Par Amélie Petitdemange, publié le 21 février 2022
Le système, qui a été créé en février dernier et offre un soutien psychologique gratuit aux étudiants, souffre de bureaucratie et d’un manque de spécialistes. Les syndicats étudiants réclament un plan de santé mentale durable.
Le « bilan psych » créé par le gouvernement en février dernier a été prolongé jusqu’au 31 août 2022. La facilité, accessible sur santepsy.etudiant.gouv.fr, donne droit à huit séances gratuites de 45 minutes. En un an, près de 18 000 étudiants ont été accompagnés et près de 66 000 sessions ont été réalisées. Au total, 1 164 psychologues et psychiatres sont disponibles dans 53 universités partenaires.
Le bilan est loin d’être suffisant, juge Mélanie Luce, présidente du syndicat étudiant UNEF. « 17 800 étudiants, c’est une petite université. Par rapport aux 2,8 millions d’étudiants français, c’est petit. Faisons un constat amer : en cas d’urgence, le lancement a été lent. »
Si l’UNEF juge l’initiative bonne, le syndicat s’opposera à sa mise en œuvre. Il plaide également pour un « véritable plan étudiant de santé mentale » qui intègre la psychanalyse, ainsi que la médecine générale et la gynécologie avec davantage de partenaires.
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Manque de psychologues
Laurent Gerbaud, président de l’ADSSU (Association des directeurs des services universitaires de santé), partage le même avis. « Sur le principe, c’est une bonne idée. Mais sur la forme, c’était compliqué. Nous sommes une structure publique, les psychologues libéraux ne sont pas habitués à notre façon de travailler. Il a fallu un mois pour conclure correctement les contrats », avoue-t-il.
Tout en accélérant le rythme après un démarrage quelque peu lent, de nombreux psychologues libéraux quittent maintenant le système en raison de la charge de travail. « C’est l’un des problèmes : il y a moins de psychologues que de candidatures étudiantes », note Laurent Gerbaud. A l’université de Clermont-Ferrand (63), la file d’attente est en moyenne de 78 personnes, soit environ trois semaines avant d’obtenir un rendez-vous.
Un faible recours au dispositif
Dans son rapport 2022, la Cour des comptes souligne que la mise en place des tests psychologiques dans ce domaine a été entravée par la lourdeur de sa gestion administrative et financière pour les universités, ainsi que par l’absence d’accord entre les psychologues. assurance santé ».
Il note également la faible utilisation du système par rapport au nombre d’étudiants qui pourraient avoir besoin d’un soutien psychologique. Sous-utilisation du dispositif, qui peut être liée au manque de personnel et au fait que toutes les universités n’ont pas adhéré au dispositif. La Cour des comptes souligne deux autres facteurs : la méconnaissance du dépistage en santé mentale et la faible propension des jeunes à recourir aux services de professionnels de la santé mentale.
« Ce dispositif, prometteur, semble insuffisamment développé, compte tenu des conditions dépressives qui sévissent chez les jeunes et notamment les étudiants, qui auraient été encore amplifiées par la crise », évaluent les sages de la rue Cambon.
Selon les données françaises de santé publique, 20 % des 2,78 millions d’étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur en 2020-2021, soit environ 500 000 étudiants, sont susceptibles de souffrir de dépression.
Nombre de séances insuffisant
La psychologue Jessica Sautron a refusé de participer au dispositif. « Nous sommes nombreux à avoir boycotté le ‘bilan psychiatrique’. Pour en bénéficier, un étudiant doit se rendre chez son médecin ou au service de santé universitaire, puis aller chercher un psychologue, puis prendre rendez-vous. Tout cela pour trois séances. Y compris parce que le ‘psych check’ est passé à huit séances. C’est fou ! » Il confirme également que certains des psychologues participants ne poursuivent pas l’expérience principalement en raison de la lourdeur administrative.
Selon le psychologue, il faut généralement trois séances pour entrer dans le processus de thérapie. « Et ce n’est pas au bout de trois ou six séances que les troubles anxieux ou dépressifs sont résolus. Donc l’élève s’investit dans ces quelques séances, mais comment continue-t-il ensuite ? »
Le « chèque psy », un simple palliatif
La FAGE, qui prône le « contrôle psychique », trouve sa mise en œuvre « assez désastreuse ». « Les démarches pour y parvenir sont lourdes et la communication sur l’appareil laissait à désirer. Nous sommes déçus. Nous espérions un déploiement plus efficace et un plus grand nombre de bénéficiaires », commente son président Paul Mayaux.
Pour deux syndicats étudiants, un psychologue et le président de l’ADSSU, cette mesure est un soulagement. Ils réclament des mesures permanentes, comme le recrutement de psychologues dans les centres de santé universitaires et le remboursement des séances par l’assurance maladie pour tous.
« Le ministre avait annoncé l’embauche de psys, mais nous n’avons pas les résultats de cette mesure », note Mélanie Luce. Selon le président de l’UNEF, la communauté universitaire a besoin d’être formée aux premiers secours en santé mentale.