MagREEsource, société fondée en 2020,
incubée au CNRS et à l’Institut Néel sur la presqu’île scientifique de Grenoble, vise à produire des aimants industriels à partir d’aimants recyclés. Elle vient de lever des fonds qui lui permettront de mettre en place une usine pilote. Entretien avec son PDG et co-fondateur Erick Petit.
Les aimants que vous recyclez ne sont-ils pas ceux que vous mettez sur les frigos ?
En fait, les aimants que nous accrochons aux réfrigérateurs sont d’un type différent. Ce qui nous intéresse, ce sont les aimants qui rentrent dans les moteurs, qui sont très puissants et qui permettent de créer surtout du mouvement, comme dans les voitures.
Et comment les recyclez-vous ?
Depuis quarante ans, nous importons des produits qui laissent des déchets en France et en Europe dans de nombreuses applications différentes. Qu’il s’agisse de disques durs, de compresseurs frigorifiques ou de moteurs. L’idée est de prendre ces déchets, de les faire passer dans un réacteur à hydrogène pour obtenir une poudre magnétique. C’est une propriété très particulière de cet alliage. Un aimant est un mélange de fer et de terres rares. Nous allons ensuite retransformer cette poudre pour refabriquer des aimants derrière.
Le but est de produire en France et même de retrouver une certaine souveraineté ?
Oui, nous importons des aimants en Europe depuis quarante ans. Nous ne produisons pas pour rien, il n’y a donc plus de fabricants d’aimants en Europe. Nous avons laissé le monopole des terres rares et de la fabrication des aimants à la Chine. Aujourd’hui, nous nous retrouvons un peu démunis. C’est pourquoi la technologie de recyclage est importante, elle nous permet d’obtenir des matériaux et de retrouver indépendance et autonomie vis-à-vis des chinois.
Pour concurrencer la Chine, vous avez une arme secrète, la fabrication additive. Quel est le problème ?
C’est une technologie très intéressante car elle est très réactive. On ne peut fabriquer des aimants qu’avec de la poudre et un dessin informatique. C’est aussi intéressant car il faut utiliser le matériau pour fabriquer un aimant. Par rapport au procédé chinois, où il y a une perte de 15 à 20 % de matière. La fabrication additive est quasiment à 100% et donc sans perte.
Avec cette levée de fonds de 5 millions d’euros, pourrez-vous avancer dans l’aventure ?