Le concours iNov, une des vitrines de l’innovation française

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Photographie : Shridhar Gupta/Unsplash.

De l’IA au service de la relation client, à la création de panneaux solaires combinant électricité photovoltaïque et énergie thermique, en passant par des outils d’aide au diagnostic médical, le concours iNov a permis de financer les projets de plus de 500 start-up. -en haut. Cette année 2023 commence avec l’annonce des 53 projets sélectionnés dans le cadre de la neuvième vague du concours iNov. Au total, 183 candidatures ont été déposées entre le 19 janvier et le 22 mars 2022.

Pour cette vague « IX », 56,3 millions d’euros ont été reversés aux start-up et PME lauréates pour les aider à développer leur projet. Depuis 2017, l’État finance ce concours d’innovation piloté par la banque publique d’investissement Bpifrance et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).

Chacune de ses innovations est classée dans l’une des trois sections du concours. i-Phd et i-là qui ciblent les start-up et incitent doctorants et chercheurs à créer leur propre structure, et i-Nov qui valorise les entreprises déjà en place et cherche à accélérer leur croissance. Lors des dernières vagues, l’État a décidé de privilégier quatre thématiques en particulier : la santé, le numérique, l’énergie, les ressources et milieux naturels, ainsi que les transports, la mobilité, la ville et les bâtiments durables.

Le concours iNov pour modeler les usages urbains de demain

Pour le thème transports, mobilité, villes et bâtiments durables, huit projets ont été récompensés. L’un d’eux s’intéresse aux vélos électriques urbains. Le projet BikeOps vise à développer un système d’exploitation pour concevoir des vélos électriques sur mesure pour chaque commune. Ces derniers auraient la possibilité de choisir les composants de leur vélo électrique et d’embarquer une IA permettant notamment de tracer le véhicule ou de gérer les réservations.

Un tel outil favoriserait l’intégration des vélos électriques urbains en libre-service alors qu’ils peinent à se démocratiser. Si des villes comme Paris, depuis 2019, ou Marseille, depuis décembre 2022, proposent un tel service, la solution BikeOps pourrait en inciter d’autres à franchir le pas.

Le libre-service n’est pas toujours la panacée, d’autres solutions de transport en commun existent, encore faut-il s’y retrouver. Google propose des vues immersives pour les touristes qui souhaitent visiter et découvrir facilement des lieux d’intérêt, notamment des stations de métro ou de tramway.

Cette option n’existe pas encore en France, une brèche dans laquelle Okeenea Digital s’est immiscé. Son application INKLUS-if informe le public sur toutes les informations qu’il doit connaître sur les transports en commun ou les lieux recevant du public, notamment ceux adaptés aux personnes en situation de handicap. iNov a récompensé une alternative inclusive et française à Google, un challenge, mais en phase avec l’ère de la souveraineté numérique.

Avec la souveraineté numérique, la sobriété énergétique est l’autre priorité du moment. Le gouvernement français a imposé un arrêté obligeant les villes à mettre fin aux publicités lumineuses sur leur territoire depuis le 5 octobre 2022. Afin d’accompagner les collectivités locales dans le respect de ces mesures, la société NRGYBox propose une solution de gestion de l’éclairage urbain.

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L’innovation à la française au service de l’écologie

D’ici 2050, l’Union européenne vise à devenir une économie à faibles émissions de carbone. L’année dernière, les pays européens ont battu un record de production d’énergie solaire et éolienne. Cette utilisation d’énergie propre a été stimulée par la baisse des importations de gaz russe vers l’Europe induite par les sanctions de l’UE en réponse à l’invasion de l’Ukraine.

La focalisation du concours iNov sur les énergies, les ressources et les milieux naturels gagne en intérêt. Le projet Fusion IA porté par Biodiv-Wind vise à exploiter le deep learning. Grâce à cette branche de l’IA, l’entreprise souhaite développer et installer sur l’ensemble du parc éolien français, un système de détection de la faune volante.

Les éoliennes sont très efficaces pour produire de l’électricité à partir du vent, mais ces machines sont relativement fragiles malgré leur taille immense. La moindre perturbation peut entraver leur fonctionnement et la production d’énergie pour la population qui en bénéficie. D’autre part, ces installations ont un impact sur la biodiversité. Une étude menée par la Ligue pour la protection des oiseaux recense 250 000 chauves-souris et 60 000 oiseaux morts en 2017. En moyenne, une éolienne tue 30 chauves-souris et 7 oiseaux chaque année.

Avec l’outil bientôt développé par Biodiv-Wind, si un oiseau s’approche de l’éolienne, les opérateurs auront deux options pour éviter ou atténuer la collision. Premier choix : ils pourront réguler la vitesse de la machine pour que le choc ne se produise pas à une vitesse trop élevée. Deuxième choix : dissuader l’animal d’aller plus loin en diffusant des sons désagréables, ce qui l’éloignera du parc éolien.

