Les écosystèmes numériques ont permis l’émergence de nouveaux modèles économiques : une opportunité de croissance et de compétitivité sans précédent pour les petites et moyennes entreprises.
La France dispose d’un potentiel économique important et quasiment inexploité dans le domaine des écosystèmes numériques. Les petites et moyennes entreprises (PME) françaises ont toutes les cartes en main pour profiter de cette nouvelle économie et se développer significativement.
En effet, les écosystèmes numériques se caractérisent par une multitude d’acteurs et d’interactions, offrant de nombreuses opportunités d’affaires aux petites et moyennes entreprises en France.
Les PME françaises ont donc tout intérêt à se positionner dans cette économie florissante et à saisir les opportunités qui s’offrent à elles.
Table des matières
1. Qu’est-ce qu’un écosystème numérique ?
Pour cela, il est toutefois nécessaire de bien comprendre les enjeux des écosystèmes numériques, et d’être prêt à repenser les fondements mêmes de notre façon de faire des affaires depuis toujours.
Les écosystèmes d’affaires numériques – ou écosystèmes numériques – sont devenus incontournables ces dernières années, mais ils sont encore mal connus ; elles sont aussi perçues, à tort, comme l’apanage des start-up ou des géants du numérique.
2. Une formidable opportunité, encore inexploitée par les PME
Avec une connectivité accrue, l’adoption du cloud, la génération de données et l’avènement des plates-formes, les entreprises peuvent désormais exploiter des ressources au-delà de leurs frontières organisationnelles ; et ce, y compris auprès de leurs concurrents, afin de créer et apporter des solutions, conquérir ou créer de nouveaux marchés. Ils passent ainsi du rôle d’acteur (ou producteur) d’un écosystème, à celui d’organisateur d’écosystème : de l’économie linéaire, à l’économie collaborative (ou économie de réseau).
Cette économie des écosystèmes numériques n’est pas un détail : selon le WEF, 30 % des revenus mondiaux seront générés par les entreprises de plateformes d’ici 2025.
3. L’Europe est très en retard
Ce n’est pas non plus un danger inéluctable, mais une formidable opportunité de s’appuyer sur les capacités et les atouts de nos petites et moyennes entreprises, pour innover et rester compétitifs en Europe. Et ce, que ce soit en B2B, B2C, G2C, etc.
Pourtant, tout reste à faire en Europe, notamment sur les écosystèmes numériques qui ont un impact : actuellement les USA, l’Asie et les Fintech dominent l’économie des plateformes mondiales.
4. Pourquoi les PME sont-elles particulièrement bien placées pour saisir ces opportunités ?
La bonne nouvelle, c’est que ce n’est pas une fatalité, et au contraire, il est encore temps de lancer la course.
Les plateformes numériques ne sont pas des modèles réservés aux entreprises technologiques ou numériques, bien au contraire.
Raison 1 : mécanismes
Mais encore faut-il comprendre leurs mécanismes bien spécifiques, et éviter les raccourcis et combinaisons dont souffre cette nouvelle économie : en effet, qui ne parle pas en ce moment de plateforme ou d’écosystème, de marketplace, de e-commerce ou de SaaS ? Tous ces termes sont utilisés indifféremment, indifféremment.
Les écosystèmes numériques fonctionnent très différemment des modèles linéaires que nous connaissons. En effet, une entreprise plateforme qui organise un écosystème digital peut créer de la valeur sur 4 niveaux : plus elle travaille sur ces différents niveaux, plus elle est compétitive, difficile à copier, et plus elle devra exploiter de flux de valeur.
Les exemples ci-dessus sont des exemples B2C pour une bonne compréhension, mais la théorie des 4 niveaux est absolument identique sur B2B, ou tout autre type de plateformes.
Travailler sur les 4 couches de création de valeur augmente donc la résilience, la compétitivité, le potentiel commercial et la croissance d’une entreprise plateforme.
Pourtant, 94% des sociétés de plateformes européennes ne travaillent que sur une ou deux, le plus souvent la Marketplace ou le SaaS (étude menée en Europe sur plus de 200 plateformes par Fastbreak One en 2021). Ce qui est non seulement insuffisant, mais qui les rend ouverts à la concurrence ; il est aussi généralement difficile d’en tirer un ROI, car la seule couche « liens – marketplace » est souvent compliquée à monétiser.
Raison 2 : nature des PME
Cependant, les PME disposent d’atouts considérables et sous-utilisés dans l’économie des plateformes. Ces actifs pourraient en réalité servir les couches « données » et « infrastructure » : un énorme avantage dans cette économie de plate-forme. Et je parle d' »actifs » au sens large : qu’ils soient humains, physiques, financiers, immobiliers, informatiques, etc.
