Si les crises récentes ont permis de mettre en avant les indépendants comme des acteurs incontournables de notre économie et de notre quotidien, elles ont aussi mis en lumière la précarité de leur statut. Le 16 septembre 2021, le président a dévoilé le « Plan indépendant », renouvelant sa volonté de simplifier et de protéger le statut de ces trois millions de travailleurs, qu’ils soient entrepreneurs, artisans, commerçants ou indépendants.
Revenons sur les principales mesures de ce plan dont certaines dispositions s’appliqueront à partir de janvier 2022.
Table des matières
Création d’un statut unique et protecteur pour l’entrepreneur individuel
Actuellement, deux statuts permettent l’entrée de l’entrepreneur individuel : la micro-entreprise et l’entreprise individuelle à responsabilité limitée (EIRL). La micro-entreprise, plébiscitée par la majorité des entrepreneurs, ne permet aucune protection de son patrimoine privé, à l’exception de sa résidence principale. Seul le second statut permet de protéger le patrimoine privé à l’aide d’un patrimoine d’appropriation, qui peut être saisi par les créanciers en difficulté. Le plan en faveur des indépendants est de supprimer l’EIRL mais de conserver ses avantages pour créer un statut unique et protecteur. Ainsi, par défaut, le patrimoine privé de l’entrepreneur est insaisissable et seuls les éléments « essentiels » liés à son activité professionnelle peuvent être saisis.
Faciliter le développement et la transmission des entreprises
De nos jours, les entrepreneurs ont tendance à créer une nouvelle entreprise au lieu de décider de reprendre une entreprise existante.
La transition de l’entreprise individuelle à la société doit être facilitée. L’entreprise individuelle n’a pas de personnalité juridique propre, puisque la société et l’entrepreneur ne font qu’un. La transformation en société nécessite donc la création d’une nouvelle structure juridique et l’apport ou le transfert de l’entreprise dans celle-ci. Que le changement de statut juridique soit fondé sur une volonté de transfert ou d’extension d’activité, ces mécanismes complexes et dissuasifs sont simplifiés.
Le régime des travailleurs autonomes prévoit également certaines déductions fiscales pour encourager et faciliter l’acquisition d’une entreprise, notamment dans le cas de l’achat de fonds de commerce ou de fonds fournis dans le cadre de l’administration des baux.
Renforcer et simplifier la protection sociale des indépendants
Les indépendants bénéficient aujourd’hui de la prise en charge de leurs frais de santé, mais ne sont pas couverts en cas d’accident du travail ou de maladie professionnelle. Il existe des régimes d’assurance volontaire pour couvrir ces risques spécifiques, mais le régime, jugé coûteux, ne concerne que 45 000 indépendants. Afin d’inciter les indépendants à se couvrir contre les risques pouvant gravement affecter leur activité, il est prévu de réduire le coût de cette assurance volontaire d’environ 30% et de proposer des services complémentaires.
Autre mesure phare, l’extension des conditions d’accès à l’allocation pour activité indépendante (ATI). Depuis 2019, les indépendants peuvent bénéficier d’une assurance chômage spéciale s’ils remplissent certains critères contraignants : l’activité indépendante doit avoir été exercée dans la même entreprise depuis au moins deux ans, sous peine d’une mesure de redressement ou de liquidation judiciaire.
Il est désormais ouvert aux indépendants qui ont arrêté une activité « économiquement non rentable » après que les recettes fiscales ont baissé de 30% sur un an. Les conditions de revenus pour bénéficier de cette allocation ont également été assouplies pour en ouvrir plus largement le droit.
Extension du statut de conjoint collaborateur aux concubins des chefs d’entreprise
Initialement réservé aux partenaires mariés ou pacsés, le statut de conjoint aidant est désormais ouvert aux concubins des dirigeants. Ce statut permet notamment une protection sociale complète et le paiement de cotisations de retraite en contrepartie de certains droits. Outre l’ouverture aux associés, le calcul des cotisations pour l’ouverture des droits à la retraite est également simplifié, permettant une certaine égalité entre la retraite de l’entrepreneur et celle de son conjoint.
Les situations de dépendance économique sont également contenues par la durée de cinq ans de ce statut, au-delà de laquelle le conjoint aidant doit continuer à travailler dans l’entreprise avec le statut encore plus protecteur de conjoint ou partenaire de vie salarié.
Justine Matz Justine Matz est titulaire d’une maîtrise de droit privé avancé de l’Université de Bordeaux. Elle a rejoint Legalstart pour améliorer l’accessibilité juridique et accompagner les entrepreneurs… Voir ses publications