Du Nupes au Rassemblement national, l’idée d’un impôt sur les bénéfices des grandes entreprises qui ont profité de la reprise économique après le Covid-19 et de l’inflation fait son chemin au parlement. Une autre façon quand le gouvernement l’ignore.
Faut-il taxer les grandes entreprises profitant de l’inflation, alimentée par la guerre en Ukraine, pour financer l’achat de niveaux d’électricité pour les Français ? C’est l’un des débats qui va provoquer des émeutes à l’Assemblée nationale, vendredi 22 juillet, lors de l’évaluation du controversé budget 2022. Au début, les Nupe et les indigènes ont soutenu l’idée d’une taxation. sur la « rentabilité » des grands groupes, comme TotalEnergies, retiennent davantage l’attention d’une partie de la majorité présidentielle et des républicains. Franceinfo a détaillé les positions des différentes parties.
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La Nupes défend une « taxe de 25% sur les superprofits » de certaines sociétés
La constitution des « sociétés à but lucratif » des grands groupes est l’initiation d’une forme spécifique de travail « qui vise à répondre à l’urgence sociale » qu’assume Nupes. Les partis de gauche ont demandé l’instauration en 2022 et 2023 d' »une taxe spéciale de 25% sur les hauts bénéfices des sociétés pétrolières et gazières, des sociétés de transport et des concessionnaires d’autoroutes » qui « a perçu plus d’un milliard d’euros ».
Dans le détail, cette taxe touchera le géant français TotalEnergies, qui a dégagé un bénéfice de 14 milliards d’euros en 2021, profitant de la hausse du prix de l’hydroélectricité. Nupes vise également le groupe énergétique Engie et la compagnie maritime CMA-CGM qui ont enregistré des résultats extraordinaires au premier trimestre 2022. Au total, cette taxe générera « un peu plus de 10 milliards d’euros » de recettes pour contribuer au pouvoir d’achat. le texte présenté par les représentants de la coalition de gauche.
Plusieurs amendements ont été proposés par des élus socialistes, écologistes et élus de La France insoumise, pour inscrire cette mesure dans la résolution budgétaire (PLFR) pour 2022. Au premier jour du débat sur le pouvoir d’achat, Sandrine Rousseau pour sa part. a lancé un appel « pour recevoir de l’argent des profiteurs » mais aussi des « entreprises environnementales », citant TotalEnergies ou Amazon.
Au RN, Marine Le Pen veut taxer les « profiteurs de guerre »
La Conférence nationale a également défendu cette position. « La guerre en Ukraine a donné à de nombreuses entreprises l’opportunité de faire d’énormes profits », a déclaré Marine Le Pen le 29 juin sur franceinfo. Ce bénéfice « doit être taxé pour pouvoir prévoir des mesures de soutien au pouvoir d’achat des Français », a-t-elle précisé. Le député a pris l’exemple de la Hongrie, qui « a rendu les deux tiers des bénéfices d’une entreprise pendant la guerre ».
Ukraine ➡️ « Il est clair que la guerre a donné à de nombreuses entreprises l’opportunité de faire d’énormes bénéfices. Il faut les taxer spécialement. C’est ce qui s’est passé en Hongrie », a souligné le responsable de l’organisation RN qui le présentera au Parlement. photo. .twitter.com/7a8sQmtFjd
Dans le cycle, Marine Le Pen a interrogé lundi les ministres sur la question, leur demandant pourquoi ils refusaient de taxer les gros profits du conflit et les profiteurs de la guerre. Les députés de la Chambre des représentants du RN ont également présenté un amendement visant à taxer les entreprises qui ont bénéficié de la reprise économique après le déclenchement de l’épidémie. « Le plan de relance a été fait pour lutter contre les effets du Covid et l’inflation qui a suivi l’introduction d’un nombre limité d’entreprises », ont précisé les signataires de l’accord.
Les Républicains entendent cibler les pétroliers
Même les républicains semblent être convaincus par l’idée. Leur chef de file au Parlement, Olivier Marleix, a déclaré mardi 19 juillet qu’il n’avait « pas de haine » à accroître le recours aux compagnies pétrolières pour réduire le prix à la pompe, notamment la taxe sur « les bénéfices qu’elles en retirent ». « On a vu aujourd’hui que Total – ce n’est pas un crime contre eux, c’est un simple constat – profite (…) de la hausse du prix du carburant ». Cependant, taxer le géant pétrolier français risque de générer moins de revenus : TotalEnergies réalise l’essentiel de ses bénéfices à l’étranger.
