Se lancer à son compte est plus populaire que jamais, mais existe-t-il un profil type pour ces nouveaux travailleurs indépendants ?
Je dirais qu’il n’y a pas de profil type, mais plutôt des profils types. On peut mettre en avant 4 bénéfices principaux : les personnes ayant des compétences spécifiques qui recherchent un revenu complémentaire (ou qui veulent monétiser une activité passionnelle) ; ceux qui veulent devenir indépendants pour enfin maîtriser leur emploi du temps et choisir leurs clients ; Les demandeurs d’emploi qui voient l’entrepreneuriat comme un nouveau départ ; et enfin les nouveaux travailleurs de la soi-disant « Gig Economy », qui travaillent pour des plateformes comme Uber. Contrairement aux idées reçues, cette dernière catégorie n’est pas du tout majoritaire : nous l’estimions à moins de 20 % des indépendants lors de notre baromètre, publié à l’automne 2021.
Selon vous comment s’explique cette tendance qui semble toucher toutes les couches de la société française ?
Avec le passage de la crise sanitaire et le mouvement des « grandes démissions » le salarié classique perd. Les gens recherchent plus de liberté tout en voulant faire quelque chose de significatif. On assiste donc aussi à un rejet du système de rémunération et de la relation patron/salarié. On l’a aussi constaté avec le portail auto-entrepreneur à travers un boom de la création d’entreprises dans le secteur de l’artisanat : ce sont tout simplement d’anciens salariés qui décident de se lancer à leur compte.
Créer une entreprise est une chose, la créer en est une autre. Les chiffres sont également éloquents : environ ¼ d’entre eux n’ont pas plus de 3 ans d’existence. Selon vous, quels sont les obstacles auxquels les indépendants sont actuellement confrontés ?
On le voit au quotidien : la principale chose qui manque aux entrepreneurs, ce ne sont pas les compétences et le savoir-faire, c’est différent. Parce que démarrer par soi-même n’est pas seulement l’exercice de son métier, il faut aussi maîtriser toutes les exigences annexes : gestion comptable, obligations administratives, atteindre un point d’équilibre financier… c’est exactement ce qui nous a conduit vers la comptabilité et la gestion. appelé Mon Portal. Le but? Simplifie le quotidien des entrepreneurs et leur évite de faire des erreurs.
Pour aller plus loin et traiter le problème à la source, nous avons également lancé notre propre organisme de formation des entrepreneurs éligibles au CPF : Education. Nous proposons des formations qui poursuivent un seul objectif : des personnes qui commencent à réussir en s’adaptant à leurs besoins de développement. Pour certains, il s’agit par exemple d’apprendre la gestion comptable, ou de créer un business plan ; pour d’autres, comprendre les bases du marketing digital, voire lancer un site e-commerce.
Le manque de bagage technique est-il vraiment le seul obstacle rencontré par les néo-entrepreneurs ?
Non seulement que. L’autre grand défi est le manque de sécurité que les indépendants ressentent avec leur statut. C’est actuellement leur première préoccupation : une meilleure protection sociale. Nous l’avons vu à travers un sondage lancé sur notre communauté Facebook à l’occasion de l’élection présidentielle. Les trois premières revendications sont : l’amélioration du système de retraite des indépendants, la possibilité de cotiser à l’assurance-chômage et, enfin, un meilleur accès à une plus grande partie de la vie quotidienne, qui est payée dans le cas de l’assurance-maladie et congé maternité.
Est-ce que des améliorations sont prévues par le gouvernement sur ces sujets précis ?
Pour l’instant, ce n’est pas très clair. Il y a eu quelques améliorations au cours des deux dernières années. Par exemple, les travailleurs indépendants peuvent désormais exercer leurs anciens droits acquis avec leur emploi s’ils n’ont pas encore droit aux indemnités journalières pour leur activité indépendante. Mais cela ne résout pas la question du montant des indemnités journalières si la première année s’est écoulée et que les conditions d’application n’ont pas encore été communiquées.
Il en va de même pour le chômage : il existe une Allocation aux Travailleurs Indépendants (ATI) qui expose un filet de sécurité en cas d’arrêt forcé d’activité. 800 € pour un maximum de 6 mois. Très peu utilisé par les concessionnaires automobiles, ses modalités d’attribution ont été simplifiées il y a quelques mois grâce au plan indépendant. Toutefois, cela ne remplace toujours pas le droit d’accès à l’assurance-chômage.
Et pour les retraites ?
Concernant les retraites, les choses sont encore plus simples : depuis 2020, la sécurité sociale n’annonce pas officiellement le chiffre d’affaires pour valider leurs quartiers… Alors on fait les calculs pour nos clients et notre collectivité. ! Il reste du travail à faire pour rendre le statut d’indépendant le plus protecteur possible.
Y a-t-il, à l’inverse, des accomplissements notoires à retenir ?
Absolument! Ce n’est pas parce qu’il reste encore beaucoup à faire que rien n’a été fait. Certains grands projets sont maintenant bien avancés, voire terminés. Je pense notamment au rattachement des indépendants au régime général de sécurité sociale, à la mise en place d’indemnités journalières pour les libéraux régulés, aux nouvelles dérogations CFE, à la protection du patrimoine personnel pour chaque entrepreneur individuel, aux cotisations simplifiées pour les conjoints collaborateurs. ..
Et vous, quel est votre rôle face à tous ces chantiers ?
C’est exactement notre mission chez Betao : accompagner chaque entrepreneur à chaque étape de son aventure, l’aider à lancer son projet, le gérer au quotidien, relever les différents défis et mieux comprendre le fonctionnement de sa protection sociale. Nous aidons même les plus ambitieux à créer leur entreprise, avec notre filiale Simplitoo. Bien sûr, nous ne pouvons pas remplacer le gouvernement et nous ne pouvons pas changer la loi. Mais depuis 2014, nous avons déjà accompagné plus de 250 000 entrepreneurs. En les formant, les informant et les accompagnant de manière personnalisée, nous avons gagné une sécurité : les Français ont tout ce qu’il faut pour réussir dans l’entrepreneuriat et s’envoler… Talent, Energie et créativité. Parfois, ils ont juste besoin d’un peu d’aide !