La députée Stéphanie Rist : « Les médecins doivent garder le…

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Aucun des deux partis n’a voté contre le projet de loi sur l’accès aux soins présenté par la députée de la Renaissance Stéphanie Rist lors de son examen par la Commission des affaires sociales de l’Assemblée. Le texte sera désormais débattu en salle plénière mercredi soir et jeudi. Parmi les professionnels de santé concernés, certains médecins restent farouchement opposés à cette proposition qui vise à lutter contre les déserts médicaux.

Vous êtes à l’origine d’un projet de loi pour lutter contre les déserts médicaux et favoriser l’accès aux soins. Pouvez-vous nous expliquer en quoi il consiste?Le projet de loi a deux objectifs: améliorer l’accès aux soins en libérant du temps des médecins et améliorer la qualité des soins aux patients en favorisant la collaboration entre les professionnels. Cela inclut les infirmières avancées, les kinésithérapeutes et les orthophonistes pouvant prescrire des traitements, des actes qu’ils ne sont pas autorisés à prescrire aujourd’hui. Bien entendu, ces exigences sont déterminées par décret en fonction de la qualification. Ce sont des infirmières qui ont une formation universitaire avec des diplômes d’études supérieures, c’est deux ans en plus de leur diplôme d’infirmière et de leur expérience en soins infirmiers, deux ans de maîtrise. Cela signifie que le patient peut s’adresser directement à eux au lieu d’aller d’abord chez le médecin. Cet accès direct s’effectue dans le cadre d’un exercice coordonné, soit en EHPAD, soit en centre de santé… Toujours en liaison avec le médecin. Le médecin reste au centre du parcours du patient, mais ne sera pas le premier à être vu sur le parcours du patient. De plus, nous créons un nouveau métier, le métier d’assistante dentaire de niveau 2. Ce sont des assistantes dentaires qui sont formées dans les petits dossiers du dentiste. Toujours avec l’idée de gagner du temps médical et donc du temps pour les dentistes. Ces assistantes dentaires formées peuvent, par exemple, enlever le tartre à la place du dentiste, mais toujours dans le cabinet dentaire.

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Le médecin reste au centre mais n’est pas vu en premier

Pourquoi ces praticiens en particulier, car ils ont les compétences dans le cadre de leur formation. Par exemple, les kinésithérapeutes ont un accès direct aux modules de formation. Dans ce projet de loi, et c’est pourquoi il s’intitule « Faire confiance aux professionnels », on leur fait confiance parce qu’ils l’apprennent au cours de leurs études.

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Quels seraient les bénéfices d’un tel transfert de compétences ? Pourquoi est-ce nécessaire? Il est nécessaire d’accélérer l’amélioration de l’accès aux soins. Cela ne résout pas tous les problèmes. Ce projet de loi fait partie d’une série d’éléments de base que nous commençons à mettre en oeuvre. Nous progressons par rapport à d’autres pays qui font depuis longtemps davantage confiance aux autres professionnels de la santé. Par exemple, aux États-Unis, les infirmières en pratique avancée existent depuis 1962.

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Ces professions ne sont pas des « petits docteurs »

Le but est aussi de lutter contre les déserts médicaux… Lorsque le patient est vu en parallèle avec un médecin et une infirmière en pratique avancée, le médecin a plus de temps pour s’occuper d’autres patients. Le médecin se concentre à nouveau sur son expertise. Ces professions ne sont pas des « petits médecins » mais se complètent. C’est une urgence due aux déserts médicaux. Il y a très peu d’endroits en France où il est facile d’obtenir un rendez-vous chez un médecin généraliste. Ils sont de plus en plus nombreux à prendre leur retraite par rapport aux médecins formés et comme la fin du numerus closus n’est pas imminente, des solutions doivent être trouvées. Le gain de temps pour les médecins en fait partie.

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De nombreux groupes professionnels et syndicats de médecins ont pris position contre ce projet de loi. Ils pensent, entre autres, que cela pourrait engendrer une « médecine à deux vitesses ». Leurs arguments sont-ils justifiés ? En France, le médecin a le monopole du parcours du patient sur ordonnance. Les médecins veulent garder ce monopole. De plus, il n’y a pas encore beaucoup de connaissances sur la profession infirmière avancée car il s’agit d’une jeune profession. J’ai entendu des médecins absolument désespérés qui pensent que ces aides-soignants sont des sous-hommes. Mais il y a des médecins qui veulent aussi aller de l’avant, notamment un syndicat d’internes qui soutient le texte. Chez les plus jeunes il y a ce désir de collaboration entre professionnels.

En France, le médecin a le monopole du parcours du patient

En commission des affaires sociales de l’Assemblée, les députés ont réclamé un plafond de cinq séances en accès direct pour les kinésithérapeutes. Comment ça, c’est un peu court. Il serait compliqué pour le patient de commencer à aller chez le médecin et de revenir chez le kinésithérapeute car cinq séances ne suffisent souvent pas. Un autre amendement propose dix sessions. Nous verrons comment le texte se développera dans le demi-cercle.