Les 26 et 27 octobre 2022 au Centre Culturel Daloa
N.B : Ces résolutions ont été lues par Balou Bi Tibé
Réunis dans leur première réunion tenue à Daloa, les 26 et 27 octobre 2022, les producteurs membres de la plateforme SYNAPCI-ANAPROCI ont adopté les résolutions suivantes :
I/ Sur le thème du marketing national
Vendredi 30 septembre 2022, les prix agricoles du kilogramme de cacao et de café ont été fixés respectivement à 900 et 750 francs CFA pour la campagne 2022-2023.
Si dans les premiers instants, les producteurs se réjouissaient de la hausse de ces prix, par rapport à la campagne précédente, les informations du terrain sont les plus inquiétantes.
En effet, aujourd’hui, pour des raisons inconnues, on assiste à un ralentissement des achats de cacao et de café sur le domaine.
Selon certaines informations, les acheteurs pratiquent des prix inférieurs au prix officiel dans certaines zones de production.
Quant aux multinationales, elles préfèrent traiter avec les coopératives certifiées au détriment de celles qui n’en ont pas et des producteurs individuels.
Cependant, les mêmes produits rejetés faute de certification sont acceptés par les multinationales lorsqu’ils sont livrés par des coopératives certifiées ;
Cette situation cause un certain préjudice aux producteurs et les maintient dans une situation précaire, malgré leurs efforts ;
C’est pourquoi les producteurs membres de la plateforme SYNAPCI-ANAPROCI :
1- Exprimez votre grave préoccupation face à cette situation;
2- Inviter le Conseil Café-Cacao à se pencher avec diligence sur la question du ralentissement des achats de café et de cacao à la ferme, ainsi que toutes les basses manœuvres de certains acheteurs qui tendent à obliger les producteurs à leur vendre leur production en dessous du prix officiel le prix;
3- Inviter le Conseil Café-Cacao à renforcer les sanctions à l’encontre de tout opérateur qui pratique un prix d’achat différent du prix de sortie d’exploitation fixé par le gouvernement ;
4- Inviter tous les acheteurs et exportateurs à respecter strictement le prix à la ferme annoncé par le gouvernement ;
5- Inviter tous les acheteurs et exportateurs à acheter tout le cacao, soit aux coopératives avec ou sans certification soit même aux producteurs individuels ;
6- Se réserver le droit d’entreprendre toute action susceptible d’obliger les acheteurs à respecter le prix de sortie d’exploitation fixé par le gouvernement ;
II/ Sur la question de la répartition du fonds COVID
Plusieurs mois après le début des versements, les producteurs adhérents de la plateforme SYNAPCI-ANAPROCI soulignent que la grande majorité des coopératives ont reçu leurs fonds, cependant, certaines attendent toujours ;
C’est pourquoi les producteurs membres de la plateforme SYNAPCI-ANAPROCI :
1- Prend acte de la demande du Conseil du Café-Cacao adressée aux sociétés coopératives, dont les dossiers avaient été initialement validés mais non encore payés, de retransmettre leurs coordonnées bancaires aux différentes Délégations Autonomes ;
2- Une fois les coordonnées bancaires réarchivées, demander au Conseil du Café-Cacao de prendre toutes les mesures nécessaires pour les faire payer par le Trésor Public ;
3- Demander aux responsables de prendre toutes les dispositions nécessaires avec le Conseil Café-Cacao, afin de prendre en compte les producteurs individuels.
