Plusieurs dispositions du projet de loi sur le pouvoir d’achat, actuellement à l’examen à l’Assemblée nationale, prévoient des exonérations du paiement des cotisations sociales et donc une diminution des revenus sociaux.
Afin de préserver le pouvoir d’achat des Français, le gouvernement a décidé d’agir sur la base des prix – avec un bouclier tarifaire et une remise à la pompe – et sur les revenus. Le projet de loi sur le pouvoir d’achat prévoit une hausse du point d’indice pour les fonctionnaires, une hausse des allocations pour les retraités et celles sur les minima sociaux… Et des cotes de crédit pour les salariés du secteur privé.
L’article 1 du texte, qui a suscité de vives discussions à l’Assemblée dans les derniers jours avant l’adoption de mardi, prévoit la mise en place d’une « prime de partage de la valeur ». Ce dispositif est le nouveau nom de la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat (Pepa), aussi appelée « prime Macron », qui a été créée en réponse aux revendications des gilets jaunes et qui est renouvelée chaque année depuis la crise sanitaire.
Comme promis par Emmanuel Macron lors de l’élection présidentielle, cette mesure deviendra permanente, et son plafond sera triplé : jusqu’à 3.000 euros par salarié quels que soient les avantages, comme le souhaitaient les employeurs (jusqu’ici elle était réservée à ceux qui gagnent moins de trois Smic), et même 6 000 euros dans les entreprises qui ont un accord d’intéressement.
Auparavant, l’ancienne prime Macron était totalement désocialisée et défiscalisée, c’est-à-dire qu’aucun impôt, redevance ou cotisation n’était prélevé, ni de la part de l’employeur, ni de la part du salarié. Désormais, la CSG (contribution sociale généralisée), la CRDS (contribution pour le remboursement de la dette sociale) et l’impôt sur le revenu lui seront calculés, tout comme pour la participation aux bénéfices. Aussi, le forfait social (cotisation de 20% sur le compte de l’employeur) sera cette fois strict pour les entreprises auxquelles il s’applique.
Cependant, le gouvernement a ajouté une règle temporaire : les primes versées avant le 31 décembre 2023 aux salariés qui perçoivent moins de trois Smic seront exonérées de CSG, CRDS et d’impôt sur le revenu.
Les dirigeants souhaitent également inciter les entreprises à verser l’intéressement, qui est un plan d’épargne salariale lié aux résultats ou à la performance de l’entreprise. A cet effet, dans l’article 3 du projet de loi, que les députés ont également adopté mardi, l’employeur est habilité à décider unilatéralement d’instaurer un tel système dans les entreprises de moins de 50 salariés en cas d’échec des négociations. ou en l’absence d’institutions représentatives du personnel.
Le gouvernement poursuit donc une politique entamée lors du précédent quinquennat et visant à généraliser au maximum l’intéressement. Pour ce faire, il a misé sur une incitation fiscale en modifiant les modalités d’utilisation du forfait social avec la loi Pacte de 2019. Depuis, ce prélèvement est payé par l’employeur, dont le taux est passé de 2% à 20% introduit en 2009, totalement supprimé en août 2012 pour les entreprises de moins de 50 salariés et supprimé l’intéressement pour les entreprises de moins de 250 salariés.
Des primes versés surtout dans les grandes entreprises
Aujourd’hui, l’intéressement reste essentiellement un avantage des grandes structures : plus d’un tiers des entreprises disposent d’un dispositif en 2020 selon la Dares, mais cela ne concerne que 5 % de celles qui ont moins de 10 salariés et 12 % de celles qui ont entre 10 et 49 employés. En revanche, environ la moitié des entreprises de 250 à 499 salariés, voire 70 % de celles de plus de 1 000 salariés, ont mis en place un tel dispositif.
Le gouvernement a décidé de tripler le plafond du bonus tout en l’ouvrant aux hauts revenus. Assez pour le bien-être des plus riches, qui ne sont pas les plus nécessiteux
De plus, le rendement de ce dispositif est relativement concentré : alors que les 10 % de salariés qui percevaient les salaires les plus élevés se partageaient 27 % de l’ensemble des salaires versés, les 10 % de salariés qui percevaient des primes d’intéressement représentaient la part la plus importante de 35 % de tous les bénéfices. – primes de partage versées, selon l’étude INSEE 2013.
La prime Macron a peu ou prou les mêmes caractéristiques. En 2018-2019, 17 % des entreprises de moins de 10 salariés ont payé la première version, contre 58 % de celles de plus de 1 000 salariés, selon l’Insee. Au total, environ 5 millions de salariés en ont bénéficié, soit un montant moyen de 401 euros. Le doublement du plafond à 2 000 € pour les entreprises ayant un accord d’intéressement a incité les employeurs à donner un peu plus en 2021, avec un montant moyen cette fois à 506 €, indique le gouvernement. On est encore loin du potentiel des 1 000 ou 2 000 euros.
