Huit cents personnes âgées du territoire, invitées par l’Institut des Hauts-de-Seine, profiteront cet été d’une croisière fluviale. De quoi vous permettre de renouer avec la douceur de vivre et de chasser l’ennui et la solitude caractéristiques de cette saison.
La table est dressée et les convives sont assis, certains habillés de façon festive. Les navires restent en place malgré les tourbillons qui balancent doucement la péniche Melody Blue, qui s’apprête à quitter son port d’attache de Bercy pour deux heures de navigation – et d’évasion – sur la Seine parisienne. « Cette journée est pour vous », lance Gwenol Vollaire de l’Institut des Hauts-de-Seine aux 200 invités. Sophie vous fera découvrir les curiosités de Paris. Vous passerez un très bon moment, n’hésitez pas à faire connaissance avec votre voisin ! Cet été, quatre voyages de ce type ont été proposés dans le cadre de la campagne «Summer Smile» de l’Institut, qui retrouve sa «vitesse de croisière» après deux années consécutives marquées par une pandémie. Objectif? Proposez une parenthèse de détente et de cordialité à ces personnes dont la solitude durant cette période est souvent à son paroxysme. « Certaines familles ne veulent pas partir avec leurs aînés trop ‘gênants’. Certains aînés qui pouvaient voyager ne partent pas faute de fonds. D’autres attendent septembre. La tournée d’aujourd’hui réunit le public de Bourg-la-Reine, Villeneuve-la-Garenne, Gennevilliers et Neuilly-sur-Seine. « Nous mettons un point d’honneur à participer aux communes dites privilégiées. Il y a des gens seuls partout. »
Tromper la solitude
Cette excursion, qui permet de profiter d’un bon repas, arrosé avec modération, sera l’une des rares excursions estivales pour certains. CD92 / OLIVIER RAVOIRE
Alors que les premiers bijoux de Paris passent par la fenêtre, Maria, une frêle fillette de sept ans, commence son assiette de saumon fumé en prenant des photos qu’elle partage à distance avec son fils installé à Londres. « Je suis ravi, c’est ma première croisière. C’est un luxe, j’aime ça. » En attendant de retrouver le reste de sa famille en Espagne en septembre, la Neuilloise s’affaire. Sous ses yeux, selon elle, l’élégant Jean-Claude, « un touriste perdu parmi les jets », fait une crise d’humour sans cacher sa solitude. « Je connais bien Paris ; tous ces monuments me rappellent des anecdotes. Aujourd’hui, je vis avec des souvenirs – avoue-t-il. Ce voyage me dépayse. » Pour recruter des croisiéristes, l’Institut s’est appuyé sur des émetteurs de terrain – CCAS, Clic, etc. « Nous avons une liste d’attente pour ce genre de trajet, explique Isabelle Thomas, assistante sociale senior d’Espace Solidarité. Tout le monde avait peur du voisin pendant le Covid, mais depuis cette année, on a envie de profiter de la vie. En quelque sorte, nous leur rendons leur liberté ! »
Nouvelles connaissances
Le parcours s’est déroulé au cœur de la Seine parisienne, entre la bibliothèque François-Mitterrand et la Statue de la Liberté. CD92 / OLIVIER RAVOIRE
Au bout d’une heure, le bateau rebrousse chemin, offrant une vue imprenable sur la Statue de la Liberté et la Tour Eiffel. Les smartphones sont pointés vers la fenêtre. A mi-chemin entre les suprêmes assiettes de poulet et les dauphinois toastés il ne reste plus rien. « Il est très bon et presque trop riche », juge Nicolle de Bourg-la-Reine. Installée à une autre table que ses amis, elle rencontre Brigitte, Nidhal et Monique. « Les jeunes restent sur leur téléphone, on se parle, on échange, on partage nos impressions entre nous. A notre âge, on en a déjà beaucoup vu ! – sourit l’ancien directeur de l’agence de voyages. « Chaque personne vit la solitude différemment, ce n’est pas qu’une question de saison. Vous pouvez le sentir tout le temps, dit-elle. D’autres, comme les Villeno-Garennoises Clémentine et Aicha, se connaissaient déjà. « Je suis contente de rencontrer mon voisin, je ne me suis pas égarée », explique Aicha, pour qui c’était le premier voyage avec le CCAS.