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Définition : qu’est-ce que la rectocolite hémorragique ?
La rectocolite hémorragique (CU) est une maladie intestinale inflammatoire chronique (ou MICI) comme la maladie de Crohn. Elle se caractérise par une inflammation du rectum et parfois de tout ou partie du côlon. Le signe le plus spécifique de la maladie est l’écoulement de mucus ou de sang de l’anus.
Inflammation de la muqueuse du rectum et parfois du côlon
Une inflammation de la muqueuse du rectum et parfois du côlon
L’inflammation de la muqueuse digestive peut toucher le rectum et s’étendre à tout ou partie du côlon. Dans la moitié des cas, la maladie ne touche que le rectum : on parle de rectite. Dans 30 % des cas, les lésions s’étendent au côlon gauche (forme intermédiaire). Enfin, il arrive que le côlon soit complètement enflammé : on parle d’une forme étendue ou « pancolite ».
Glairo écoulement sanglant comme signe principal
Des écoulements glairo-sanglants comme signe principal
Visuellement, la muqueuse est « irritée » et est le siège d’ulcères plus ou moins profonds. La maladie se manifeste par des crises aiguës. Ceux-ci peuvent inclure une diarrhée et des pertes sanglantes ou contenant du mucus, des envies de déféquer, des « fausses envies », des selles sans selles (« syndrome rectal »), des douleurs intestinales ou rectales, de la fatigue et parfois de la fièvre. Les manifestations dermatologiques, oculaires et articulaires sont également fréquentes. La coloscopie confirme le diagnostic avec des symptômes évocateurs.
Un déséquilibre de la flore intestinale est encore observé
Un déséquilibre de la flore intestinale toujours observé
L’origine de la maladie reste mystérieuse. Des facteurs génétiques ou environnementaux peuvent être impliqués dans l’apparition, selon les cas. Un déséquilibre du microbiote intestinal a été systématiquement observé, mais on ne sait pas s’il est la cause ou la conséquence de la maladie.
Une maladie fréquente chez les jeunes
Une maladie fréquente chez le sujet jeune
La rectocolite hémorragique touche près d’une personne sur 1 000 en France. La maladie peut survenir à tout âge et affecte les deux sexes de la même manière. Cependant, il est plus fréquent chez les jeunes de 15 à 35 ans. La maladie peut affecter l’enfant.
Différentes stratégies thérapeutiques
Diverses stratégies thérapeutiques
Le traitement de première intention consiste à prendre un traitement anti-inflammatoire ou corticoïde. Si ces thérapies sont inefficaces, le médecin peut recourir à la prise de médicaments immunosuppresseurs ou immunomodulateurs. Enfin, la chirurgie (procto-colectomie) est utilisée en dernier recours. Mais là encore, la rechute est toujours possible. 15 à 20 % des patients atteints de rectocolite hémorragique auront besoin d’une intervention chirurgicale au cours de leur vie.
Causes : qu’est-ce qui provoque une rectocolite hémorragique (RCH) ?
La rectocolite hémorragique implique un déséquilibre du microbiote intestinal (ou flore intestinale). Les facteurs de risque génétiques et environnementaux sont distingués.
Un déséquilibre du microbiote intestinal concerné
Un déséquilibre du microbiote intestinal en cause
« On sait que la dysbiose intestinale, c’est-à-dire le déséquilibre du microbiote, est impliquée dans les maladies inflammatoires chroniques, comme la colite ulcéreuse », explique le Dr Vianna Costil, gastro-entérologue et hépatologue. L’inflammation peut en fait être due à un dysfonctionnement du système immunitaire contre les bactéries qui se trouvent naturellement dans le corps. Certains chercheurs évoquent la modification de la composition de la flore intestinale comme cause de la maladie. On parle alors de dysbiose du microbiote intestinal. Un tel déséquilibre sera la cause de la perméabilité intestinale (« intestin soyeux »). Cette porosité entraînera l’infiltration de bactéries et de déchets toxiques dans le tissu conjonctif entre l’intérieur et l’extérieur de l’intestin.
