Avec l’inauguration de la Section Médico-judiciaire Locale ce mercredi 25 janvier, une étape importante a été franchie dans les procédures judiciaires et l’accompagnement des victimes. Dans ces nouveaux bâtiments de 80 m2, ils seront entendus, considérés et orientés vers des soins adaptés. Une structure, unique dans l’Aude, gérée par le parquet avec le soutien financier du ministère de la Justice.
Jusqu’à présent, à Narbonne, une victime de viol se rendait soit au commissariat, soit à la gendarmerie et l’officier qui recevait sa plainte la renvoyait au docteur Marie-Ange Mignard, médecin légiste. « Je travaillais à la demande, explique le médecin. Je recevais la personne la semaine dans mon cabinet et le samedi ou le dimanche, la victime devait se présenter au gynécologue de l’hôpital qui était de garde. Car le plus urgent dans ce cas est de prélever des échantillons pour recueillir les preuves matérielles. Ensuite, elle reviendrait lundi pour que je puisse voir les lésions ».
Un temps précieux gagné sur la procédure
« Les difficultés qu’ils rencontraient en raison du manque de structure étaient réelles, explique pour sa part Ludovic Vinolas, commandant de police. Les victimes étaient obligées de se rendre à Béziers ou Perpignan ou de convenir d’un rendez-vous avec le docteur Mignard, qui travaillait avec nous depuis plus de 15 ans. Elle s’est rendue disponible en dehors de son cabinet, ce qui n’est pas facile pour elle. Un certificat médical établi aux urgences ou par un médecin généraliste ne permet pas au parquet de mesurer la graduation du délit ».
Car la loi exige que les victimes soient examinées par un médecin légiste, « le seul habilité à indiquer l’incapacité totale de travail qui déterminera la qualification pénale » a rappelé Eric Camous, le procureur, a indiqué le budget mobilisé par le ministère de la justice pour la création (17) ou l’extension (50) de ces 67 unités médico-judiciaires en France : 20 millions d’euros. « C’est le fruit de la volonté politique du ministère de la Justice. Ce nouveau budget nous a permis de constituer une équipe autour des magistrats pour constituer les dossiers, et cela nous le réclamons depuis des années. Une subvention de 640 000 euros nous permet recruter un médecin légiste, aménager les lieux et acquérir un véhicule ».
Il faudra un an de travaux pour mener à bien ce projet mené par le parquet, soutenu financièrement par la Chancellerie, et soutenu par l’hôpital de Narbonne ainsi que la municipalité.
Un lieu d’accueil conçu pour les victimes, fragilisées par ce qu’elles ont subi
Désormais, le pôle médico-judiciaire facilitera les démarches. Dans ce lieu conçu pour travailler avec finesse, les victimes seront accueillies comme telles. Chaque salle d’examen dispose d’une salle d’attente, dont la salle des enfants, qui privilégie l’écoute et la flexibilité.
« Une équipe composée de deux secrétaires, deux infirmières et deux psychologues accompagne le Dr Mignard, (NDLR : aujourd’hui salarié), donne des précisions au Dr Serge Brelit, responsable de l’imagerie médicale de réanimation d’urgence qui s’est chargé du projet. Suivi psychiatrique est assuré par le service du Dr Sebba. Dans un premier temps, le service fonctionnera du lundi au vendredi et les urgences poursuivront les consultations le soir et en fin de semaine. En tant que médecin des -urgences, face à ces victimes, vous vous sentez seul , vous avez le sentiment d’un « travail imparfait ». C’est pourquoi la Section fera le lien entre l’approche médicale et les services juridiques, tout en optimisant la prise en charge des victimes. « Elles sont vulnérables, et doivent être accompagnées de A à Z. Grâce à cette unité, nous pourrons créer le parcours du patient, c’est fondamental ».
Parmi les missions de cette nouvelle unité, la prise en charge des victimes de violences et d’agressions sexuelles, l’examen des prévenus en garde à vue et la levée du corps lors du déplacement d’un médecin légiste sur les lieux de la découverte d’un corps. Des entretiens sur les abus de faiblesse, les situations de harcèlement seront menés. Au-delà, des examens médicaux liés aux infractions routières y seront également effectués.
Un accélérateur des procédures
L’ouverture de l’Unité médico-judiciaire locale qui dépend du centre hospitalier de Narbonne a été rendue possible grâce à l’action du procureur Eric Camous. Le ministère de la justice a financé l’UMJ qui fait le lien entre santé, maintien de l’ordre et justice, ce qui n’était pas le cas en Narbonnais. L’UMJ, située dans l’immeuble San Paul du boulevard Rabelais, est ouverte du lundi au vendredi de 8h30 à 18h30. jusqu’à 17h Son budget annuel est de 630 000 euros, avec un objectif de 3 000 actes/an.