5. Rapide glossaire
6. Conclusion : des barrières que l’on se met nous-mêmes
Confusion générale
La deuxième raison qui place les PME devant les grands groupes et les start-up en termes d’opportunités dans cette économie écosystémique est leur nature même :
Au-delà des nombreuses interprétations erronées des termes, les PME pensent qu’elles doivent redéfinir complètement leur champ d’activité, et ce n’est pas le cas : on ne parle pas ici de transformation numérique, mais d’entrepreneuriat pour accélérer et protéger l’activité historique, et favoriser la croissance .
En effet, il s’agit d’augmenter (ou de créer) une part de revenus basée sur les transactions – parallèle et complémentaire à celle basée sur la vente de produits ou de services.
De plus, les PME comparent la plupart du temps la création d’une plateforme à la création d’une ligne de produits : c’est pourtant très différent, et bien plus proche de la création d’une nouvelle entreprise, qui a vocation à collaborer avec l’historique de l’entreprise. L’objectif est de créer un nouveau business model à côté du business model actuel, en synergie et en accélérant l’historique.
Et cela prend donc plus de temps, car vous devez créer une toute nouvelle entreprise et compter sur les effets de réseau pour la croissance ; mais le profit est aussi beaucoup plus élevé, que ce soit pour l’activité historique ou la nouvelle.
Prenons par exemple la PME Hagedorn en Allemagne dans le domaine du bâtiment/chantiers. En 2006, M. Hagedorn fonde la PME familiale Gütersloher Wertstoffzentrum GmbH qui recycle les gravats de construction, puis la Erdbau- und -erschließungs GmbH pour le génie civil en octobre 2011. En 2013, la Revital GmbH se concentre sur la restructuration des terrains de déchets industriels. En 2016, le groupe Hagedorn a lancé une plateforme en ligne Brownfield24, qui met en relation vendeurs et acheteurs de friches industrielles et commerciales. Une autre plateforme appelée Schüttflix est alors fondée en 2019 : grâce à leur connaissance active du marché, ils créent alors un service de qualité qui permet de livrer les matériaux au bon site, au bon endroit, au bon moment bien, en bon état . Un service qui peut profiter à leur activité historique ainsi qu’à l’ensemble de leur écosystème B2B.
L’argent !
Aujourd’hui, le groupe Hagedorn est une entreprise de plus de 500 salariés avec un chiffre d’affaires de 232M€. Elle repose donc sur des business models linéaires et des modèles de plateforme : une entreprise dite « ambidextre ».
En termes de financement, la chose la plus importante est le financement de démarrage du projet : une fois que vous avez une plate-forme de travail démarrée avec des clients qui paient tôt, les investisseurs afflueront.
Et là aussi, les PME sont souvent plutôt bien placées : elles peuvent accéder à des financements beaucoup plus difficiles à trouver pour les start-up. Que ce soit en fonds propres, en dette, voire en accès à des programmes de financement français ou européens : nombre de ces programmes offrent en effet des financements généreux, sous réserve d’un certain apport ou d’un chiffre d’affaires : généralement les jeunes entreprises n’ont pas cet historique financier favorable, ni la trésorerie nécessaire pour compenser la lenteur de ces programmes.
Savoir s’appuyer sur d’autres savoir-faire
Les fonds d’investissement, en revanche, sont assez hésitants au démarrage, et préfèrent investir quand il y a déjà un produit et les premiers clients avec un chiffre d’affaires récurrent. L’une des options pour sécuriser votre financement de démarrage et votre stratégie de croissance consiste à collaborer avec un studio de capital-risque.
Culturellement, les PME connaissent leurs limites et sont habituées à chercher de l’aide ou des ressources à l’extérieur de l’organisation. Et dans le cas qui nous concerne, plusieurs expertises sont à trouver : expertise en modélisation et création d’une plateforme d’entreprise, expertise en stratégie d’amorçage, etc.
En conclusion, l’Europe a de très belles cartes à jouer dans cette nouvelle économie des écosystèmes numériques grâce aux atouts et à la culture entrepreneuriale de son tissu de 22,6 millions de petites et moyennes entreprises : une belle opportunité pour innover et profiter de la nouvelle économie présente, mais également une occasion de soutenir et de renforcer les PME européennes.
Par Nathalie Dumas Lamborghini, Fondatrice de Flying Rhino, le venture studio dédié aux plateformes impactantes