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Sauvez Venise des vagues, la course contre la montre est lancée

Les flots engloutiront-ils Venise en 2100 ? Pour éviter cette situation catastrophique constatée par les scientifiques, la Cité des Doges tente de sensibiliser les jeunes générations à la protection du lac, milieu très fragile et menacé par le changement climatique.

L' »acqua alta », une marée particulièrement haute, inonde régulièrement la célèbre place Saint-Marc, un événement qui attire les touristes, mais menace les fondations de l’ancien palais de la Sérénissime, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Si l’Unesco a menacé en 2021 de mettre Venise sur la liste du patrimoine mondial en péril, la cité lacustre a échappé à l’extrémisme grâce à l’interdiction faite aux grands bateaux de croisière d’entrer au cœur du lac.

Des touristes marchent sur des passerelles installées sur la place Saint-Marc à Venise, le 27 septembre 2022 / AFP / Archives

Pour aider à protéger Venise, l’Unesco, en association avec le groupe de luxe Prada, a lancé mardi une initiative visant à enseigner aux jeunes élèves âgés de trois à six ans les secrets de la mer.

L’île de Torcello, au nord du lac, aux marais salants dont les berges sont coupées par les vagues générées par les bateaux à moteur, a été le site du premier cours en plein air de ce programme éducatif intitulé « Jardin d’enfants de la lagune ».

Lagune à Venise, 22 juillet 2020 / AFP/Archives

Poissons en papier mâché, échantillons d’eau de mer, images reproduisant les couleurs de la nature… le petit groupe d’une quarantaine d’enfants de cinq ans enthousiastes a tenté de s’intégrer dans l’étang.

« Nous voulons que les enfants apprennent à protéger la nature et le lac, apprennent à connaître, à aimer et à mieux protéger », a déclaré à l’AFP Francesca Santoro, coordinatrice du programme initial de l’AFP. Océan Unesco.

Un serveur met une table sur la Piazza San Marco inondée à Venise le 10 décembre 2022 / AFP/Archives

Ce projet pédagogique est jugé utile par Georg Umgiesser, directeur de recherche à l’Institut des sciences marines de Venise (ISMAR-CNR), car « il ne suffit pas de montrer de simples graphiques montrant l’élévation du niveau de la mer ».

« Le résultat de l’affaissement des terres à Venise et de l’élévation du niveau de la mer signifie que le niveau de la mer a augmenté de 30 cm au cours des 150 dernières années et devrait augmenter de 50 cm supplémentaires d’ici la fin du siècle, », a-t-il expliqué à l’AFP.

Place de St. Mark, situé dans la partie la plus basse de la ville, est le premier à être inondé, « d’ici 2100, la moitié de Venise risque d’être sous les eaux », craint cet expert allemand qui vit à Venise depuis 40 ans.

Structures artificielles du système MOSE (Moses en italien, Module expérimental électromagnétique) à Venise, le 3 octobre 2020 / AFP / Archives

A partir d’octobre 2020, le système de digues artificielles appelé MOSE (Moïse en italien), est activé dès que le niveau d’eau de la mer Adriatique atteint un niveau de concentration de 110 cm.

Ce système, mis au point dans les années 1980, avant l’accélération du réchauffement climatique, suffira-t-il à éviter les inondations à Venise ?

Selon M. Umgiesser, cette approche risque d’atteindre ses limites. MOSE est conçu pour être porté au maximum 50 fois par an. Si l’élévation du niveau de la mer se poursuit à ce rythme, à partir de 2100, elle devra être déclenchée 300 à 400 fois par an.

A cette époque, en effet, l’étang est fermé, ce qui empêche l’échange d’eau de mer, nécessaire à la protection de la diversité biologique.

Il existe une autre solution, qui consiste à « surélever le terrain de Venise de 30 à 50 centimètres en injectant de l’eau de mer dans sa partie inférieure », a-t-il précisé. Mais une telle situation est encore loin.

Île de San Giorgio, Venise et sa lagune, 18 mai 2012 / AFP/Archives

De son côté, Jane da Mosto, directrice de l’ONG environnementale We are here in Venice, compte sur les marais salants pour abaisser l’acqua alta et réduire le débit, comme des obstacles naturels.

La restauration des zones humides, dégradées par le changement climatique et l’urbanisation, serait, selon elle, une solution naturelle pour sauver Venise et ses vestiges.

« Les sels agissent comme des éponges, ils peuvent donc ralentir les courants, réduire l’énergie des vagues et donc réduire les niveaux d’eau », explique à l’AFP l’expert en environnement.

« C’est une course contre la montre

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