Comment s’est passé votre retour de Super U ? CB n’est pas trop douloureux au toucher ? L’inflation des produits alimentaires était de 7% en juillet et de 8% pour les produits d’hygiène. Remplir un caddie fait mal, vraiment mal, surtout quand le Rassemblement national, LREM et Les Républicains ont voté contre une augmentation de salaire en début de mois à l’Assemblée nationale. En même temps, on peut voir dans tous les kiosques du pays un visage souriant, très souriant, en couverture du numéro spécial de Challenges « une sélection des 500 chanceux de France ». Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA-CGM est montré, heureux, devant un grand porte-conteneurs et une image de la transformation de la richesse de sa famille : elle est passée de 6 milliards à… 36 milliards. C’est comme si vous, en un an, êtes passé de 1 600 € par mois à près de 10 000 €, qu’auriez-vous fait pour en bénéficier ? Rien, car il ne se passe jamais rien, sauf gagner un ticket de Lotto. Qu’a fait Rodolphe Saadé ? D’abord, il s’est contenté d’être né et d’hériter de la société de son père, CMA CGM. Désormais, il a considérablement augmenté ses prix depuis l’épidémie de Covid. Une photo de cet homme dont les profits alourdissent notre mois.
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3 familles contrôlent la majeure partie du fret maritime mondial
Notre gouvernement n’en parle jamais, mais les profits incroyables de transporteurs comme Saadé ont soulevé l’ire de Joe Biden, qui a appelé à une enquête détaillée sur cette augmentation du coût du transport international, qui alimente l’inflation planétaire que nous connaissons actuellement. Michel-Edouard Leclerc, PDG des hypermarchés du même nom (il est aussi l’héritier de l’entreprise familiale), a même attaqué Rodolphe Saadé et son équipe en novembre 2021 : « Je trouve étrange d’ajouter des factures quand on montre les résultats de 30 milliards par trimestre. . Il ne faut pas laisser passer cette inflation ». Or Saadé fonctionne de manière durable, comme tout autre bien capitaliste : à mesure que la dépendance à ses services augmente, il augmente ses coûts. Michel-Edouard Leclerc, qui a pris part à contribuer au comportement consciencieux de l’administration, feint d’ignorer cette loi Le secteur des transports L’industrie maritime est contrôlée par les 4 géants mondiaux, dont dépendent tous les pays pour échanger des marchandises : MSC (famille Aponte), Maersk (Moller famille), Cosco (gouvernement chinois) et CMA CGM (famille Saadé) et ont conclu des alliances stratégiques et techniques (Ocean Alliance , 2M et L’Alliance). Avez-vous vu Spatial Dune Society de Frank Herbert ? Une entreprise en situation de monopole qui impose des lois à ses pays ? Nous y allons.
En France, la symbiose avec notre gouvernement est totale. La famille Aponte, propriétaire du groupe MSC (17,3% du marché mondial des bateaux de croisière) semble avoir pu faire confiance au cousin de Madame pour veiller à ses intérêts. C’est Alexis Kohler.
On parle peu de ces entreprises alors même qu’elles restent, dans le cas de la « mondialisation » telle que nous la connaissons (le mode de répartition de la production mondiale en fonction du faible coût du travail dans les différents pays), la place principale et qui est la plus forte. Sagement, nos grandes familles leaders du transport collaborent avec les États. En France, la symbiose avec notre gouvernement est totale. La famille Aponte, propriétaire du groupe MSC (17,3% du marché mondial des bateaux de croisière) semble avoir pu faire confiance au cousin de Madame pour veiller à ses intérêts. Il s’agit d’Alexis Kohler, l’actuel secrétaire général de l’Elysée et très proche du président Emmanuel Macron. En 2010, il reste, malgré ses liens familiaux, comme représentant national au conseil d’administration des Chantiers de l’Atlantique, dont MSC est le sponsor principal, avant de devenir sponsor financier de la branche du groupe Cruise Liner, en 2016. Malgré une plainte de l’organisation anti-corruption Anticor, l’affaire a été classée sans suite après l’intervention du président de la République en 2019. Pendant de nombreuses années, MSC a bénéficié d’un « accès aux fonds publics » sans pression » selon les propos de Martine Orange , Mediapart Journaliste en charge de l’actualité de Kohler.
