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Réglementation aux urgences du CHU de Bordeaux : « Il n’y a pas de retour en arrière »

Le professeur Philippe Revel, chef des urgences adultes à l’hôpital Pellegrin de Bordeaux (CHU), Samu et Smur respire mieux. Mieux que…

Le professeur Philippe Revel, chef des urgences adultes à l’hôpital Pellegrin de Bordeaux (CHU), Samu et Smur respire mieux. Mieux qu’il y a un mois, lorsqu’il avait annoncé que les portes de son service d’urgence pour adultes se fermeraient la nuit. Historiquement inédit. Bien qu’il ait eu du mal à expliquer qu’un « non » décidé n’était pas vraiment un arrêt, puisque les urgences fonctionnaient, mais seulement à l’intérieur, et uniquement pour les cas graves. « On n’en pouvait plus, à la fin des gardes, les médecins et les ambulanciers sont rentrés chez eux les larmes aux yeux. Epuisés, démoralisés, ils ne croient plus en elle. Il fallait se résoudre à trouver une solution alternative, sinon on perdrait tout le monde. »

La pilule était difficile à avaler. L’hôpital public vous manque ? Un sacrilège. Un mois après la fermeture nocturne des urgences adultes à l’hôpital Pellegrin du CHU de Bordeaux, un premier bilan a été présenté lundi. « Nous n’avons observé aucune perte de chance chez les patients, et beaucoup de soulagement de la part des personnes qui les soignent, assure Stéphanie Fazi-Leblanc, directrice adjointe du CHU de Bordeaux. Et aujourd’hui, nous montrons le un exemple en France d’un mode de fonctionnement plus apte à être dupliqué, il est déjà copié par d’autres exactement de la même façon ailleurs dans le pays.

« Servir de modèle »

La démission des médecins, épuisés, la difficulté à recruter des personnes pour les prendre en charge et une augmentation constante du nombre d’admissions quotidiennes ont été à l’origine de ce changement de mode de fonctionnement. Amèrement discuté par les équipes internes, la direction, mais aussi l’ARS. Le professeur Nicolas Grenier, président de la commission médicale de l’établissement du CHU, ne s’en cache pas : « La réglementation telle qu’elle existe depuis un mois, aurait dû être établie depuis longtemps. Il faut aller vers une hiérarchisation de l’accès aux soins : le bon patient au bon endroit. Et le CHU ne peut plus porter tout le poids de l’urgence sur ses épaules, il ne peut plus être le seul recours. Le caractère brutal était difficile à comprendre, sans doute, nous étions dans une situation de crise. Mais notre organisation peut maintenant servir de modèle au niveau national. »

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Au bout d’un système

Au CHU de Bordeaux, quatre services d’urgences sont déployés : l’hôpital Saint-André, une cinquantaine de patients par jour dans le centre-ville, les urgences cardiaques à l’hôpital Haut-Lévêque de Pessac, et les urgences pédiatriques à l’hôpital des enfants. Ils n’ont rien changé. En revanche, Pellegrin avec ses 150 revenus journaliers explose. « Nous savions que nous étions arrivés au bout d’un système, et depuis longtemps, interpelle le professeur Revel. On tenait bon, on ne voulait pas pénaliser les patients, mais les gens qui s’en occupent étaient en difficulté. Aujourd’hui, je retrouve enfin des équipes détendues, des gens souriants, ce qui n’arrivait plus. De 150 passages par jour on est passé à 110. Quel soulagement, on avait peur d’une montée massive avant l’été. »

Les patients qui se présentent en fin de journée devant les urgences sont accueillis par les secouristes de la protection civile. Sinon, avant de vous rendre aux urgences, appelez le centre 15 où un médecin régulateur évalue la situation et réfère le patient. « Ça a créé un choc électrique dans le grand public, on n’avait pas le choix, explique Philippe Revel, mais il n’y aura pas de retour en arrière. Car désormais, on s’occupe mieux des vraies urgences, alors qu’on s’occupe moins bien des autres. Exit la bobologie comme les pays anglo-saxons.

Bientôt, les urgences régulées H24

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