Les gros titres avaient fait le tour de la presse : en mars 2020, des centaines de passagers confinés pendant des semaines dans leurs cabines sur des bateaux de croisière. Les voyages de luxe se sont soudainement transformés en cauchemar.
Deux ans et demi plus tard, le secteur renoue enfin avec la croissance. Chez MSC Croisières, l’une des principales compagnies de croisières au monde, les taux de fréquentation sont presque revenus à la normale. « On atteint presque les chiffres de 2019. La croisière a le vent en poupe », explique Vinciane Jacquiez, directrice marketing et communication chez MSC Croisières. « Par rapport à l’année dernière, nos chiffres ont quadruplé ! Les réservations ont considérablement augmenté », ajoute-t-elle. « Ce que l’on constate en revanche, c’est un manque d’anticipation de la part du passager et une ruée sur les dernières minutes ».
Les agences de voyages n’arrivent pas toujours à suivre. « Il reste des places dans les bateaux de croisière, mais c’est au niveau du pré-acheminement que ça se complique » explique Valérie Degotte, gérante de l’agence BT Holidays à Nivelles. « Avec les compagnies aériennes qui annulent des vols, ce n’est pas toujours facile de trouver un moyen d’amener les passagers aux croisières à la dernière minute. On se retrouve un peu dans l’eau ».
La Méditerranée, destination n°1
La Méditerranée, destination n°1
Alors que les destinations hors Europe peinent encore à trouver leur clientèle, les voyageurs affluent vers les croisières dans le sud de l’Europe. « Il y a un vrai engouement pour l’Europe, la Méditerranée. On constate même une augmentation de 15 à 20% de la demande par rapport à 2019 pour ces croisières », explique Valérie Degotte. Même tendance chez MSC Croisières, avec la Méditerranée en tête des destinations, l’Europe du Nord en deuxième position et les Caraïbes complétant le podium.
Des évolutions qui ont poussé l’entreprise à changer son fusil d’épaule. « Nous avons positionné plus de navires en Méditerranée pour favoriser les voyages à courte distance, pour répondre à la demande des consommateurs. Par exemple, nous avions un navire qui devait partir pour l’Asie mais nous l’avons repositionné en Méditerranée ».
Un test covid obligatoire avant l’embarquement
Un test covid exigé avant de monter à bord
Particularité de ces balades en bateau : contrairement aux autres moyens de transport, un test antigénique est toujours exigé avant le départ, même pour les destinations européennes. « C’est la seule mesure qui reste applicable. Le masque n’est plus obligatoire à bord, les excursions sont ouvertes à tous et les activités ont repris normalement » détaille Vinciane Jacquiez.
Pour Valérie Degotte, cette mesure permet d’attirer une certaine clientèle. « Ils sont rassurés de savoir que les personnes qui embarquent ne sont pas positives, car pour ce type de clientèle, c’est la sécurité d’abord ».
Une reprise qui contraste avec la montée des préoccupations écologiques
Une reprise qui tranche avec l’augmentation des préoccupations écologiques
Ce succès des croisières peut néanmoins surprendre d’un point de vue écologique. Selon l’organisation Transport et Environnement, en 2019, MSC Croisières était le 7e plus gros pollueur d’Europe, devant Ryanair.
Des préoccupations environnementales que les entreprises disent prendre en compte. « Nous avons vraiment pris le taureau par les cornes. Les mesures environnementales sont aujourd’hui notre principale préoccupation. Notre premier navire au gaz naturel liquéfié sera inauguré en octobre », déclare Vinciane Jacquiez de MSC Croisières.
« Nous avons également des filtres au niveau des cheminées, ainsi que la possibilité sur certains ports de se raccorder à quai pour empêcher les moteurs de tourner lorsque le navire est à quai. Toutes ces mesures sont en grand développement » ajoute-t-elle.
Une étude menée par Transport et Environnement a révélé qu’en 2017, la première compagnie de croisières au monde, Carnival, émettait dix fois plus de dioxyde de soufre le long des côtes européennes que toutes les voitures circulant sur le continent.