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iNov a récompensé un autre projet encourageant la sobriété énergétique. Pulse50 dirigé par ENTENT. Alors que dans une centrale nucléaire, la séparation des atomes produit la chaleur qui permet à l’eau de se transformer en vapeur et de faire tourner les turbines, ENTENT ne compte pas sur l’uranium pour générer ces hautes températures.

La start-up souhaite mettre en place une machine à cycle organique de Rankine. Cette machine thermodynamique utilise des composants organiques pour chauffer l’eau et faire fonctionner des générateurs qui produisent de l’électricité. Comme pour Pulse50, les composants organiques utilisés seront des déchets thermiques à basse température des industriels adhérant au projet et collectés spécifiquement pour faire fonctionner la machine.

Le numérique pour répondre à des problématiques diverses et variées

Comme le montre le thème de l’énergie, le concours iNov invite les participants à répondre à une question d’actualité. Le minage de crypto-monnaie en fait partie. Le procédé est énergivore et contraire à la politique de sobriété énergétique menée par l’Union européenne. Plusieurs États dans le monde envisagent ou ont déjà interdit l’exploitation de ces actifs. C’est le cas de la Chine, qui l’a totalement interdit en juin 2021 pour des raisons écologiques. En Suède, plusieurs entités veulent son interdiction et veulent même l’étendre à toute l’Union européenne.

La start-up Sesterce France Labs propose le projet Arx pour favoriser la poursuite de l’exploitation minière tout en faisant attention à l’énergie dépensée. La start-up veut proposer des équipements de minage de crypto-monnaies sur la blockchain basse consommation, « A terme, ce serveur sera basé sur des composants électroniques asynchrones, totalement en décalage avec l’électronique moderne, et l’IA d’optimisation du minage ».

Le projet Caviar initié par Docent place l’intelligence artificielle au centre du processus de décision des acheteurs d’œuvres d’art. Ce modèle vise à améliorer la qualité de la recommandation d’œuvres d’art. Ces dernières années, l’art et le numérique ont tenté de coexister avec plus ou moins de succès. L’Open AI américain a développé DALL-E puis DALL-E 2, son modèle d’IA de génération d’images à la demande.

Contrairement à ces outils, Caviar ne concevra pas d’illustrations personnalisées. Il prendra en compte les caractéristiques de tous les tableaux mis en vente afin de les proposer à un acheteur. En fonction des envies, l’outil proposera des œuvres adaptées, qui favoriseront la découverte d’artistes émergents sans que l’IA ne les remplace. Une manière de répondre aux vives polémiques suscitées par la question de l’attribution d’une œuvre d’art grâce à l’intelligence artificielle.

Les dernières technologies n’échappent pas au regard d’iNov. Le projet Your Playground vise à développer un métaverse décentralisé dédié aux créateurs de contenu et à leur communauté. Si aujourd’hui, de nombreux créateurs de contenus interagissent avec leurs fans via les réseaux sociaux, Novaquark permet d’aller plus loin en s’immisçant dans le métaverse, considéré comme l’une des technologies émergentes du début de la décennie.

La santé, l’une des priorités du concours iNov

Avec 24 projets retenus, le secteur de la santé est celui qui intéresse le plus l’Etat. Parmi tous les projets, ceux qui permettent de prédire certaines maladies comme le cancer sont nombreux. Le projet IA Vik porté par la société Wefight vise à développer des assistants virtuels pour les patients atteints de cancer ou de maladies chroniques. L’outil prévient efficacement et à distance tout risque de complication ou de rechute afin d’accompagner le patient dans une prise en charge plus adaptée.

Dès qu’un traitement a été proposé au patient, il est indispensable que ce dernier le suive à la lettre. C’est là qu’intervient le projet Interacttwin monté par ExactCure. Il propose un outil d’IA qui guide pas à pas le patient pour qu’il prenne correctement ses médicaments. Un jumeau numérique est utilisé pour personnaliser les traitements médicaux au patient. Les jurés du concours iNov se sont concentrés sur le développement de solutions pour accompagner patients et médecins dans leurs tâches quotidiennes. Un enjeu important pour lequel le numérique peut avoir un impact décisif.

Depuis cette neuvième vague, les start-up lauréates sont également financées grâce au plan d’investissement France 2030. Pour répondre aux grands enjeux de notre société, le gouvernement mise sur les acteurs de la tech et espère faire émerger de futurs champions technologiques. 15 milliards d’euros seront ainsi consacrés au développement de la tech et de l’innovation et une partie servira à récompenser les lauréats du concours iNov.

La vague « X », ouverte du 4 juillet au 28 septembre 2022, et la vague « XI » qui a été lancée le 10 janvier 2023, porteront sur les mêmes thématiques que cette vague neuf. L’objectif sera toujours de contribuer à l’ambition de souveraineté technologique et de favoriser l’émergence de grands champions français capables de changer notre quotidien et de façonner le monde de demain.