Ecrit par Matthieu Barry, publié le 14/06/2022 à 16:28:38
Si le juge souhaite qu’un entrepreneur individuel, dans le cadre de la procédure de divorce, quitte son domicile familial, alors ce dernier n’est plus sa résidence principale et il peut être confisqué par ses créanciers professionnels.
Lorsque la jouissance exclusive de la résidence principale de l’employeur, dont le conjoint est propriétaire, est associée au conjoint de l’entrepreneur lors du divorce, cette résidence perd le bénéfice de l’exemption légale de forclusion. ©Getty Images
Dans le cadre de la procédure de divorce, les épouses des entrepreneurs individuels jouissent en exclusivité de la maison familiale dont elles sont propriétaires. Après la mise en liquidation judiciaire de l’entrepreneur, le liquidateur demande au juge-commissaire de l’autoriser à vendre l’immeuble aux enchères publiques.
Le tribunal de grande instance de Lyon a jugé cette demande irrecevable, estimant que la décision du tribunal accordant à l’épouse la jouissance exclusive de la résidence familiale était sans effet sur le droit de l’entrepreneur sur l’immeuble et sa levée légale de la confiscation. Rappelons que les droits de l’entrepreneur individuel sur l’immeuble où se situe sa résidence principale sont exonérés de confiscation par son créancier professionnel (C. com. art. L 526-1).
Attention, depuis le 15 mai 2022, le nouveau statut d’entrepreneur individuel protège tous les biens personnels de l’entrepreneur, et pas seulement la résidence principale de l’entrepreneur individuel. Cette nouveauté ne s’applique qu’aux créances nées après cette date pour les entrepreneurs ayant exercé des activités sous le statut d’entreprise individuelle.
Perte d’insaisissabilité du logement …
La Cour de cassation a condamné cette décision dans un arrêt du 18 mai 2022. En effet, lorsque, lors de la procédure de divorce de deux époux dont l’un était indépendant, le juge aux affaires familiales a ordonné que leurs résidences soient séparées et remises aux contractants. conjoint. la jouissance de la maison familiale, résidence principale de l’entrepreneur, avec laquelle la procédure collective a ensuite été ouverte, n’est plus située dans l’immeuble appartenant au conjoint où habite le ménage.
Dès lors, les droits dont il dispose sur les biens ne sont plus exempts de confiscation par les créanciers dont les droits naissent dans le cadre de leurs activités professionnelles.
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… si la jouissance exclusive est attribuée au conjoint …
Dans le cadre d’un divorce légal, le juge peut agir provisoirement dès le début de l’événement. Il peut notamment arrêter les modalités de résidence séparée des époux et accorder à l’un d’eux la jouissance du logement du ménage ou partager cette jouissance entre eux, déterminer si elle est gratuite ou non et, le cas échéant, en tenant compte de la accord des époux sur le montant de la pension alimentaire logement (C. civ. articles 255, 3o et 4o).
Si, selon ces dispositions, la jouissance exclusive d’une résidence, dont le conjoint est propriétaire, est accordée au conjoint de l’entrepreneur, cette résidence ne sera plus la résidence principale de l’entrepreneur, perdant ainsi le bénéfice de l’invulnérabilité juridique.
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… avant la procédure collective
Dans cet arrêt, la Cour de cassation a pris soin de noter que ces pertes sont survenues avant l’ouverture de la procédure collective de l’entrepreneur. Le logement, qui ne bénéficie plus de la dérogation légale, est donc arrêté dans le cadre de cette procédure.
Reste à savoir si tel serait également le cas si l’attribution exclusive de la jouissance au conjoint de l’entrepreneur avait été prononcée après l’ouverture de la procédure collective.
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