Faut-il conserver le marché des Aliments d’Intérêt National (FNI) et son pendant floral ? Pourquoi continuer à allouer des fonds publics à des activités privées influencées par le contexte économique ? Le MIN d’hier progressait du fait d’une importante production locale, tant horticole qu’horticole, qui n’est plus d’actualité. Alors, le commerce qui existe encore à Saint-Augustin justifie-t-il une telle infrastructure ?
Le projet de déménagement du MIN à La Gaude ne verra pas le jour. Nous réfléchissons au transfert de l’activité florale sur un terrain de la zone d’activités de Saint-Laurent-du-Var et envisageons de déplacer la partie alimentaire vers le bas de la plaine du Var. Ne vaudrait-il pas mieux passer à une autre formule, comme celle des petits centres commerciaux à thème et mettre un terme à ce désastre commercial ludique ? Pour les acteurs, directs et indirects, du MIN, la réponse est non. Tous veulent garder leurs deux marchés aussi proches que possible, même s’ils admettent que le concept est à repenser.
Christine et Sophie, commerçantes place Fontaine-du-Temple à Nice Nord, ne lâchent rien : « Il y a plusieurs générations de Niçois qui ont des cartes d’accès au marché. On vient ici régulièrement pour la fraîcheur, pour trouver la des paysans qui nous attendaient, regardons la marchandise. En 35 ans nous n’avons jamais livré ! » Comme eux, d’autres acteurs du monde marchand s’engagent à maintenir le marché de gros. Mais pourquoi?
1. C’est la vie dans la ville
« Il faut garder le MIN. C’est la vie dans la 5ème ville de France, c’est le business, les commerçants, les transactions, toute la machine tourne. C’est un lieu social. » Pour Nicole Merlino, l’existence du MIN n’est pas négociable. Celle choisie par Christian Estrosi de 2014 à 2020 a ses arguments : cette Niçoise, fille d’horticulteur, elle-même ancienne horticultrice à Pessicart, ancienne grossiste en fleurs en Lorraine, a été présidente des grossistes en fleurs de 1994 à 2010 et présidente de le MIN d’Azur de 2014 à 2020 « En 2014, raconte-t-elle, nous étions le 2e marché de gros après Rungis [Val-de-Marne]. Notre aura était exceptionnelle et nous pouvions investir massivement à La Gaude. Tout s’est arrêté. Pourquoi ? Il y a beaucoup d’excuses… »
2. C’est une indépendance locale
La préservation du MIN dans son ensemble est farouchement défendue par Jean Casals, ancien grossiste en fruits, primeurs et fruits exotiques, président du Syndicat des grossistes en alimentation jusqu’en 2005 et représentant, jusqu’en 2021, de la Chambre de commerce et d’industrie. au sein du conseil d’administration du MIN. Il a connu le temps du MIN sur le Cours Saleya avant de déménager son jumeau Saint-Augustin en 1965. « Le MIN, insiste Jean Casals, c’est la fraîcheur à courte distance du point de livraison. C’est l’indépendance locale. »
3. C’est la garantie d’un grand choix
Cependant, Jean Casals admet de grandes fluctuations commerciales. Notamment concernant la production locale : « En alimentaire, ça n’a jamais dépassé 20% de la production du MIN. On avait des blettes, mais pas de fruits, livrés du Haut-Var, du Vaucluse, d’Italie, d’Espagne… Aux beaux jours les coteaux étaient plantés, surtout avec les œillets, la production locale de fleurs représentait 30 à 35 % de la production totale. Aujourd’hui, nous sommes presque à zéro. Nicole Merlino est également consciente de cette baisse. Ce qu’elle écarte d’un revers de la main : « Que l’on ait un MIN à Nice n’a rien à voir avec l’agriculture ou l’horticulture locale. A Lyon on ne produit pas de fleurs, pourtant il y a un MIN de fleurs ! producteurs de cactées, poinsettias, etc. Idem pour le Var avec les pivoines, peu importe qu’il n’y ait pas de culture ou pas A Nice nous avons de bons fleuristes qui auront toujours besoin de grossistes même si les horticulteurs niçois ont quasiment disparu. «
Jean Casals confirme : « Le MIN a pour vocation d’être une plateforme de produits de Cavaillon, Drôme, Hollande, etc.
Les circuits changent aussi. « Les producteurs de féveroles, courges, etc. de grande qualité livrent directement. Même sur le marché de la Libération, nous nous faisons livrer. C’est une évolution normale. Mais au MIN, nous avons des spécialistes des légumes et des fruits qui sont très rares, très éloignés. » Valeur ajoutée. »
4. C’est la possibilité de nouveaux services
MIN, un carrefour important ? Oui à Jean Casals : « Les hôtels de Cannes, Nice, Monaco, les restaurants, les maisons de retraite, les bateaux de croisière et de luxe, les cantines, les boutiques, les magasins, etc. ont besoin de cette plateforme de distribution. »
Et pas seulement acheter. « Nous ne vendons pas seulement, nous affinons aussi : nous mûrissons, nous proposons des fruits et légumes frais coupés. C’est l’avenir, même si le tonnage du MIN a été divisé par deux depuis sa création grâce à la grande distribution. »
Futur. Jean-Philippe Frère, président de la Fédération fédérale des syndicats agricoles, organisation qui compte 700 adhérents, l’évoque : « Avec le MIN de La Gaude, on a prévu un magasin de légumes, une sorte d’atelier de transformation pour faire des coulis, des conserves. On voulait de reproduire le MIN en l’innovant avec ce type d’unité qui ferait que tout le monde serait gagnant. Une soixantaine de producteurs du 06 se rendent dans le Vaucluse pour transformer leurs fruits ou légumes. Pour nous, le MIN repensé est un élément central, même s’il y en a moins agriculteurs et jardiniers. On peut y vendre de grandes quantités pour les commerçants, les hôteliers, les restaurateurs. C’est important. »