Ce versement moyen devrait encore augmenter avec la loi sur le pouvoir d’achat, car davantage de salariés y seront éligibles : comme indiqué plus haut, il pourra désormais également être réclamé par ceux qui perçoivent plus de trois Smics (soit plus de 5 000 euros brut). En résumé, le gouvernement a décidé de tripler le plafond du bonus tout en l’ouvrant aux hauts revenus. Assez pour le bien-être des plus riches, qui ne sont pas les plus nécessiteux.
Accorder des primes plutôt que des augmentations
Non seulement ces bonus n’affecteront pas tout le monde, mais ils mettront également à rude épreuve les comptes publics. Alors que le gouvernement s’attend à une hausse des recettes fiscales, notamment sur les salaires, en partie du fait de la baisse du chômage et des négociations salariales, « il y a des risques sur les performances de beaucoup [elles] », prévient le Haut conseil des finances publiques dans un avis rendu le 7 juillet. , mentionnant plusieurs facteurs, dont le fait que :
« Les cotisations salariales (cotisations sociales, cotisations sociales, impôts sur le revenu) pourraient également baisser en raison d’un recours plus important que prévu des entreprises à des instruments de rémunération défiscalisés tels que la ‘prime Macron’, le forfait mobilité durable ou le carburant prime de coût. »
Car au lieu d’augmenter les salaires, les employeurs peuvent être tentés de verser simplement des primes, même si la loi interdit qu’elles soient échangées contre un élément de rémunération.
Dans son étude sur la première prime de Macron, l’Insee a observé des effets inattendus cohérents avec « des salaires (hors primes exceptionnelles) progressant moins vite entre le premier trimestre 2018 et le premier trimestre 2019 dans les entreprises qui ont payé la prime que dans les autres ». . Cependant, l’institut explique que ces effets ont été limités.
Le Conseil d’État est attentif à cette question. Dans un avis consultatif sur le projet de loi rendu le 8 juillet, la plus haute juridiction administrative suggère au gouvernement d’être attentif à la mise en place de la prime Macron, notamment par rapport à la règle temporaire qui inclut l’exonération de CSG, de CRDS et d’impôt sur le revenu pour les personnes qui jusqu’à fin 2023 percevait moins de trois Smic pour « assurer sa contribution effective à la protection du pouvoir d’achat des salariés à faibles revenus ».
« Le Conseil d’Etat propose que cette action complémentaire fasse l’objet d’un rapport d’évaluation à soumettre au Parlement pour s’assurer, notamment, que le principe envisagé par le projet de loi, selon lequel le versement de l’allocation « ne peut se substituer au versement augmente », est bien respecté. »
À cette fin, les élus de Renaissance ont déposé et adopté un amendement fixant une date « avant le 30 juin 2024 » pour le rapport.
Concernant l’intéressement, une étude de 2013 du Centre d’études pour l’emploi (CEE, aujourd’hui Ceet) a mis en évidence « l’effet substitutif des primes d’intéressement au salaire dans les entreprises ayant un ancien contrat ».
Des milliards d’euros d’exonérations de cotisations
Ces allocations présentent donc deux inconvénients majeurs par rapport aux augmentations de salaire. D’abord, ils ne sont pas pérennes, car contrairement aux salaires, les entreprises ne les versent pas en cas de difficultés économiques. Ils sont alors obligés de cotiser moins à la sécurité sociale, ce qui prive la sécurité sociale de ressources. Combien ça coûtera? Le gouvernement n’a pas quantifié cela.
Il est vrai que les primes et intéressements exceptionnels représentent une faible part de la masse salariale1, c’est-à-dire de l’ensemble des avantages personnels versés, mais cela peut encore coûter des milliards d’euros à la Sécurité sociale.
L’étude du CEE précitée soulignait qu’en 2012 la masse des avantages exonérés de cotisations sociales des plans d’épargne salariale – dans le jargon « base d’exonération » – s’élevait à 18 milliards d’euros, ce qui représente 2,8 milliards d’exonérations. Aujourd’hui, il est difficile de chiffrer précisément le montant des exonérations. Mais comme la « base exonérée » a augmenté depuis – en 2020, elle s’élevait à 22,8 milliards d’euros, dont 10 milliards d’euros d’intéressement, selon le Rapport d’évaluation de la politique de sécurité sociale (REPSS) 2022 – on peut supposer qu’aussi exceptions.
