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Tour d’Italie en Hongrie : la stratégie de Viktor Orban passe par le sport

Tour d'Italie en Hongrie : la stratégie de Viktor Orban passe par le sport

Fraîchement réélu pour un quatrième mandat, le Premier ministre hongrois regardera fièrement le Giro depuis Budapest le vendredi 6 mai, l’un des principaux événements cyclistes de la saison. Allié de Vladimir Poutine, Viktor Orban s’est inspiré du président russe pour attirer les grands événements sportifs afin d’améliorer son image auprès de son peuple.

Le sport est comme un outil de puissance douce entre les mains du Premier ministre hongrois. Moins d’un an après avoir accueilli quatre matches à l’Euro 2019, la Hongrie signe une nouvelle première dans l’histoire magyare en attirant l’une des deux plus grandes courses cyclistes au monde. Avec le départ, vendredi 6 mai à Budapest, du Tour d’Italie, la Hongrie de Viktor Orban accumule une épreuve de plus dans le sport mondial.

C’est monnaie courante depuis le retour du nationaliste Viktor Orban à la tête du gouvernement en 2010, qui vient d’être conforté par une quatrième victoire écrasante aux législatives.

Fan de football et ancien joueur semi-professionnel, Viktor Orban n’a pas caché ses ambitions de revivre les années dorées de la « Grande Hongrie historique » avant la Première Guerre mondiale. De plus en plus, son gouvernement essaie d’utiliser le sport, en particulier le football, pour atteindre des objectifs politiques nationaux, mais aussi pour aider la Hongrie à retrouver une certaine influence dans la région.

Stratégie de Vladimir Poutine

Demi-finales et finale du Championnat d’Europe de handball masculin à la toute nouvelle Budapest Arena en janvier dernier, championnats du monde de natation en juin à la Duna Arena, puis championnats du monde d’athlétisme l’an prochain dans un nouveau stade en construction sur la rive est du Danube … La liste des compétitions organisées en Hongrie est longue.

L’année dernière, Budapest a également accueilli deux championnats du monde de judo, et avant cela en 2017, lorsque le président russe Vladimir Poutine était l’invité d’honneur d’Orban.

Depuis 2010, le Premier ministre hongrois a été proche de l’homme fort de Moscou, dont il a imité l’inflation dans l’organisation des compétitions, jusqu’au bannissement de la Russie du sport mondial après l’invasion de l’Ukraine.

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Cependant, contrairement à son voisin de l’est, la Hongrie n’a jamais accueilli de Coupe du monde de football ni de Jeux olympiques. La candidature de Budapest pour les Jeux olympiques de 2024 a été retirée quelques mois avant l’attribution en 2017.

La pétition « Noclean » du mouvement d’opposition Momentum, qui rassemble de jeunes militants, avait recueilli plus de 266.000 signatures, afin d’organiser un référendum contre la candidature de Budapest aux JO d’été de 2024.

Le président russe, de son côté, avait réussi à faire venir en Russie les deux événements sportifs emblématiques de la planète : les Jeux olympiques d’hiver de Sotchi en 2014 et la Coupe du monde 2018.

Mais rien pour arrêter Orban. En Hongrie, les infrastructures se multiplient malgré tout. Outre la récente piscine olympique (Duna Arena) et le futur stade d’athlétisme, la ville possède également la Budapest Sportarena, qui a accueilli l’an dernier le Final 4 de la Ligue des champions de handball, mais aussi la majestueuse Puskas Arena, inaugurée en 2019. et cela à lui seul a coûté près de 600 millions d’euros.

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Pour Orban, le sport est « un outil pour légitimer son autorité »

Malgré le camouflet infligé par [le parti centriste hongrois] Momentum à la droite nationaliste au pouvoir, le Premier ministre de 58 ans n’a pas dit adieu à son rêve d’JO. Ce dernier estime qu’avec un nombre croissant de stades à la pointe de la technologie, les chances de Budapest augmentent.

En una entrevista sobre los resultados de los Juegos de Tokio concedida en agosto al diario deportivo Nemzeti Sport, del que es habitual en las columnas, el primer ministro húngaro aseguró que « [era] cada año más evidente que Hungría [ era] digno de albergar les Jeux Olympiques ».

« La possibilité est révolue, pour le moment. Mais accueillir les Jeux olympiques est un rêve éternel pour les Hongrois. Un amour qui ne finit jamais », a déclaré le dirigeant autoritaire.

« Aujourd’hui, le sport est une arme politique », résume pour l’AFP Lukas Aubin, chercheur associé à l’Iris, spécialisé dans la géopolitique du sport et de la Russie. « Même s’il ne sert pas tant à améliorer son image à l’étranger, c’est un outil pour légitimer son autorité, pour justifier l’importance de son régime. »

En Russie, l’image du président ne s’est pas consolidée à l’étranger, mais un travail a été fait à l’intérieur », explique le chercheur, auteur du livre « La sportokratura sous Vladimir Poutine ».

Passionné de football, Viktor Orban a également utilisé son sport favori comme instrument d’affirmation nationale. La plupart des grands clubs sont dirigés par des proches du Premier ministre. « Pendant des années, les revenus générés par le football hongrois n’ont pas dépendu du marché, mais des relations politico-économiques », a déclaré le spécialiste Gabor Szabados à Slate. Chaque club essaie de trouver un propriétaire convenable. Ceux qui ont les meilleures relations politiques permettent à leur club de réussir financièrement. »

Mercredi, dans ce pays à faible tradition cycliste, une foule compacte s’est massée sur la place des Héros de Budapest pour assister à la présentation des équipes. Avec le Hongrois Attila Valter, qui est devenu l’an dernier le premier représentant de son pays à porter le maillot rose du Giro.

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