L’ASML est incontournable sur le marché des semi-conducteurs. Image : ASML
La rivalité technologique entre les États-Unis et la Chine ne faiblit pas. Selon les informations de Bloomberg, le sous-secrétaire américain au Commerce, Don Graves, a profité d’une visite diplomatique aux Pays-Bas fin mai, début juin, pour demander de restreindre l’accès de l’Empire du Milieu aux produits de ASML. Cette société néerlandaise est le premier fournisseur d’un outil indispensable à la fabrication de semi-conducteurs.
Les Pays-Bas refusent déjà de vendre certains outils
Lors de sa tournée européenne, consacrée précisément aux perturbations actuelles de la supply chain, Don Graves en aurait profité pour demander au gouvernement néerlandais de prolonger un moratoire préexistant sur la vente de technologie de pointe à la Chine.
Ce dernier concerne l’ASML, où Don Graves s’est rendu à la rencontre de son directeur général Peter Wennink. ASML est le premier fournisseur mondial de systèmes de lithographie, cruciaux dans le processus de fabrication des puces. Ils ont également le monopole des systèmes les plus avancés de leur genre.
Ce ne sont pas ceux dont les États-Unis veulent priver la Chine : les Pays-Bas ont déjà refusé à l’Empire du Milieu une licence pour les systèmes les plus sophistiqués, dits de « lithographie ultraviolette extrême » (EUV) vendus 160 millions d’euros chacun.
Ce sont les systèmes de lithographie dans l’ultraviolet profond (DEV) pour lesquels Washington espère obtenir son moratoire. Ancien, il reste indispensable à la fabrication des semi-conducteurs les moins sophistiqués équipant les voitures, les téléphones, les ordinateurs, etc.
Les États-Unis veulent entraver la course à l’autosuffisance de la Chine dans les semi-conducteurs
Préoccupées par la pénurie, ces puces sont au cœur de la stratégie de développement de la production chinoise, notamment de ses fleurons SMIC et Hua Hong. Les semi-conducteurs sont le point faible de l’essor technologique chinois connu de tous. Pékin s’est engagé dans une politique volontariste dans l’espoir d’atteindre l’autosuffisance dans ce secteur pour combler ce manque.
Les Etats-Unis n’hésitent pas à appuyer là où ça fait mal, pour stopper l’effort de son rival. Ils feraient également pression sur le Japon, où Nikon est un concurrent d’ASML dans le secteur du DEV. Contacté par Bloomberg, le représentant de l’entreprise japonaise se serait refusé à tout commentaire, celui d’ASML a simplement déclaré « La discussion n’est pas nouvelle. Aucune décision n’a été prise et nous ne voulons pas spéculer ou commenter des rumeurs. »
ASML n’est pas chaud, pas plus que le gouvernement néerlandais
Dans un précédent communiqué, le PDG d’ASML a clairement affiché sa désapprobation, jugeant une telle décision inutile, la technologie étant déjà mature. Si elle devait être prise, 5 à 10 % des ventes d’ASML seraient menacées.
Evidemment ce scénario reste prématuré. Toujours selon les informations de Bloomberg, les Pays-Bas ne seraient, pour l’instant, pas enclins à prendre une telle décision, susceptible de les confondre avec leur troisième partenaire commercial.