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Négociations commerciales : presque toutes les PME ont conclu des accords

Ecrit par Matthieu Barry, posté le 07/03/2022 à 12:33:26

Les négociations commerciales annuelles entre producteurs, transformateurs industriels et acteurs de la grande distribution se sont achevées mercredi 2 mars au matin. Principale source de discorde, l’augmentation des coûts de production. La plupart des distributeurs n’en tiennent pas compte. Néanmoins, les prix alimentaires devraient augmenter de 3 % en moyenne cette année.

La quasi-totalité des PME ont conclu des accords, même si le contexte inflationniste a rendu les négociations commerciales difficiles. ©Getty Images

« Les taux de signature ont énormément augmenté, dépassant les 80% dans la plupart des enseignes », assure-t-on dans les cabinets du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Les négociations ont finalement abouti, tant dans le secteur alimentaire que non alimentaire : « les taux de signature sont quasiment identiques dans les deux secteurs ».

Néanmoins, on recense une soixantaine de saisies par le médiateur des relations commerciales, soit une dizaine de plus que l’an dernier, qui était déjà une « année record ». Le cabinet du ministre de l’Agriculture Julien Denormandi en a qualifié certaines d' »opportunistes », avec « des actions de dernière minute pour justifier l’absence de signature le 1er mars ».

Les grands groupes plus durs à la négociation

« On est à un niveau de signatures plus faible que l’an dernier, mais cela se concentre sur une ou deux grandes marques », note le cabinet ministériel. La quasi-totalité des PME ont conclu des contrats, même si le contexte inflationniste a rendu les négociations difficiles. Alors que les transformateurs aimeraient répercuter l’inflation sur les prix de vente des supermarchés, ce n’est pas toujours le cas dans la pratique.

« En France, quand les coûts agricoles augmentent, cette augmentation n’est pas forcément prise en compte. C’est la guerre des prix entre enseignes au nom du pouvoir d’achat qui a eu un effet dévastateur sur le monde agricole depuis l’introduction de la loi de modernisation économique de 2008 », explique un ministère de l’Agriculture.

« L’effet EGAlim 2 est bien visible. Comme l’exige la loi, les matières premières agricoles ont été préservées.

Défendant avec force la loi EGAlim 2 du 18 octobre 2021 qui vise à enrayer cette tendance et à modifier les prix d’achat des produits agricoles en fonction de l’évolution des coûts de production, le cabinet ministériel a rappelé que, dans le secteur agricole en particulier, « la l’agriculteur est un maillon faible de la chaîne et a besoin d’une meilleure protection ». Ce dernier est le petit pouce contre les géants de la distribution.

« Les effets de la loi étaient clairement visibles. Si elle n’était pas là, les négociations seraient pires, même si elles n’étaient pas suffisantes par rapport à ce que voulaient les industriels – confie-t-on à la chancellerie du ministre de l’agriculture. « L’effet EGAlim 2 est bien visible. Comme l’exige la loi, les matières premières agricoles ont été préservées.

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Inflation de 3 % dans le secteur alimentaire

A terme, les négociations devraient déboucher sur « une hausse significative des prix de l’ordre de 3% » par rapport au zéro de l’an dernier, a indiqué à l’AFP Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD). C’est ce que confirment les cabinets ministériels : « On assiste à une tendance inflationniste dans le secteur alimentaire qui n’a pas été observée depuis 8 ans » avec de fortes disproportions entre les secteurs.

Pas question pour autant de quantifier cette hausse : le ministère se retranche derrière les données de l’Observatoire pour la médiation des négociations commerciales dans l’agriculture, qui devraient être publiées fin mars. « Nous n’avons pas encore de retours définitifs des fédérations professionnelles », précise-t-il.

Contrôles et sanctions

« Les contrôles de tolérance zéro à la loi commenceront désormais : les entreprises seront pénalisées si elles ne respectent pas la loi. » Les distributeurs et producteurs de produits agroalimentaires seront donc verbalisés s’ils ne parviennent pas à un accord d’ici le 1er mars. Néanmoins, les ministères ont adouci leurs propos, persuadés que « les inspections seront menées de manière individuelle et discrète ».

Ainsi en matière d’amendes, deux ministères ont appelé à la « modération », avec des « tarifs transitoires » et la ministre de l’Industrie a indiqué qu’elle « ne voulait pas appliquer le tarif n-1 », citant la jurisprudence stipulant que ce cadre doit être « considéré ».

« Une loi anti-PME française » pour la FEEF

Contrairement au gouvernement, la Fédération française des entreprises et des entrepreneurs (FEEF), qui représente les PME des fabricants de produits de grande consommation, a évalué en octobre dernier que « les mesures adoptées par EGAlim 2 menacent l’avenir des PME françaises ».

« Si des progrès sont les bienvenus pour les agriculteurs, aucune mesure n’a été prise pour appliquer les prix de vente des PME à la grande distribution, déplore la FEEF. Pire encore, le législateur a décidé de privilégier les marques internationales dans les rayons des magasins, augmentant le poids des donneurs d’ordre dans les négociations commerciales au détriment des marques PME. »

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