Cette pénétration va activer le système immunitaire et l’inflammation. Selon certains arguments, ces anomalies seraient causées par une mauvaise alimentation (« pro-inflammatoire » et « pauvre en fibres »), l’inactivité physique, le stress, une hygiène excessive, l’utilisation d’antibiotiques, une infection…
Mais le docteur David Laharie, gastro-entérologue au CHU de Bordeaux, reste sceptique : « En réalité, on ne sait pas si cette perméabilité intestinale est une cause ou une conséquence de la maladie. De nombreuses théories alimentaires doivent être » sujettes à méfiance. Il en va de même pour la transplantation de microbiote. En tout cas, on n’a jamais vu de compléments (probiotiques, glutamine, etc.) ou de mesures diététiques soigner un patient. »
Facteurs génétiques et environnementaux probables
Des facteurs génétiques et environnementaux probables
Des gènes qui prédisposent à la colite ulcéreuse ont été identifiés, mais leur présence n’augmentera que modestement le risque de survenue de la maladie. Les formes familiales ne représentent que 5 à 20 % des cas, selon les études.
De plus, l’observation d’une augmentation rapide du nombre de nouveaux cas dans les pays industrialisés suggère que l’environnement joue un rôle dans le déclenchement de la maladie. Divers facteurs sont étudiés : pollution, alimentation, stress psychologique…
Paradoxalement, le tabac protégerait de la maladie (alors qu’il est un facteur déclenchant et aggravant de la maladie de Crohn). Une appendicectomie pratiquée avant 20 ans pour une vraie appendicite sera également un facteur de protection contre la rectocolite hémorragique.
Quels sont les symptômes d’une rectocolite hémorragique ?
La rectocolite hémorragique se manifeste par des signes digestifs, mais aussi par des signes non digestifs et généraux.
Le docteur Vianna Costil, gastro-entérologue et hépatologue à Paris, explique : « Ce n’est pas une maladie sous-diagnostiquée, mais il peut y avoir un retard dans le diagnostic. Le patient ira souvent d’abord chez un médecin généraliste. Parmi les symptômes qui alertent, il peut y avoir diarrhée sanglante, douleurs abdominales, fièvre, saignement de mucus… selon la localisation. »
Les signes digestifs
Ces symptômes sont spécifiques à la colite ulcéreuse :
Manifestations non digestives
Les manifestations non digestives
Un changement d’état général
Une altération de l’état général
Quelle est l’évolution de la rectocolite hémorragique ?
La maladie se développe par poussées séparées par des périodes d’accalmie, sans symptômes, de plus ou moins longue durée. L’évolution de la maladie varie d’un patient à l’autre. Chez certains patients, les crises aiguës peuvent donc être invalidantes au quotidien. Mais dans la plupart des cas, grâce au traitement, la qualité de vie est préservée.
Quelles sont les complications d’une RCH ?
Certaines complications aiguës sont susceptibles de survenir chez les patients atteints de colite ulcéreuse.
La colite aiguë est caractérisée par un état inflammatoire du côlon qui se traduit par un grand nombre de selles sanglantes, de la fièvre et une perte de poids. La colite aiguë est une urgence médicale. En l’absence de traitement, d’autres complications peuvent survenir telles qu’une péritonite (inflammation du péritoine) associée à une perforation du côlon ou à un saignement digestif.
D’autres conséquences de la maladie peuvent survenir à long terme :
Comment peut-on prévenir cette MICI ?
Il n’y a aucun moyen de prévenir la maladie. Cependant, certaines mesures permettent d’optimiser votre immunité pour prévenir la maladie ou sa récidive chez les personnes atteintes :
Diagnostic : comment savoir si on a une rectocolique hémorragique ?
L’examen clinique met le médecin traitant sur la voie du diagnostic de colite ulcéreuse.
