse de sa leucémie. Sa famille le savait. « Mais pas ce jour-là, pas comme ça », assure Bernard Belin, son mari. « Nous n’avons pas pu nous dire au revoir, c’est terrible. Tout ça à cause d’un médecin qui n’a pas fait son travail et qui a refusé les soins », rapporte le septuagénaire,…

Les jours de Christiane Belin étaient comptés en raison d’une complication infectieuse de sa leucémie. Sa famille le savait. « Mais pas ce jour-là, pas comme ça », assure Bernard Belin, son mari. « Nous n’avons pas pu nous dire au revoir, c’est terrible. Tout cela à cause d’un médecin qui n’a pas fait son travail et a refusé des soins », dénonce le septuagénaire, qui a saisi la Commission de conciliation et d’indemnisation (CCI) des accidents médicaux pour une demande d’expertise.

Christiane Belin était suivie depuis 2006 d’une leucémie. Une rechute a eu lieu en 2016. En 2017, une allogreffe a été réalisée, avec son fils comme donneur, trois mois avant la révélation d’une pneumopathie d’origine médicamenteuse. Nouvelle rechute en 2018, accompagnée de deux hospitalisations à l’hôpital Haut-Lévêque de Pessac (Gironde) et d’une aggravation du tableau clinique.

Le 6 février 2019, compte tenu de son état de santé préoccupant, Bernard Belin décide de se rendre d’Andernos (Gironde) à l’hôpital et au service où son épouse est connue. « Mais le médecin de garde, qui la suivait aussi, n’a pas pris la peine de bouger. C’est au téléphone qu’il a refusé de s’occuper de ma femme sous prétexte qu’il n’y avait pas de lit disponible et qu’il lui a dit de se rendre aux urgences sans s’occuper d’organiser son accueil », se souvient Bernard Belin. « Maintenant, il y avait une épidémie de grippe. Sans précaution, c’était le meilleur moyen d’attraper autre chose. »

« Seule, loin de chez nous »

Le couple ainsi licencié du service retourna à Andernos. Le lendemain c’est pire. Bernard Belin appelle le Samu qui évacue en urgence sa femme à l’hôpital Saint-André où elle décède le lendemain matin. « Elle n’aurait pas dû partir ce jour-là, seule, loin de chez elle », chuchote son veuf, qui depuis ne cesse de vouloir voir reconnue la faute professionnelle du médecin Haut-Lévêque. « Pas par haine, mais parce que quelque chose a été mal fait et que cela ne doit plus se reproduire. »

Il s’est « senti entendu » lorsqu’il a rencontré Me Jean-Christophe Coubris, avocat spécialisé en faute professionnelle médicale. Et étayé par un rapport d’expertise de juin 2021 qui conclut que « le suivi et la prise en charge du patient n’ont pas été assurés et ont entraîné un retard thérapeutique de plusieurs heures jusqu’à l’arrivée du Samu le lendemain ». Les experts supposent une perte de 10% des chances de survie.

La CPI a estimé qu’il appartenait au CHU de réparer ces dommages. Mais l’hôpital avance qu’en raison d’un « pronostic catastrophique », le traitement « n’aurait pas pu empêcher définitivement la mort ». L’épais dossier trône désormais sur le bureau de l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux.

« M. Belin souhaite seulement que les violations soient sanctionnées et reconnues dans sa qualité de victime », demande Me Coubris. L’avocat envisage désormais des actions devant le tribunal du contentieux administratif, des poursuites pénales pour non-assistance à personne en danger et une plainte au barreau.

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Posté hier à 18:45, Mis à jour il y a 2 heuresNOS…
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