Impôt sur les plus-values ? « Il n’y a pas d’impôt sur les grandes entreprises », a déclaré Olivier Marleix. Mais « il ne sera pas étonnant qu’une aide particulière soit demandée » aux compagnies pétrolières comme « Total », a ajouté le patron du groupe LR. pic.twitter.com/K8vV5rdYcN
Olivier Marleix a également fermé la porte à un « impôt général » sur toutes les entreprises qui créent un « centre de profit ». « Toutes les entreprises ont un bon bilan en 2021, car il y a eu des résultats similaires donc il ne faut pas tirer les résultats en général », a-t-il déclaré sur franceinfo.
La majorité divisée, le gouvernement temporise
Dans la majorité, la question est loin de faire consensus. Douze représentants de Renaissance ont signé un avenant au PLFR en 2022 pour introduire « une contribution spéciale aux bénéfices des compagnies pétrolières et gazières, compagnies maritimes redevables de l’impôt sur les sociétés » qui « gagnent plus d’un milliard d’euros ». Le texte, présenté par la députée Stella Dupont et signé principalement par les anciens ministres Barbara Pompili et Stéphane Travert, évoque un impôt à « 15% du revenu imposable ».
Un texte qui ne convient pas au chef de la majorité. « Il vaut mieux payer moins tout de suite », notamment par « des prix plus bas à la pompe » que « d’espérer des rentrées fiscales dans un ou deux ans », a déclaré Aurore Bergé sur France Inter.
Une taxe sur les gros profits des entreprises qui font des profits énormes grâce à la crise, comme le proposent l’opposition et les députés de la majorité ? « Il vaut mieux payer moins vite » que « d’espérer un remboursement d’impôt dans un an ou deux », a déclaré @auroreberge pic.twitter.com/ZjeKVA42XZ
Au gouvernement, on préfère aussi « appeler à la responsabilité des entreprises » plutôt que de créer une nouvelle taxe. Dans son entretien du 14 juillet, Emmanuel Macron a évoqué la « contribution » des entreprises qui ont réalisé des bénéfices importants ces derniers mois. « Mais elle ne sera pas de mauvaise humeur », a-t-il déclaré.
Actuellement, le PDG préfère inciter les entreprises à s’adresser directement aux consommateurs. « Total l’a fait sur le prix du carburant », s’est défendu fin juin Bruno Le Maire. L’organisme a annoncé une réduction de 12 centimes le litre à ses stations sur les routes jusqu’au 31 août, en plus de la réduction de 18 centimes opérée par l’Etat. Puis le ministre de l’Economie a demandé à la compagnie pétrolière de poursuivre ses efforts, voire de les augmenter. « On fera le compte à la fin de l’année, on verra qui a joué le jeu », a confirmé Bercy à franceinfo.
En réponse à cette pression, TotalEnergies a promis, vendredi 22 juillet, une nouvelle remise de 20 centimes le litre entre septembre et novembre dans toutes ses stations-service, et de 10 centimes le litre pour le reste de l’année. Dans cette démarche, l’armateur CMA-CGM a également annoncé de nouvelles baisses de ses tarifs « pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages français et l’économie », après une première annonce annoncée fin juin. Le géant du transport maritime va réduire le coût du fret de 750 euros sur chaque conteneur de 40 pieds de long vers la France et l’étranger, soit jusqu’à 25 % de son prix, au lieu des 500 euros initialement prévus.
Après ces annonces, les députés de la majorité ont retiré leur amendement. Stella Dupont, qui a saisi le texte, s’est félicitée de ces « premiers pas importants » qui sont « directs pour les Français ». « C’est pourquoi je retire aujourd’hui l’amendement que j’ai apporté à la loi de finances rectificative dans le but de payer des taxes aux entreprises du gaz, du pétrole et de l’eau qui ont réalisé des bénéfices éoliens », a déclaré l’élu.