La confirmation du diagnostic nécessite alors la réalisation d’une iléocoloscopie réalisée sous anesthésie générale ou sédation. Elle consiste à faire passer un tube souple muni d’une petite caméra dans l’intestin, par l’anus, pour examiner le rectum, le gros intestin et la partie terminale de l’intestin grêle. L’équipe médicale peut ainsi évaluer l’étendue des lésions intestinales dans la rectocolite hémorragique.
Des biopsies sont également pratiquées. L’analyse pathologique des échantillons aide au diagnostic.
Des analyses biologiques sont également nécessaires :
D’autres examens peuvent être nécessaires : ophtalmologiques, radiologiques (échographie abdominale, scanner abdominal…)…
La colite ulcéreuse peut être reconnue comme une affection de longue durée (ALD). Les examens et soins liés à cette maladie sont alors pris en charge à 100%, dans la limite des tarifs de l’assurance maladie.
Quel est le traitement de la rectocolite hémorragique ?
Les médicaments sont utilisés pour traiter les poussées aiguës et également comme traitement modificateur de la maladie pour prévenir les rechutes.
Anti-inflammatoires de première ligne
Les anti-inflammatoires, en première intention
Dans un premier temps, les patients peuvent être traités par des anti-inflammatoires : aminosalicylates de type 5-ASA ou 5-aminosalicylate (mésalazine, sulfasalazine, olsalazine). Ces traitements traitent les poussées et préviennent les rechutes. Ils sont administrés par voie rectale sous forme de suppositoires pour la rectite (atteinte du rectum) et par voie orale dans les formes plus étendues (avec atteinte du côlon).
Les corticoïdes sont utilisés en cas d’échec ou d’intolérance au traitement par 5-ASA. Ils sont administrés lors des poussées en cures courtes (maximum 3 mois). Ils peuvent être administrés par voie orale, rectale ou même injectés. L’alimentation et les suppléments de vitamine D et de calcium sont souvent associés à des corticoïdes pour limiter leurs effets néfastes sur la santé du patient (notamment sur les os).
Immunosuppresseurs et biothérapies de deuxième ligne
Les immunosuppresseurs et les biothérapies en seconde intention
Un médicament immunosuppresseur appelé azathioprine est administré aux patients dont la maladie ne régresse pas suffisamment malgré la prise de corticostéroïdes ou un traitement au 5-ASA.
Des biomédicaments immunomodulateurs peuvent également être prescrits en cas d’échec des traitements de première intention. Ils réduisent l’inflammation à long terme : les anticorps monoclonaux sont les biomédicaments les plus utilisés (dont les anti-TNF alpha) pour les traitements de fond. Les anti-TNF alpha (infliximab, adalimumab, golimumab) sont prescrits seuls ou en association avec l’azathioprine.
Enfin, chez les patients chez qui les traitements antérieurs ne sont pas efficaces, l’anticorps monoclonal immunomodulateur spécifique de l’intestin de nouvelle génération, le vedolizumab, peut être utilisé dans les hôpitaux.
La chirurgie en dernier recours
L’intervention chirurgicale, en dernier recours
Une intervention chirurgicale urgente peut être nécessaire en cas de complications. Certaines procédures sont réalisées par laparoscopie.
La chirurgie est également nécessaire lorsque les médicaments s’avèrent insuffisants pour contrôler les symptômes de la colite ulcéreuse ou lorsqu’un cancer du côlon est détecté.
L’opération habituelle consiste à supprimer :
Si le chirurgien ne peut pas suturer bout à bout les parties saines de l’intestin, celui-ci est alors attaché à une ouverture pratiquée dans la paroi abdominale. Par cette ouverture, le contenu de l’intestin est évacué dans une poche qu’il faut changer régulièrement. Cette connexion à la peau, appelée stomie (ou anus artificiel), est temporaire et reste en place jusqu’à ce que la continuité du tube digestif puisse être rétablie.
Le docteur Vianna Costil, gastro-entérologue et hépatologue, consulte à Paris : https://www.gastroenterologue-paris-defense.fr/