L’administration est attentive à cette évolution. Chaque année, le REPSS contient une rubrique intitulée « Restriction des exonérations de cotisations sociales », où il explique que « des réflexions sont menées sur l’intérêt et les modalités du cadre d’extension des exonérations de cotisations sociales, qui devrait permettre d’assurer caisses de sécurité sociale ».
Le rapport 2022 indique que « l’épargne salariale est la principale source d’exonération de l’assiette de cotisation ». Le rapport évoque également la baisse des prestations due à la réforme du paquet social.
Des exonérations aussi pour les indépendants
Et ce n’est pas tout. Une autre mesure du compte de pouvoir d’achat comprend la sécurité sociale. L’article 2, adopté mardi en Assemblée générale, prévoit une baisse des cotisations des indépendants dont le revenu net d’activité est proche du Smic. C’était aussi la promesse pré-électorale d’Emmanuel Macron. La mesure devrait toucher plus de 2,2 millions de professionnels avec un bénéfice annuel de 550 euros. Mais la préservation du pouvoir d’achat des indépendants n’est pas la seule motivation de cette mesure.
« En réduisant durablement les cotisations à ces niveaux de prestations, l’objectif est de renforcer la convergence entre les cotisations des indépendants et des salariés pour obtenir l’égalité des droits ; dans un contexte où les cotisations des employeurs du secteur privé (renforcement de l’allégement généralisé sur les salaires minima) comme de leurs salariés (suppression des allocations maladie et chômage) ont fortement baissé. Parallèlement, un geste sera fait pour baisser le taux de cotisation des micro-entrepreneurs », explique le gouvernement dans son explication de la modification de la loi de finances.
Les cotisations patronales des salariés au Smic ont été divisées par six dans les années 1930, les taux effectifs passant de 43 % en 1991 à 7 % aujourd’hui.
Comme l’a montré une étude très instructive du rapport de juillet de la Commission des comptes de la sécurité sociale, les cotisations patronales pour les travailleurs au SMIC ont été divisées par six dans les années 1930, les taux effectifs passant de 43 % en 1991 à 7 %. aujourd’hui. Au début du quinquennat de François Hollande, avant la mise en place du Pacte des responsabilités et du CICE, ils étaient encore de 16 %, mais se sont transformés depuis en une baisse permanente des cotisations.
Estimant que les coûts du travail au salaire minimum étaient trop élevés, les gouvernements successifs ont drastiquement réduit les avantages sociaux des employeurs.
Quant aux cotisations salariales, les cotisations chômage et maladie ont été supprimées au cours du dernier quinquennat, ce qui a été compensé par une augmentation de la CSG.
C’est donc désormais au tour des indépendants de suivre le mouvement. Le gouvernement estime le coût annuel de la réduction de leurs cotisations à 500 millions d’euros (en 2023, compte tenu de l’effet de l’année double, il en coûtera exceptionnellement 1 milliard).
Quid des compensations ?
Bien sûr, le gouvernement peut réduire le financement de la Sécurité sociale, mais sous certaines conditions. La loi oblige l’Etat à remplacer les exonérations par des prélèvements sur son propre budget. Cette pratique se répète de plus en plus, si bien que la part des recettes provenant des taxes, comme celles sur le tabac ou la TVA, est devenue importante dans certaines industries et représente, par exemple, près d’un tiers des fonds de l’assurance maladie.
Mais Emmanuel Macron n’a pas toujours respecté cette condition. Par exemple, lors du précédent quinquennat, la Sécurité sociale n’a pas remplacé certaines des mesures d’urgence prises en réponse aux revendications des gilets jaunes, qui ont laissé un trou de 2,8 milliards d’euros dans ses comptes.
Sans déroger à cette règle, qui figure dans le projet de loi sur le pouvoir d’achat, le gouvernement devra donc remplacer les exonérations de la prime Macron et des cotisations des indépendants, « selon des modalités à prévoir » dans le prochain décret étatique et social. Les budgets de sécurité, selon le Conseil d’État.
Les députés communistes ont voulu s’en tenir à ce point en déposant un amendement voté par l’assemblée, ajoutant à l’article sur la prime de Macron que son coût « doit être intégralement [pris en charge] par l’Etat ».
Dans une tribune publiée par Le Monde mercredi, l’économiste Michaël Zemmour estime cependant que cette stratégie gouvernementale de multiplier les exonérations et de favoriser les primes qui profitent des niches fiscales reflète une politique des « caisses vides » qui consisterait à réduire volontairement les recettes pour ensuite les justifier. meilleur. , et dans un deuxième temps, la réduction des dépenses.
