Cela peut ressembler à une remontrance de l’ancien patron des patrons. Il s’agit en fait d’un simple constat. On ne voit presque jamais un chef d’entreprise interviewé sur LCI, BFMTV ou même CNews ou France Info tous les jours.
Pierre Gattaz profite de l’été pour sortir du bois, ou plutôt de sa magnifique propriété viticole, celle du Château de Sannes, récemment acquise dans le Luberon (décidément un caprice en ce moment avec l’acquisition, pas l’éloignement. de là, par Carla et Nicolas Sarkozy du fantastique Domaine d’Estoublon près des Baux-de-Provence dans les Alpilles). Il est temps, me dit-elle. L’ancien président du Medef (2013-2018) m’avait proposé, il n’y a pas si longtemps, d’être son successeur à la tête de l’organisation patronale de l’avenue de Serbie.
Lorsque j’ai notamment demandé à Geoffroy Roux de Bézieux, dans une de mes chroniques pour le magazine Entreprendre, de hausser un peu le ton, c’est qu’on savait qu’il était plus exigeant lorsqu’il était encore entrepreneur, président du mouvement Croissance Plus, entre les 2005. et 2008. Nous ne reconnaissons plus notre Geoffroy. Le risque de gentrification et d’institutionnalisation est-il passé ? Nous ne le blâmons pas.
D’autant plus qu’il reste un entrepreneur actif et brillant qui continue de faire son métier avec talent à la tête de sa société Notus Technologies. Non seulement a-t-il intégré de manière opportuniste la jeune entreprise de vélo-cargo dijonnaise Douze Cycles, qui vient après celles d’Oliviers & Co, Ansterdam Air, Nihola ou encore le Fondant Baulois (spécialité chocolatée à La Baule).
On ne lui en veut pas si ce n’est d’avoir tardé à renforcer les revendications simples des dirigeants de PME/PMI sur les taxes à la production, la suppression des IFI ou la transmission d’entreprises. Le message semble-t-il enfin passé ? Peut-être pas tout à fait puisque Pierre Gattaz, revenons-en à lui, s’adonne au luxe dans une chronique remarquable, publiée par Les Échos, qui fustige le faible impact des chefs d’entreprise dans le débat public actuel et appelle expressément à son arrêt, citant « nous baisser la tête, faire profil bas… Nous devons au contraire être présents le plus possible sur les plateaux et dans les médias, et défendre nos idées avec conviction. »
Il regrette que l’âge d’or, le sien, soit passé, où le Medef s’offrait le luxe de s’engager dans un objectif précis de création d’œuvre. Et de rappeler à ce sujet : « l’ambition portée par le Medef en son temps de créer un million d’emplois en cinq ans en contrepartie des réformes. Les polémiques et les plaisanteries furent nombreuses mais l’action de condamnation menée sur place permit des réformes, même imparfaites, et le résultat fut atteint dans les délais annoncés » (sic).
Une belle demande pro-domo du patron de Radiall, qui par le passé demande à ne pas se laisser impressionner, dans le débat public, par la mise en garde de Jean-Luc Mélenchon et les invectives de Nupes quand ils osent les qualifier fortement : de « parasites », des chefs d’entreprise pour lever toute illusion en la matière… Une projection plus que regrettable et pourtant nos élus n’ont pas attaqué.
Des rebelles qui, en termes de réalisme économique, ne sont certainement pas les mieux placés. Une forme d’autisme industriel, qui les caractérise, que le parti républicain n’ose même pas rejeter. Il est donc temps que les chefs d’entreprise s’impliquent davantage dans le débat public national. Sinon, ne nous plaignons pas que de mauvaises décisions finissent par être prises.