Deepfake de Donald Trump. Crédit : YouTube/UC Berkeley
A partir du 10 janvier 2023, une nouvelle loi régissant les « technologies de synthèse » entrera en vigueur en Chine. Cette expression fait référence au « deepfaking » ou hyperfaking, une technique qui permet la manipulation de contenus audio et vidéo à l’aide de l’intelligence artificielle. Cette technologie peut être utilisée à des fins promotionnelles et de désinformation. La Chine veut se protéger contre les utilisations contraires à ses intérêts. Cette réglementation émane de la Cyberspace Administration of China, l’autorité en charge de la régulation d’Internet.
La loi comprend plusieurs propositions majeures :
Petit à petit, le pouvoir chinois fait son nid
Règlement après règlement, le gouvernement chinois resserre son emprise sur le secteur technologique. Des géants de la technologie comme Tencent et Alibaba ont vu leur entreprise souffrir de la répression numérique de Pékin. Depuis 2020, plusieurs lois, notamment des réglementations anti-trust, ou concernant l’utilisation des données personnelles, visent à réglementer les activités des acteurs technologiques chinois. Dans le même temps, la Chine veut également anticiper l’expansion des technologies émergentes, en réglementant l’utilisation de la reconnaissance faciale privée et des deepfakes.
Un jeu d’équilibrisme entre régulation et innovation
Les autorités chinoises tentent de profiter des outils technologiques en les envoyant au service de la vision du Parti. Le pouvoir politique espère donc construire une société stable et prospère, dans le respect du contrat social chinois : amélioration continue du niveau de vie contre l’absence de remise en cause de la légitimité des institutions. Surtout, le régime veut prévenir toute contestation, notamment virtuelle, en contrôlant totalement Internet.
Pour autant, Pékin veut garder sa place dans la course technologique mondiale et ne renonce pas à l’usage de l’hyper-gréement. Les entreprises devront donc se conformer aux dispositions du texte, et seront soumises à un audit de sécurité.
La difficile régulation des deepfakes
Deux chercheurs considèrent que la future loi est incomplète. Entre autres, la procédure d’obtention du consentement de l’individu dont l’image est utilisée n’est pas expliquée et l’étiquetage des deepfakes, qui est obligatoire, peut être facilement modifié grâce à un nouvel encodage.
Les mois à venir seront riches d’enseignements pour le régime de Xi Jinping, ainsi que pour d’autres puissances, comme les États-Unis et l’Union européenne, où la régulation du deepfake est encore incomplète.