« Ce cas n’est pas unique ni même le plus important. Mais c’est exemplaire, car le même gouvernement va priver l’Etat et la Sécurité sociale de plusieurs milliards d’euros de recettes en quelques semaines avant de proposer une réforme des retraites – il énonce surtout les calculs de stabilité nécessaires », conclut-il.
Est-ce que la prime Macron est reconduite en 2022 ?
Renouvelée en 2021, cette prime exceptionnelle de pouvoir d’achat (ou PEPA) est prolongée pour 2022. La prime Macron est exonérée d’impôt sur le revenu et de cotisations sociales et est fiscalement avantageuse pour l’employeur et ses salariés.
Qui a droit à un bonus de 1 000 € ? la prime aux salariés dont le salaire est inférieur à 3 SMIC (dans les 12 mois précédant le versement) est versée dans le délai prévu par la loi : cette année entre le 1er juin 2021 et le 31 mars 2022. elle ne remplace aucun élément de versement.
Quelle prime en 2022 ?
La prime exceptionnelle de pouvoir d’achat (PEPA) est également maintenue en 2022 et peut atteindre 2 000 €. Information importante : Le gouvernement envisage de tripler le montant de la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat dans le cadre du projet de loi sur le pouvoir d’achat.
Qui va toucher la prime Macron 2022 ?
S’il veut le verser, il a la possibilité de le faire à tous les salariés ou uniquement aux salariés dont les prestations sont inférieures à 3 fois le Smic. En 2022, la prime Macron bénéficie aussi bien aux salariés et aux apprentis qu’aux intérimaires et aux agents publics.
Est-ce que la prime Macron doit être versée à tous les salariés ?
Le crédit peut être payé par tous les salariés liés par le contrat de travail de l’entreprise.
Qui a droit à la prime Macron 2022 ?
Pour cette année, les premiers versements peuvent être virés le 1er août, mais les derniers doivent être virés sur le compte du salarié avant le 31 décembre. Autrement dit, théoriquement, les salariés qui percevraient 2 000 euros début 2022 peuvent percevoir à nouveau jusqu’à 6 000 euros d’ici la fin de l’année.
Comment demander une prime Macron à un employeur ? La prime doit être versée entre le 1er juin 2021 et le 31 mars 2022. L’entreprise doit également remplir les conditions suivantes pour bénéficier du dispositif : le salaire mensuel du salarié bénéficiaire doit être inférieur dans les 12 mois précédant le versement de la prime , à hauteur de 3 fois le montant du SMIC.
Qui peut beneficier de la prime Macron 2022 ?
S’il veut le verser, il a la possibilité de le faire à tous les salariés ou uniquement aux salariés dont les prestations sont inférieures à 3 fois le Smic. En 2022, la prime Macron bénéficie aussi bien aux salariés et aux apprentis qu’aux intérimaires et aux agents publics.
Quelle prime en 2022 ?
La prime exceptionnelle de pouvoir d’achat (PEPA) est également maintenue en 2022 et peut atteindre 2 000 €. Information importante : Le gouvernement envisage de tripler le montant de la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat dans le cadre du projet de loi sur le pouvoir d’achat.
Comment calculer la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat ?
Le code Type de Personne (CTP) utilisé pour déclarer une prime exceptionnelle est le CTP 510 (CTP à 0%, sans effet sur le montant des cotisations à la charge de l’employeur). Il est utilisable à partir de l’échéance de paiement de juillet 2020 pour la période de juin 2021.
Quels sont les bonus exceptionnels ? Qu’est-ce qu’une prime extraordinaire pour les employés ? Une prime extraordinaire à un salarié est un avantage que l’employeur verse au salarié en plus de son salaire de base. L’employeur peut librement décider de verser une prime exceptionnelle pour récompenser et motiver les salariés. On parle alors de la prime « volontaire ».
Quel montant pour une prime exceptionnelle ?
Ce montant de 1 200 € est évalué sur la base du montant total des pensions de vieillesse relevant du droit direct et dérivé institué par les ordres juridiques ou juridiquement contraignants, français et étrangers, y compris leurs majorations, majorations et suppléments, mais à l’exclusion de la majoration pour l’aide de…
Comment calculer le montant de la prime Macron ?
La prime PEPA est exonérée d’impôt, de prestations sociales et de cotisations sociales : le montant brut est donc égal au montant net perçu par le salarié. Le montant versé peut ne pas être soumis à une retenue à la source.
Comment est calculé la prime Macron 2021 ?
Il est limité aux salariés dont les indemnités dans les 12 mois précédant le versement (12 mois en cours) sont inférieures à 3 fois le Smic annuel, soit : la somme de 55 965 € brut par an ; soit 4 663,74 € bruts mensuels en 2021.