Comment ça se passe en Côte-d’Or après des années de crise ? Depuis fin 2022, on assiste à une augmentation des procédures de liquidation judiciaire.
France Bleu Bourgogne : Jérôme Prince, le nombre d’administrations de redressement judiciaire a été divisé par deux en Côte-d’Or entre 2019 et 2022. Est-ce à dire que ces entreprises se portent bien ?
En tout cas, nous n’avons pas eu le tsunami post-Covid qui nous était promis. Il y a eu beaucoup de renflouements, beaucoup d’infusions d’entreprises et beaucoup de dettes, ce qui peut causer des problèmes, ce qui peut causer des problèmes à l’avenir. Mais en tout cas, il n’y a pas eu cette avalanche de dépôts de bilan que l’on redoutait.
En revanche, il y a eu 35 % de liquidations judiciaires en plus l’an dernier.
En effet, nous avons une explosion des liquidations judiciaires. Je dirais que c’est difficile à analyser. Mais ici ce sont de très petites structures. Dès lors, peut-être faut-il faire un parallèle avec l’augmentation des créations d’entreprises, mais qui peut s’être faite dans des conditions sous-optimales avec peu de capitaux. Créer une entreprise n’est pas un jeu, ce n’est pas qu’une idée, c’est disposer d’un capital pour faire grandir son entreprise. Et il y a aussi beaucoup de gens qui sont épuisés, qui sont fatigués et qui sont à la fin de l’histoire. Nous avons eu plusieurs procédures après Covid, bien sûr, avec cette infusion d’argent, finalement est-ce une logique de nettoyage et une logique de cycle de vie ? C’est possible.
Plus d’un million d’entreprises créées en 2022 en France. Avons-nous également des données pour Dijon et la Côte-d’Or ?
Nous sommes en baisse par rapport à l’année dernière car il y a eu un coup de pouce post-covid où il y avait beaucoup de créations et l’envie de créer sa propre entreprise. Nous sommes à +16% par rapport à 2019. Je dis souvent que 2019 est notre année de référence. C’est une année normale et donc nous sommes à +16% par rapport à cette année-là.
Vous attendez-vous à une augmentation du nombre d’entreprises défaillantes dans les mois à venir ?
Ce qu’il faut voir, c’est que nous avons connu une série de crises uniques dans l’histoire. On a eu les gilets jaunes, le Covid, les matières premières, la crise écologique, l’inflation, la crise énergétique. C’est incroyable pour un entrepreneur d’endurer toutes ses vagues. C’est comme quand tu vas nager à Biarritz où tu en prends un, t’étourdis un peu, en prends un autre, jusqu’à ce que tu finisses par te noyer. Donc c’est compliqué de survivre par rapport à ça.
Que conseillez-vous ? Un chef d’entreprise en difficulté financière vient vous voir ?
Donc, très important. Les entrepreneurs arrivent souvent trop tard, ils sont donc heureux lorsqu’ils viennent au tribunal pour initier la faillite dans les règles. Mais c’est trop tard. Il faudrait venir beaucoup, beaucoup plus loin, en amont.