Le concurrent CMA CGM a tenté une approche similaire lorsqu’il a tenté d’embaucher un ancien ministre des Transports. Jean-Baptiste Djebarri ne laissera pas une grande trace dans l’histoire du quinquennat de Macron, si ce n’est qu’il a réalisé des vidéos amusantes sur la plateforme Tiktok. Cependant, en raison des dossiers techniques et politiques qu’il a eus pendant son commandement, son emploi a créé un risque pour l’État : c’est ce qu’a estimé l’Autorité haute pour la visibilité de la santé publique (HATVP), qui a évoqué ce transfert. L’autorité a estimé qu’elle faisait peser un risque « significatif » sur le « fonctionnement indépendant et impartial de l’administration ». Force est de constater que ce risque est souhaitable pour les entreprises qui embauchent des ex-salariés, anciens fonctionnaires : il s’agit de bénéficier du carnet d’adresses de leur nouvel employeur plutôt que de son talent. « Dites-moi Jean-Baptiste, pouvez-vous appeler les personnes que vous rencontrez dans votre premier ministère pour comprendre pourquoi la commission X tarde à commenter le projet Y ? » Une bonne partie de la classe politique réutilise ces « compétences » au service des grandes entreprises privées et de leurs patrons, pour profiter de leur parcours et s’intégrer ainsi au monde qu’ils envient souvent.
Des patrons qui se sont “faits tout seuls ?”
Les familles Saadé et Aponte sont très riches, certes, mais cet argent ne vient pas d’un coup (violon) : « l’histoire du côté de Saadé commence en 1978, quand Jacques (le père de Rodolphe) a dû fuir la guerre civile, s’enfuyant à Marseille. Tout commence à zéro avec un seul navire. Avant se faisait sentir, à la fin des années 1980, la montée en puissance de l’Asie. ouvre les lignes de front de la Chine, le futur sommet mondial ». C’est le reporter de Challenges qui parle. Dans ce magazine, tous les grands patrons sont des génies, des visionnaires et des philanthropes. L’histoire de Gianluigi Aponte, le patriarche de la famille, est encore plus romanesque : « Originaire de Sorrente, il a commencé sa carrière comme marin sur un ferry reliant Naples et Capri. Avant de rencontrer, au cours de la croisière, sa future épouse, Rafaela Diamant Pinas, la fille d’un banquier suisse, avec qui il se joindra à de nombreux transports, entre l’Afrique de l’Est et la Méditerranée. La principale raison de la droiture de ces familles est les avantages qui reviennent à leurs fondateurs. Leur voyage coche toutes les cases d’une grande histoire capitaliste. Les deux patriarches sont partis de rien, ou pas beaucoup, suggère l’article Challenges : un réfugié d’un côté, un marin de l’autre. Maintenant, le choix des entrepreneurs : l’un « ouvre les premières lignes vers la Chine », l’autre « va lancer pas mal de transports », il a été aidé de la même manière par sa femme, du moins c’est ce mode modéré. cela peut vous ouvrir de nombreuses portes). Bref, si ce sont les fils qui ont pris les squelettes, ce sont bien des bénédictions récentes, gagnées à la sueur de leur front par des visionnaires qui ont dû se défendre, ce qui force le respect, n’est-ce pas ?
Il faut évidemment, pour s’en tenir à ce point de vue, ne pas être trop argumentatif sur les faits, et s’en tenir au constat officiel donné par les Challenges. Un peu plus profond peut nous dire que Jacques Saadé est l’héritier d’une bonne entreprise familiale, qui possédait plusieurs usines en Syrie… Jacques Saadé se disait dans Le Point en 2013 : c’est son père « qui a tout construit par lui », pas lui. Mais dans les générations bourgeoises, chaque génération a droit à son heure d’héroïsme méritocratique, à vanter la figure du père plutôt qu’à grandir davantage. Rodolphe Saadé, entendu par le Sénat le 21 juillet 2022 au sujet du « grand profit » de son entreprise (la plus rentable de tout le pays, avec Total Energies), est allé il a commencé son discours en rappelant le titre de son père « Mon père a dû fuir le Liban. vivant à Marseille, j’avais 8 ans ». Quel rapport cela a-t-il avec les profits énormes engrangés, contre le taux d’inflation, par son entreprise ? Il n’y a rien. Mais l’histoire d’origine rappelle aux Sénateurs qu’ils sont face au fils d’un héros. Et la presse spéciale n’est pas du genre à s’embêter avec des histoires de grandes entreprises. « Saadé, les secrets du tyran de la mer » écrit l’article du Point, annonçant la couleur de sa conversation incertaine avec le patriarche.
