ASML, d’origine néerlandaise, est incontournable sur le marché des semi-conducteurs. Photo: ASML
Liesje Schreimacher, la ministre néerlandaise du Commerce extérieur, insiste depuis plusieurs jours, dans les médias ou au Parlement de La Haye, sur le fait que les États-Unis ne doivent pas décider ce que les Pays-Bas peuvent ou ne peuvent pas envoyer à la Chine. Au centre de la discussion se trouve ASML Holding NV, le premier fournisseur mondial de produits de fabrication de puces, basé à Eindhoven.
Les Pays-Bas réaffirment leur souveraineté
« Il est important que nous protégions nos propres intérêts – la sécurité nationale, mais aussi nos intérêts économiques », a rappelé Liesje Schreimacher aux législateurs néerlandais le 22 novembre. Il y a quatre jours, lors d’un entretien avec le journal NRC, elle a promis que « les Pays-Bas ne suivre les normes américaines en soi. Nous procédons à notre propre évaluation.
Ces positions sont directement liées aux restrictions à l’exportation de produits liés aux semi-conducteurs vers la Chine, imposées par l’administration Biden début octobre. En particulier, Washington a interdit à ses entreprises de vendre des équipements de fabrication de semi-conducteurs à l’Empire du Milieu.
Le problème est que les États-Unis, le Japon et les Pays-Bas ont également des entreprises sur ce marché. ASML Holding NV y occupe même le devant de la scène. Selon Bloomberg, alors que les exportations d’outils vers la Chine ont reculé des marches de Washington, de 27 % en octobre par rapport à l’année dernière, la part des exportations des Pays-Bas a doublé durant cette période.
Depuis plus de deux ans, le gouvernement néerlandais subit de fortes pressions américaines pour empêcher la vente de ces appareils à la Chine. En 2019, les Pays-Bas ont refusé d’accorder une licence d’exportation vers l’Empire du Milieu pour les systèmes de lithographie aux ultraviolets extrêmes (EUV), parmi les semi-conducteurs les plus sophistiqués. Les États-Unis aimeraient qu’Amsterdam aille de l’avant et fasse de même pour les machines de lithographie dans l’ultraviolet profond (DUV).
La position semble beaucoup irriter le gouvernement néerlandais, comme Liesje Schreimacher. Dans une interview au NRC, il a annoncé que « les Etats-Unis ne peuvent pas nous imposer des changements. Nous participons à ces discussions de manière ouverte ». aux Pays-Bas pour décider.
Les commentaires interviennent alors que l’Union européenne, menée par la France et l’Allemagne, craint une guerre commerciale avec Washington. Le conflit a été déclenché par la soi-disant loi protectionniste américaine, l’Inflation Reduction Act.
Les États-Unis vont devoir négocier serré pour priver la Chine de semi-conducteurs
Selon les informations de Bloomberg, la délégation américaine, dont fait partie le sous-secrétaire d’Etat au Commerce, Alan Estevez, se rendra prochainement aux Pays-Bas. Le problème d’exportation sera résolu. Les États-Unis peuvent utiliser leur principal piège, l’interdiction d’envoyer en Chine des produits fabriqués à partir de pièces ou basés sur le renseignement américain. C’est le cas des machines ASML. Au risque de tendre encore plus la relation entre les deux têtes.
De son côté, la Chine joue sur les contradictions du camp occidental. Reuters rapporte que lors du G20 à Bali le 15 novembre, le président chinois Xi Jinping a déclaré au président néerlandais Mark Rutte : « Nous devons nous opposer à la politique en matière économique et commerciale et protéger la stabilité du monde des affaires et de la chaîne mondiale ».