« Je n’aurais jamais fait ce projet fou sans JP »

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Written By Sophie Ledont

Rédactrice passionnée qui a vécu dans plus de 25 pays toujours à la recherche de la dernière information.

Publié le 13 juillet 2022 à 18:00 M. Mis à jour le 13 juillet 2022 à 18:40 M.

« En 2010, fraîchement sorti de l’école d’ingénieurs Epita, je m’envole pour New York pour effectuer un stage chez 24/7 Media, une plateforme de régie publicitaire digitale. Cette fois, je rencontre Jean-Pierre Ocalan, mon maître de stage pendant six mois. »JP « , diplômé deux ans plus tôt de la même école, m’a pris sous son aile.

Tous deux français expatriés à l’étranger, loin de nos familles et amis respectifs, une amitié s’est forgée au-delà du cadre professionnel. Très vite, la mégalopole américaine nous séduit par son énergie bouillonnante.

Créer un logiciel en 48 heures

Créer un logiciel en 48 heures

Au bureau, on partage surtout la même vision dans la manière de coder. Nous sommes aussi très directs au travail comme dans la vie. Un premier défi commun dans l’entreprise a mis à l’épreuve notre façon de travailler en couple et aussi notre amitié. En 24/7 nous lançons un projet interne : créer notre propre logiciel en 48h pour ne pas avoir recours à un prestataire. Mission accomplie. Ce projet était la base de l’avenir.

Une telle expérience à l’étranger est un accélérateur de vie et d’amitié. Sans aucun doute, cela a structuré mon aventure d’entrepreneur. Au total, nous avons travaillé ensemble pendant trois ans et demi, 24 heures sur 24. JP est resté à New York pour faire de la publicité. Moi, un an chez Bloomberg. Ensuite, j’ai navigué vers le ciel plus chaud de Barcelone.

Même si nos chemins se sont séparés, je suis resté en contact avec mon collègue devenu ami. Las du salaire, à 26 ans, j’ai tenté l’aventure d’entreprendre avec Hugo Allary, que j’ai rencontré lors d’une soirée à New York, grâce à un ami commun. Ce dernier me met le pied à l’étrier. Il me propose de m’aider à créer un site d’échange de maison en points (racheté depuis par Home Exchange).

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L’amitié : un moteur pour entreprendre

L'amitié : un moteur pour entreprendre

J’en profite pour me lancer dans l’entrepreneuriat. Toujours à l’écoute, JP nous prodigue également ses conseils à distance sur le code et les fonctionnalités du site. J’y vois surtout un problème gigantesque qui servira de prémisse à la création de ma deuxième société : la galère d’une comptabilité avec des documents éparpillés dans différentes bases de données. En bon « geek » cherchant à tout automatiser, je pense qu’on pourrait créer un outil pour les entreprises qui simplifie cette comptabilité.

En 2016, toujours de Barcelone, je décide de créer l’assistant comptable en ligne : iPaidThat. Les planètes s’alignent lorsque JP revient à Paris et cherche un emploi. Bien sûr, je lui ai tout de suite proposé de concevoir avec nous cette nouvelle plateforme.

On a commencé à trois avec JP et Hugo (qui a un profil plus marketing). Pour cela nous avons levé 100 000 euros de fonds auprès d’un Business Angel et d’amis, montant que nous avons doublé en contractant un emprunt auprès de la banque.

Des amis (et collègues) complémentaires

Des amis (et collègues) complémentaires

Avant de nous lier d’amitié avec JP, nous étions collègues et nous savions très bien que notre compréhension du code et notre goût du challenge étaient notre force. Nous sommes aussi complémentaires et ravis d’entreprendre enfin ensemble. JP est un perfectionniste et j’aime lancer et vendre des produits rapidement.

Dans cet esprit, nous codons à tour de rôle pour aller plus vite. Comme naviguer sur la mer, nous nous relayons jour et nuit pour construire notre outil et amener le navire au port. C’est une relation de confiance où chacun fait sa part pour créer de la « techno ». Nous parlons le même langage, ce qui nous fait gagner un temps précieux sur les choix techniques.

C’est l’essence même de notre amitié : lorsqu’un problème surgit, on se parle franchement et on met tout sur la table pour avancer. Nous avons deux caractères forts. Il n’y a rien de non-dit.

De Barcelone à Paris

De Barcelone à Paris

iPaid, qui a été créé en juin 2017. Nous avons eu notre premier client début 2018. Notre cible principale est le marché français, donc travailler à Barcelone me semble de moins en moins adapté. Je décide donc de rentrer à Paris et de rejoindre JP, car il faut structurer l’entreprise, la faire grandir et recruter de nouveaux talents. C’est aussi le moment où Hugo quitte l’aventure.

En 2019, lors de notre première levée de fonds (8 millions d’euros), nous recherchions un CMO (Chief Marketing Officer). Lors du processus de recrutement, nous rencontrons Anne-Sophie Laignel. Femme issue de l’entreprenariat et animée par l’amour du voyage (co-fondatrice du site marchand The Hobo Society, devenu décoration pour Milk). C’est un vrai coup de foudre !

Anne-Sophie est la « force silencieuse » de notre trio. Elle a structuré l’entreprise et gère désormais les opérations. Son intelligence émotionnelle nous a aussi permis de comprendre comment nous concevions le recrutement des « forces vives » qui devaient nous rejoindre. En 2020, elle est nommée PDG puis associée.

Pensez « friend skills » plutôt que « soft skills »

Pensez « friend skills » plutôt que « soft skills »

Si notre amitié a aidé à lancer iPaidThat en orbite, nous nous sommes demandé, au-delà des compétences techniques, avec qui nous aimerions travailler. On se dit, peut-être avec bienveillance, qu’on aimerait recruter des gens qui pourraient être nos amis. C’est devenu notre fil rouge pour les RH.

Nous avons bâti une entreprise de 30 personnes aux profils jeunes et internationaux. Inconsciemment, nous avons recréé ce que nous avions vécu à New York : être étranger dans un pays pour s’ouvrir aux autres et créer du lien.

Notre entreprise est devenue un creuset où « les amis se fondent », pour reprendre les mots de l’humoriste Jamel. Liban, Italie, Chine, Maroc, Brésil, Pérou, Corée du Sud… Au total dix nationalités. Une communauté de jeunes talents devenus amis. Chaque jeudi est un rituel : soirée d’entreprise. Personne ne s’en écarte. Il y a un esprit fraternel, voire familial.

Selon moi, l’amitié fonctionne dans les affaires car elle implique l’honnêteté et l’ouverture dans les relations humaines. Avec le recul, l’entrepreneuriat est une aventure incroyable qui met aussi à l’épreuve l’amitié. Je n’aurais jamais fait ce projet fou sans JP. Je ne pense pas que vous puissiez démarrer une entreprise avec tous vos amis, mais démarrer une entreprise avec un ami est probablement plus facile… »

À noter

Si toi aussi tu as une belle (ou moins belle) histoire à raconter, n’hésite pas à nous contacter : redaction-start@lesechos.fr Et pour lire d’autres témoignages inspirants, c’est ICI.

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