Une fortune réalisée sur le dos du contribuable
Cependant, un peu de réflexion politique ne fait pas de mal et permet de relativiser la success story basée sur l’innovation en entreprise. Comme de nombreux conglomérats de richesse dans les années 1980 et 1990, Saadé a bénéficié de choix politiques et macroéconomiques qui n’étaient pas des « moments » dans le nouvel environnement politique mais plutôt de grandes opportunités avec des fondamentaux solides moralement discutables. En 1996, comme partout en Europe et dans le monde, le gouvernement français d’Alain Juppé s’adonne aux joies de la privatisation à tout prix. La Compagnie Générale Maritime (CGM) a été vendue pour cet événement. Héritière des courriers maritimes et d’une compagnie générale transatlantique (propriétaire d’un célèbre navire français), cette compagnie appartient à Jacques Saadé, CMA. L’affaire est montée : avant la privatisation, le gouvernement a libéré l’entreprise publique de milliards de francs, pour la revendre à très bas prix à la CMA. Il faut dire que Jacques Saadé coopère très bien avec le gouvernement et le parti du président – RPR – qui a été actif dans les affaires étrangères. Le gouvernement choisit CMA plutôt qu’un concurrent, même s’il propose l’offre la plus basse.
Quelques années plus tard, sous l’emprise du frère de Jacques, Johnny, qui est licencié de l’entreprise familiale, la justice se concentre sur l’affaire CMA-CGM : Jacques est accusé « d’abus de biens sociaux, de faux et usage frauduleux, détournement de fonds de commerce. Faux papiers, escroquerie »… Il est clairement accusé d’avoir investi dans des fonds publics pour sauver son entreprise, en la complétant avant qu’elle ne soit privatisée. Dans cette affaire, la justice dérape, et le résultat est surprenant : le 23 mars , 1999, la police fait une descente dans l’entreprise où sont conservés les registres du CMA. « Soudain, ils entendent des gens crier… et ils apprennent que la boîte d’archives vient d’être volée par deux personnes qui se sont échappées de la voiture. De même, il s’agit du numéro 278, dont le contenu s’intitule « CGM privatisation huit dossiers spéciaux » ! – la lumière sur cette affaire n’est pas encore faite, mais une chose est sûre : ce n’est pas Jacques Saadé, le « magnat des océans », qui a permis à son entreprise de transférer une étape importante du deuxième millénaire, mais le contribuable français, dont L’ancienne entreprise publique a été vendue après avoir été renflouée, et sert de réserve financière à la CMA qui est toujours en difficulté.
Peu avant la privatisation de la CGM, le gouvernement a renfloué l’entreprise publique avec des milliards de francs, la revendant à très bas prix à la CMA. Il faut dire que Jacques Saadé s’intègre très bien au gouvernement et au parti du président
Le « succès » de Jacques Saadé est donc plus incertain que ne le suggère sa biographie officielle. Son fils Rodolphe ces dernières années n’est pas difficile à comprendre : il est né au bon endroit. Mais surtout, il a bénéficié d’une économie forte pour les opérations de son entreprise. La pandémie mondiale et la reprise économique qui a suivi ont mis le secteur maritime sous pression et ont permis à CMA CGM et à ses concurrents d’augmenter considérablement leurs prix. « En raison de la surchauffe du transport maritime et de la désorganisation des chaînes d’approvisionnement mondiales qui ont suivi la pandémie de Covid-19, CMA CGM est devenue en 2021 l’entreprise française qui a réalisé le plus de profits (18 milliards de dollars), devant TotalEnergies. Et l’année 2022 sera encore meilleur » prévient la Tribune.
Rodolphe Saadé s’est contenté d’être né et de profiter de la position confortable dans laquelle se trouve son secteur du transport maritime pour relancer l’économie post-Covid. Toi, content de travailler, pour ne plus pouvoir t’offrir les produits surproduits de Saadé et consorts. « Mondialisation », « inflation », « délocalisation », « baisse du pouvoir d’achat » sont décrits par nos médias comme des processus incontrôlables, inéluctables, leurs causes sont « complexes » et qui n’ont pas beaucoup de sens. Pourtant, derrière ces mots vides se cachent des noms et des adresses. Souffrez-vous de l’inflation des produits qui vous permettent de vivre ? L’un des dirigeants s’appelle Rodolphe Saadé. Il est l’héritier d’un homme d’affaires, le même héritier, qui sait voler le contribuable avec la bénédiction de nos politiciens. Son adresse professionnelle est à Marseille : vous ne pouvez pas la manquer, l’immeuble CMA-CGM est le plus haut bâtiment de la ville, après Notre-Dame de la Garde et c’est là… Boulevard Jacques Saadé.