III/ Au sujet de la constitution de l’Organisation Interprofessionnelle de la filière café-cacao
Le 11 décembre 2011, le Président de la République SEM. Alassane
Ouattara, signé l’Ordonnance no. 2011-473 relative aux organisations interprofessionnelles agricoles ;
Cette ordonnance fixe, entre autres, les conditions de constitution et de fonctionnement de ces Organisations Interprofessionnelles Agricoles ;
Plus d’une décennie plus tard, les producteurs membres du SYNAPCI et de l’ANAPROCI soulignent que si le reste des filières agricoles se sont dotées de cette organisation, ce n’est pas le cas pour la leur ;
C’est pourquoi ils se sont réjouis de la bonne place de ce point dans les doléances présentées lors de la mémorable journée d’hommage au Chef de l’Etat le 4 juin à Yamoussoukro ;
Cependant, malgré les garanties données, le processus de mise en place de l’Organisation interprofessionnelle de la filière café-cacao n’a pas encore connu le début des prémices ;
Les producteurs membres du SYNAPCI et de l’ANAPROCI rappellent à toutes fins utiles qu’aux termes de l’ordonnance susvisée, la création de l’Organisation Interprofessionnelle Agricole est l’activité des principaux acteurs de chaque filière, à savoir les producteurs, les transformateurs et les exportateurs ;
C’est pourquoi les producteurs membres de la plateforme SYNAPCI-ANAPROCI :
1- Réitérer votre attachement à l’esprit et à la lettre de l’Ordonnance no. 2011473 relative aux Organisations Interprofessionnelles Agricoles ;
2- Mandater à ses dirigeants des actions auprès des principaux acteurs du secteur afin de mettre en place le cadre formel de concertation devant aboutir au démarrage effectif du processus de création de l’Organisation Interprofessionnelle.
3- Inviter les conseils techniques intéressés par la constitution des Organisations Interprofessionnelles Agricoles à adopter toutes les mesures d’accompagnement nécessaires à cet effet ;
4- Être particulièrement intéressé à mener à bien la mission ainsi confiée à ses dirigeants et dont le résultat leur donnera une place de choix dans la gestion de leur secteur.
Résolutions prises à Daloa le 27 octobre 2022
Plus de 15 000 producteurs mobilisés
Plus de 15 000 producteurs ont répondu, jeudi 27 octobre 2022, à Daloa, à l’appel du président du Syndicat national agricole pour le progrès de la Côte d’Ivoire (Synapci), Koné Moussa, et du président de l’Association nationale du café . -les producteurs de cacao de Côte d’Ivoire (Anaproci), Kanga Koffi qui ont souhaité leur parler des problématiques liées à leur filière.
Les deux partants ont alors appelé les producteurs à la vigilance. « Lorsque le gouvernement ivoirien a donné le prix du cacao à la ferme le 30 septembre, nous sommes restés silencieux. Parce qu’on attendait de voir la réalité sur le terrain. Mais aujourd’hui nous avons vu qu’il y a des acheteurs véreux qui refusent de respecter le prix donné par l’Etat de Côte d’Ivoire. Nous devons donc être très vigilants », a déclaré Koné Moussa.
Mais bien plus tôt, il a voulu lancer un avertissement sévère aux acheteurs corrompus. « Tout acheteur de produits qui ne respectera pas le prix du cacao sur le domaine fixé par le gouvernement sera traduit en justice. Et paiera le double de ce prix à Synapci et Anaproci », a-t-il martelé.
Koné Moussa a demandé l’appui des chefs de village pour localiser les acheteurs corrompus qui paieront les produits dans leurs différents villages.
Quant à Kanga Koffi, il a voulu être très clair dans ses propos. « Nous sommes ici ce matin pour recueillir vos inquiétudes. On nous demande de nous organiser pour l’interprofessionnalisme de notre secteur. C’est vrai qu’en matière de prix, il y a beaucoup de difficultés. Alors soyons vigilants comme l’a dit le président Koné Moussa. Il y a des acheteurs de produits qui ne sont pas réellement des producteurs mais qui utilisent notre nom. Ces acheteurs véreux veulent jouer avec nous en tant que producteurs. Il faut donc s’unir pour lutter contre ces acheteurs corrompus qui interpellent tout le monde. L’interprofessionnalisme nous intéresse. C’est à nous de nous organiser pour y parvenir. Si nous sommes devant vous ce matin, c’est pour recueillir vos préoccupations pour les transmettre à notre ministère de tutelle », a déclaré le chef d’Anaprocius.
Le directeur régional de l’agriculture, Esso Kouadio Maxime, a salué l’initiative des deux organisations de producteurs de café-cacao pour leur dévouement et leur sagesse. « Je salue, tout d’abord, votre mobilisation. Car je vois une forte mobilisation des producteurs. Par conséquent, je voudrais vous assurer qu’en tant que représentant du ministre de l’agriculture, Kobenan Adjoumani dans la région d’Alt-Sassandra, toutes vos réclamations seront envoyées au bon endroit. La vie n’est pas faite que de grèves. Quand il y a une situation, on s’assoit et on discute pour trouver une solution. Il n’y a pas de problème sans solution », a-t-il conseillé.