La grande crise que nous traversons peut amener les professionnels des activités de production et de distribution ou de services à repenser leur chaîne de valeur actuelle. Rompre les relations commerciales est l’une des premières solutions. Le risque d’abus dans ce domaine n’est cependant pas moins important. La révision de certains aspects de la législation commerciale applicable permettra aux responsables des achats d’éviter la responsabilité de leur entreprise.
Rupture des relations commerciales : principe et sanctions
La rupture abusive des relations commerciales est, en effet, une pratique restrictive de concurrence, sanctionnée comme telle par l’article L.442-1 du Code de commerce : « elle engage la responsabilité de son auteur et l’oblige à réparer le préjudice causé au provoque, par toute personne exerçant des activités de production, de distribution ou de service, la rupture brutale, même partielle, d’une relation commerciale établie, en l’absence de notification écrite tenant compte notamment de la durée de la relation commerciale, se référant à des usages commerciaux ou accords interprofessionnels ». . Ainsi, une entreprise doit respecter un certain délai de préavis avant de rompre un partenariat commercial. Évidemment, la loi impose une limite maximale, celle de 18 mois. En outre, il prévoit que l’existence d’un cas de force majeure peut dispenser l’entreprise en cause de cette obligation de notification.
En d’autres termes, la rupture d’une relation commerciale intervenue sans préavis ou dans un délai insuffisant sera considérée comme brutale. Par ailleurs, il est important de noter que cette sanction n’est prévue que pour la rupture d’une relation d’affaires dite établie, permanente, stable et continue, que la rupture soit totale ou partielle. C’est alors l’auteur de cet acte qui doit répondre de l’indemnité destinée à réparer le préjudice résultant de la brutalité. De plus, ce sera le manque à gagner subi par la victime qui fera l’objet de dommages et intérêts. Dans la plupart des cas, le montant de cette indemnité sera calculé sur la base de la marge qui aurait dû être réalisée en cas de respect du délai de préavis approprié.
A noter que le juge pourrait également estimer opportun de prendre en compte les pertes subies, c’est-à-dire un montant correspondant aux avances et investissements réalisés, dépenses inévitables compte tenu de la brutalité de la rupture subie.
Rompre les relations commerciales en période de Covid : est-ce possible ?
Il semble qu’invoquer la force majeure à votre profit pour vous débarrasser de tout abus peut entraîner une certaine complexité dans votre preuve. En fait, ce n’est qu’en matière de commande publique que la pandémie de Covid-19 est considérée comme telle, depuis une déclaration ministérielle du 28 février 2020.
En contentieux, le juge usera du pouvoir souverain d’appréciation et de casuistique pour déterminer si la pandémie était ou non un cas de force majeure. En d’autres termes, chaque rupture de relation commerciale qui s’établit est unique et il n’y aura pas de solution systématique.
Enfin, en tant que responsable des achats, l’enjeu principal est de pouvoir justifier les circonstances extérieures qui ont provoqué les ruptures commerciales anticipées. La bonne foi de l’auteur de ce dernier doit être démontrée et fondée sur des faits concrets ayant rendu un tel événement inévitable. Par conséquent, on ne peut jamais trop leur conseiller de réfléchir sérieusement à leur obligation de loyauté envers leurs partenaires commerciaux, avant de prendre une décision qui pourrait nuire à l’entreprise, et ce, en pleine incertitude conjoncturelle.
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