publié le 16/11/2022 09:00
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Hongrie, Espagne, Portugal… de plus en plus de Français partent à l’étranger pour réaliser leurs soins dentaires. Mais derrière l’attractivité des tarifs proposés, les risques sont nombreux, notamment au niveau du suivi médical, généralement inexistant. Retour sur ce phénomène en plein boom avec le Dr Alain Vallory, secrétaire général des chirurgiens-dentistes de France.
Se faire soigner à l’étranger est une démarche qui séduit de plus en plus de Français. Ainsi, depuis une dizaine d’années, ce qu’on appelle aujourd’hui le « tourisme dentaire » est en forte croissance. Selon les données du Centre national de soins ambulatoires (CNSE), le nombre de cas de soins dentaires en Europe augmente de plus de 15 % chaque année, avec plus de 30 000 patients traités annuellement.
En discussion : les tarifs pratiqués en France pour certaines interventions (implants dentaires, couronnes, bridges, facettes dentaires, blanchiment, chirurgie, etc.).
Soins dentaires à l’étranger : un attrait financier
Selon le ministère de la Santé, en moyenne en 2021, 45% des actes de prothèse dentaire ont été réalisés avec un repos payé par le patient. « Le tourisme dentaire s’inscrit surtout dans une démarche financière pour prodiguer des soins complexes à des prix avantageux », souligne le Dr Alain Vallory, secrétaire général des Chirurgiens-Dentistes de France, syndicat qui regroupe près de 10 000 praticiens.
« On ne voyage pas à l’étranger pour soigner une carie, faire un détartrage ou poser une seule couronne. Mais bon pour un plan de traitement complexe, assez lourd, qui est plus risqué, surtout en l’absence de suivi. »
Les destinations européennes plébiscitées pour le tourisme dentaire
En France, 95% du tourisme dentaire concerne les pays membres de l’Union Européenne, qui se basent sur la proximité géographique. Top destinations : la Hongrie, leader incontesté, l’Espagne, le Portugal, l’Italie et l’Allemagne.
Dans ces pays, les économies sont parfois substantielles. A Budapest, par exemple, il en coûte en moyenne 220 € pour une couronne céramo-métallique (contre 650 € en moyenne en France) et en moyenne 600 € pour un seul implant, contre 1 200 € en France, selon Eurodentaire. , plateforme de réservation et d’organisation de soins dentaires, notamment en Hongrie.
Une absence de suivi
De nombreuses agences spécialisées dans le tourisme dentaire ont vu le jour et proposent aux patients une prise en charge complète : de l’organisation du voyage à l’intervention. « Les patients sont interpellés par un prospectus ou un démarchage pour se faire soigner à l’étranger et souvent dans un délai très court (en une semaine, tout doit être fait). Cela peut poser des problèmes de cicatrisation tissulaire », poursuit le Dr Alain Vallory.
Le plus gros risque n’est pas tant la semaine passée sur place que le manque de suivi et de prise en charge en France. « Si jamais le patient a une douleur permanente, un problème infectieux ou un élément cassé et qu’on doit démonter et reprendre le traitement, il en supportera les frais en France. Donc pour une économie de 30 ou 50 % au départ, il se retrouve à payer tous les soins de retour en France, en plus de ceux qu’il a payés à l’étranger. Il ne peut appartenir au praticien français de prendre en charge les soins pratiqués par des confrères étrangers.
Quel recours en cas de litige avec un dentiste à l’étranger ?
Que faire en cas de litige ? « A ma connaissance, il n’existe aucun recours sur le sol français pour ce qui s’est passé à l’étranger, appuie le praticien. Le patient doit de son propre gré, et à ses frais, engager une procédure dans le pays en question – aussi compliquée que coûteuse. – dans une langue étrangère et à des centaines de kilomètres de chez eux. »
La pratique n’est donc pas sans risque. « Il y a eu de nombreux rapports qui ont mis en lumière les dérives et les risques du tourisme dentaire, conclut le Dr Vallory. Je pense qu’avec la mise en place de la santé à 100 %, les arguments pour renoncer aux soins pour des raisons financières en France sont extrêmement réduits. Aujourd’hui, seuls les patients sans complémentaire santé posent encore problème à ce niveau.
Journaliste spécialisée dans les sujets liés à la santé (maladies, soins, prévention, etc.)